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Au sommet d’Oufa, les BRICS passent à l’acte

Au sommet d’Oufa, les BRICS passent à l’acte | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Au sommet d’Oufa,

les BRICS passent à l’acte

Par Christine Bierre

 

« Les BRICS sont les futurs dirigeants de l’économie mondiale » et la Chine en « reste la locomotive », a déclaré Vladimir Poutine, lors d’une conférence de presse à l’issue des sommets des BRICS et de l’Organisation de la coopération de Shanghai (OCS), tenus à Oufa en Russie du 8 au 10 juillet.

 

Compte tenu de la crise interminable, et peut-être finale, dans laquelle s’est engagée l’Union européenne en voulant faire de la Grèce la victime expiatoire d’une crise qui est en réalité celle de toute l’Europe, et de la zone transatlantique, plombées par la faillite du système en 2008, les progrès accomplis à Oufa par les BRICS, l’OCS et l’Union économique eurasiatique (UEEA) qui les a rejoints, représentent aujourd’hui le seul espoir d’une sortie de crise et d’un retour à des politiques de croissance permettant d’assurer un avenir à notre planète.

 

N’en déplaise aux Occidentaux, dont les médias ont, pour la plupart, boycotté la couverture de ces sommets, les BRICS ont annoncé le lancement, en un temps record, de leur Nouvelle banque de développement (NDB) (100 mds de dollars) ainsi que d’un fonds commun de réserve de change (100 mds), deux initiatives adoptées lors du dernier Sommet des BRICS il y a tout juste un an, à Fortaleza, au Brésil.

 

La NDB pourra commencer à prêter dès avril 2016 ! Elle pourrait notamment participer au financement de la construction de la ligne à grande vitesse Moscou-Kazan, selon le ministre russe des Finances Anton Silouanov, président du Conseil d’administration de la NDB. « Nous sommes en train d’étudier cette question », a précisé le ministre avant d’ajouter que la Russie proposera également ce projet à la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (BAII).

 

À cela s’ajoute la perspective adoptée par les BRICS d’accroître leurs échanges, non pas en dollar, mais en devises des pays membres, en particulier en yuans et en roubles.

 

Mais pour Sylvie Kauffman, du quotidien Le Monde (qui avait refusé en 2012 de couvrir la candidature présidentielle de Jacques Cheminade), le sommet des BRICS est un non-évènement et le « Congrès d’Oufa n’aura pas lieu » !

 

 

Triple union : BRICS, OCS, UEEA

 

Oufa fut également le lieu de rassemblement non seulement des BRICS et de l’OCS, mais aussi de l’Union économique eurasiatique (UEEA), organisation fondée en janvier 2015 par la Russie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizistan et l’Arménie.

 

Pour ceux qui comptaient encore pouvoir manipuler la Russie contre la Chine, la Chine contre l’Inde, etc., ils en seront pour leurs frais. L’intégration entre BRICS, OCS et UEEA engendrera non seulement un nouvel ordre économique mondial, mais accroîtra les retombées bénéfiques pour les peuples d’Eurasie.

 

Ce fut le thème répété à l’unisson par les trois dirigeants.

Nous sommes prêts à travailler très étroitement pour coordonner et nouer des liens entre les deux projets d’intégration – UEEA et Ceinture économique de la route de la soie, a déclaré Vladimir Poutine. Nous y voyons la grande promesse de construire un système commun de transports pour l’OCS, utilisant notamment le potentiel de transport offert par le Transsibérien et le Baïkal-Amour en Russie.

 

« La Chine est prête à renforcer sa coopération avec tous les pays pour réaliser des projets prioritaires », a dit Xi-Jinping, annonçant son intention d’« organiser le soutien financier pour réaliser des études de faisabilité et de design et participer à des investissements conjoints. » Pour lui :

 

Il est important d’établir un scénario de coopération pour la région, qui inclura, dans les prochaines années, la construction de 4 000 kms de voies ferrées et de plus de 10 000 kms d’autoroutes. La Chine s’engage à créer au plus vite une banque de l’OCS pour aider à financer la production dans la région, et elle est prête à utiliser son fonds de la Route de la soie dans ce but.

 

Évoquant dans un entretien au quotidien indien The Hindu, le « puissant sursaut économique (...) qui résultera de l’association entre ressources matérielles, capital humain et énormes marchés à la consommation » de ces trois régions du monde, Vladimir Poutine a précisé aussitôt : « Pour nous, il ne s’agit pas d’un échiquier ou de jeux géopolitiques » ; l’espace eurasiatique est « notre maison et nous voulons que la paix et la prospérité règnent chez nous, pour qu’il n’y ait aucune place pour l’extrémisme ou des tentatives pour certains de chercher leur propre intérêt au détriment des autres ».

 

 

Rapprocher les frères ennemis indo-pakistanais

 

Autre flanc consolidé au cours de ces sommets, l’Inde et le Pakistan : les deux frères ennemis ont tous deux fait leur entrée à l’OCS. Associés à la Russie et à la Chine, voilà une combinaison qui bloquera les Games of Thrones chers aux Anglo-américains dans cette région.

 

Les deux chefs d’État, Narendra Modi et Nawaz Sharif, se sont rencontrés en marge du sommet de l’OCS à Oufa et ont convenu d’une visite de M. Modi au Pakistan, lors du Sommet des pays de l’Asie du Sud l’année prochaine. Autre invité de marque aux sommets, l’Iran, qui a posé sa candidature pour rejoindre l’OCS.

 

Rappelons le rôle important de cette organisation dans la lutte contre le terrorisme, l’extrémisme et le trafic de drogue, véritables plaies endémiques dans cette partie du monde. La Structure antiterroriste régionale de l’OCS (SATR) pourra mieux fonctionner avec la présence de l’Inde et du Pakistan. D’autant que l’Afghanistan était aussi parmi les invités. Son président Ashraf Ghani a participé à la réunion en Russie, tournant définitivement la page des années sombres de l’invasion soviétique.

 

L’entrée de l’Inde et du Pakistan à l’OCS, composée jusqu’à présent de six États, Chine, Russie, Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan et Ouzbékistan, a vite fait naître la rumeur qu’un nouveau G8 s’était constitué...

 

Après Oufa, M. Modi a continué son périple au Turkménistan où il a promu le corridor de transport Nord-Sud passant par l’Iran.

Si nous utilisons la route iranienne, Achgabat (Turkménistan) sera la première capitale desservie en Asie centrale. Avec le chemin de fer Kazakhstan-Turkménistan-Iran et l’investissement proposé par l’Inde dans le port iranien de Chabahar, ces initiatives renforceront les relations économiques entre les deux pays.

 

Au cours de sa rencontre avec le président turkmène Gurbanguly Berdymuhamedov, M. Modi a appelé à la construction rapide du pipeline Turkménistan-Afghanistan-Pakistan-Inde, devant acheminer 33 milliards de m3 de gaz naturel par an depuis le Turkménistan vers l’Asie du Sud, dont 41 millions de m3 par jour en Inde. Ce gazoduc sera le deuxième au monde en largeur.

 

 

Entrer dans l’âge industriel

 

Infrastructures, recherche de pointe, hautes technologies étaient aussi au menu d’Oufa. Lors du Business Council des BRICS, le dirigeant des chemins de fer russes et proche collaborateur de Poutine, Vladimir Iakounine, a précisé :

 

La question n’est pas juste de construire des infrastructures – chemins de fer, routes et infrastructure énergétique –, mais de créer des plateformes économiques étendues, avec la participation d’institutions financières et manufacturières internationales.

 

Le vice-premier ministre russe Dmitri Rogozine a annoncé le 6 juillet que la Russie et la Chine s’apprêtent à renforcer leur coopération spatiale. Suite aux tensions avec les États-Unis, les Russes ont en effet réorienté leur collaboration vers la Chine pour en faire leur principal partenaire. Celle-ci s’équipera désormais en moteurs-fusées RD 180 russes pour son programme lunaire, en échange de quoi elle livrera de l’électronique de pointe aux Russes, moins chère que celle achetée aux États-Unis.

 

Le Sommet de la jeunesse des BRICS fut aussi un point fort de ces journées. Un mémorandum a été signé en vue de construire une station spatiale pour explorer l’espace lointain et faire des programmes spatiaux habités le symbole des valeurs que les BRICS veulent imprimer au nouvel ordre économique qu’ils construisent.

À Oufa, en effet, l’air était bien plus respirable qu’en Europe où un nouveau Traité de Versailles a été imposé à la Grèce.

 

Battons-nous pour rejoindre au plus vite la dynamique des BRICS.

 

 

 

Par Christine Bierre - solidariteetprogres.org – le 16 juillet 2015.

 

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La vérité émerge : comment les États-Unis ont alimenté la montée d’Isis en Syrie et en Irak

La vérité émerge : comment les États-Unis ont alimenté la montée d’Isis en Syrie et en Irak | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


La vérité émerge : comment les États-Unis ont alimenté la montée d’Isis en Syrie et en Irak

 

La guerre contre le terrorisme, cette campagne sans fin lancée il y a 14 ans par George Bush, est prise de contorsions de plus en plus grotesques. Lundi, le procès à Londres d’un Suédois, Bherlin Gildo, accusé de terrorisme en Syrie, s’est effondré lorsqu’il est devenu clair que les services de renseignement britanniques avaient armé les mêmes groupes rebelles que le défendeur était accusé d’appuyer.

 

L’accusation a abandonné l’affaire, apparemment pour éviter d’embarrasser les services de renseignement. La défense a fait valoir que poursuivre le procès aurait été un « affront à la justice » alors qu’il y avait beaucoup de preuves que l’État britannique avait lui-même fourni « un soutien massif » à l’opposition armée syrienne.

 

Cela ne concernait pas uniquement l’« aide non létale » vantée par le gouvernement (y compris des gilets pare-balles et des véhicules militaires), mais la formation, le soutien logistique et l’approvisionnement secret d’« armes à très grande échelle ». Selon des rapports cités, le MI6 avait coopéré avec la CIA sur un « réseau d’approvisionnement » d’armes provenant des stocks libyens aux rebelles syriens en 2012 après la chute du régime de Kadhafi.

 

De toute évidence, l’absurdité d’envoyer quelqu’un en prison pour faire ce que les ministres et leurs agents de sécurité étaient eux-mêmes en train de faire était de trop. Mais il ne s’agit que du dernier cas d’une longue série. Moins chanceux fut un chauffeur de taxi à Londres, Anis Sardar, qui a été condamné il y a deux semaines à une peine de prison à perpétuité pour avoir participé en 2007 à la résistance à l’occupation de l’Irak par les forces américaines et britanniques. L’opposition armée à une invasion et une occupation illégale ne constitue manifestement pas du terrorisme ou un assassinat selon la plupart des définitions données, y compris par la Convention de Genève.

 

Mais le terrorisme est désormais carrément dans l’œil du spectateur. Et nulle part cela n’est aussi vrai qu’au Moyen-Orient, où les terroristes d’aujourd’hui sont les combattants contre la tyrannie de demain — et les alliés des ennemis — souvent au gré ahurissant d’une conférence téléphonique d’un dirigeant occidental.

 

Pour l’année écoulée, les États-Unis, la Grande-Bretagne et d’autres forces occidentales sont retournés en Irak, soi-disant pour détruire le groupe hyper sectaire terroriste de l’État islamique (anciennement connu sous le nom d’al-Qaïda en Irak). Ce fut après qu’Isis eut envahi d’énormes pans du territoire irakien et syrien et proclamé un soi-disant califat islamique.

 

La campagne ne se déroule pas très bien. Le mois dernier, Isis a pris la ville irakienne de Ramadi, tandis que de l’autre côté de la frontière maintenant inexistante, ses forces ont conquis la ville syrienne de Palmyre. La franchise officielle d’Al-Qaida, le Front Nusra, a également progressé en Syrie.

 

Certains Irakiens se plaignent que les États-Unis sont restés les bras croisés pendant ces événements. Les Américains insistent qu’ils essaient d’éviter les pertes civiles et revendiquent des succès significatifs. En privé, les responsables disent qu’ils ne veulent pas être vus en train de bombarder des bastions sunnites dans une guerre sectaire et courir le risque de bouleverser leurs alliés sunnites du Golfe.

 

Une lumière révélatrice sur la façon dont nous en sommes arrivés là a surgi d’un rapport secret du renseignement américain récemment déclassifié, écrit en août 2012, qui prédisait étrangement — et même louait — la perspective d’une « principauté salafiste » dans l’est de la Syrie et d’un État islamique contrôlé par al-Qaida en Syrie et en Irak.

 

En contraste évident avec les affirmations de l’occident à l’époque, le document du Defense Intelligence Agency identifie al-Qaïda en Irak (devenu Isis) et autres salafistes comme les « principaux moteurs de l’insurrection en Syrie » — et déclare que « les pays occidentaux, les États du Golfe et la Turquie » soutenaient les efforts de l’opposition pour conquérir l’est de la Syrie.

 

Tout en évoquant la « possibilité d’établir une principauté salafiste déclarée ou non », le rapport du Pentagone poursuit, « ce qui est exactement ce que les puissances qui soutiennent l’opposition veulent, afin d’isoler le régime syrien, qui est considéré comme la clé stratégique de l’expansion chiite (lrak et Iran) ».

 

Et c’est bien ce qui est arrivé deux ans plus tard. Le rapport ne constitue pas un document de politique. Il est fortement expurgé et il y a des ambiguïtés dans les termes. Mais les implications sont assez claires. Un an après la rébellion syrienne, les États-Unis et ses alliés ont non seulement soutenu et armé une opposition qu’ils savaient être dominée par des groupes sectaires extrémistes ; ils étaient même prêts à approuver la création d’une sorte d’« État islamique » — en dépit du « grave danger » posée à l’unité de l’Irak — comme un tampon sunnite destiné à affaiblir la Syrie.

 

Cela ne signifie pas que les États-Unis ont créé Isis, bien sûr, même si certains de leurs alliés du Golfe ont certainement joué un rôle — ce que le vice-président américain, Joe Biden, a reconnu l’année dernière. Mais il n’y avait pas d’Al-Qaïda en Irak jusqu’à ce que les États-Unis et la Grande-Bretagne envahissent le pays. Et les États-Unis ont certainement exploité l’existence d’Isis contre d’autres forces dans la région dans le cadre d’un effort plus vaste pour maintenir le contrôle occidental.

 

Les calculs ont changé quand Isis a commencé à décapiter les Occidentaux et publié des atrocités en ligne, et les pays du Golfe soutiennent maintenant d’autres groupes dans la guerre syrienne, comme le Front Nusra. Mais cette habitude occidentale et étasunienne de jouer avec des groupes djihadistes, qui reviennent ensuite pour les mordre, remonte au moins à la guerre de 1980 contre l’Union soviétique en Afghanistan, qui a favorisé l’émergence de l’al-Qaida original sous la tutelle de la CIA.

 

Les calculs ont été ajustés pendant l’occupation de l’Irak, où les forces américaines dirigées par le général Petraeus ont parrainé une sale guerre d’escadrons de la mort à la Salvadorienne (*) pour affaiblir la résistance irakienne. Et ils ont été réajustés en 2011 lors de la guerre de l’OTAN contre la Libye, où la semaine dernière Isis a pris le contrôle de Syrte, la ville natale de Kadhafi.

 

En réalité, la politique américaine et occidentale dans cette poudrière qu’est devenu le Moyen-Orient est dans la lignée classique du « diviser pour régner » impérial. Les forces américaines bombardent un groupe de rebelles tout en soutenant un autre en Syrie, et montent des opérations militaires conjointes avec l’Iran contre Isis en Irak tout en soutenant la campagne militaire de l’Arabie saoudite contre les forces Houthi soutenues par l’Iran au Yémen. Aussi confuse que puisse paraître la politique des États-Unis, un Irak et une Syrie affaiblis et divisés leur conviennent parfaitement.

 

Ce qui est clair, c’est qu’Isis et ses monstruosités ne seront pas défaites par les mêmes puissances qui l’ont emmené en premier lieu en Irak et en Syrie, et dont les guerres ouvertes et clandestines ont favorisé son développement. Les interventions militaires occidentales sans fin au Moyen-Orient n’ont apporté que destructions et divisions. Ce sont les peuples de la région qui peuvent guérir cette maladie — pas ceux qui ont incubé le virus.

 

 

 

Par Seumas Milne (The Guardian) - traduit par LGS - fr.sott.net – le 12 juin 2015

 

 

(*) Notes du traducteur

 

Du Salvador à l’Irak : l’homme de Washington derrière les escadrons de la mort (The Guardian) voir http://www.legrandsoir.info/du-salvador-a-l-irak-l-homme-de-washington...

 

« Les escadrons de la mort » : du Salvador à l’Afghanistan via l’Irak http://www.legrandsoir.info/les-escadrons-de-la-mort-du-salvador-a-l-a...

 

Terrorisme à « visage humain » : L’histoire des escadrons de la mort des États-Unis http://www.legrandsoir.info/terrorisme-a-visage-humain-l-histoire-des-...

 

Irak : les nouveaux escadrons de la mort (The Nation) http://www.legrandsoir.info/Irak-les-nouveaux-escadrons-de-la-mort-The...

 

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Pourquoi les États-Unis tentent-ils de remplacer le gouvernement Assad par al-Qaïda en Syrie ?

Pourquoi les États-Unis tentent-ils de remplacer le gouvernement Assad par al-Qaïda en Syrie ? | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Paul Larudee — freepalestinemovement.org


 

 

Pourquoi les États-Unis tentent-ils de remplacer le gouvernement Assad par al-Qaïda en Syrie ?

 Par Paul Larudee (*)


« Dans le cas de la Syrie, notre opposition au gouvernement Assad est tellement obstinée que nous serions apparemment prêts à défaire un gouvernement qui n’est pas notre ennemi afin de le remplacer par un autre qui l’est. »

 

Il y a un mois, la ville d’Idlib tombait aux mains des combattants de l’opposition, principalement al-Qaïda, ses affiliés et ses alliés. Ce fut un sale coup pour l’armée syrienne. Samedi dernier, la ville voisine de Jisr al-Shughour fut également conquise, majoritairement par les mêmes groupes de combattants.

 

Pour lutter contre le gouvernement syrien et son armée nous retrouvons un mélange de mercenaires syriens et étrangers provenant de dizaines de pays différents. Ils sont fournis, formés, armés et payés par l’Arabie saoudite, les monarchies du Golfe, Israël, la Turquie, l’OTAN, et bien sûr les États-Unis. Leurs armes sont de plus en plus sophistiquées, et il semble que les missiles filoguidés TOW fournis par l’Arabie saoudite (et indirectement par les États-Unis) aient fait une grande différence dans les batailles pour Idlib et de Jisr al-Shughour.

 

Le gouvernement syrien est soutenu principalement par la Russie et l’Iran, plus quelques milliers de combattants du Hezbollah au Liban. Il est également soutenu par une majorité importante de la population syrienne comme le montrent des estimations des services de renseignement étrangers ainsi qu’une élection multipartite en 2014, avec une participation étonnante, même de la part des Syriens expatriés.

 

L’OTAN, les États-Unis et l’opposition syrienne laïque relativement marginalisée disent qu’ils veulent remplacer le gouvernement syrien actuel par un autre qui soit laïque, démocratique, respectueux des droits de l’homme, et qui représente tout le peuple syrien.

 

Vraiment ? Les États-Unis ont sapé et renversé des gouvernements démocratiques en Iran (1953), au Guatemala (1954), au Brésil (1964), au Congo (1965), au Chili (1973), en Turquie (1980), au Nicaragua (1981-1990), en Haïti (2004) et dans les territoires palestiniens occupés (2007), et ils essaient de faire la même chose au Venezuela. Pourquoi ? Parce que le choix démocratique du peuple n’a pas abouti à un gouvernement conforme, inféodé à l’Ouest et aux sociétés multinationales. Car c’est là le véritable programme des États-Unis et de l’OTAN.

 

Il est également difficile d’imaginer que l’Arabie saoudite, les monarchies du Golfe, Israël et la Turquie se soucient de la démocratie et des droits humains. Ils sont davantage intéressés à faire progresser leurs objectifs régionaux et la suppression des rivaux potentiels, principalement et de manière obsessionnelle l’allié de la Syrie, l’Iran.

 

Les États-Unis et Israël ont provoqué la destruction et le changement de régime dans au moins sept pays du Moyen-Orient depuis deux décennies, voire plus. La politique d’Israël depuis sa création a été de garder ses voisins faibles, divisés et dans un état de guerre permanent.

 

 

Sois prudent et attentif à ce que tu souhaites

 

Un changement de régime entraine toutes sortes de conséquences imprévues. De la fin des années 1970 jusqu’au début des années 1990, les combattants de la résistance islamique, y compris Oussama Ben Laden, soutenus par les Américains ont lutté contre un gouvernement laïc en Afghanistan pour finalement le voir remplacé par le régime répressif des talibans.

 

Ce soutien a contribué à créer al-Qaïda, qui se répand au Yémen, en Afrique de l’Est et d’autres endroits. S’en sont suivies des attaques majeures contre des installations américaines au Yémen, au Kenya et deux fois contre le World Trade Center à New York. Ensuite les États-Unis ont envahi l’Afghanistan en 2002. C’est devenu un bourbier et potentiellement la plus longue guerre de l’histoire américaine, au prix de mille milliards de dollars, d’une infrastructure et d’une économie nationale en ruine, et des milliers des vies américaines en sus. Cette guerre n’est pas encore terminée et les avantages supposés pour États-Unis sont difficiles à établir. En fait, suite à cela, les États-Unis sont probablement encore moins en sécurité qu’avant et nous n’avons parlé que de l’Afghanistan.

 

Si l’on ajoute les interventions américaines en Irak, en Libye, au Yémen et en Syrie les coûts montent à plusieurs milliers de milliards de dollars et plusieurs milliers de vies américaines, un détail à côté de plus d’un million de morts parmi les populations locales. Lors de toutes ces interventions, nous avons laissé derrière nous des États paralysés et en déliquescence, avec al-Qaïda et ses successeurs (Daesh, alias ISIS, alias le mouvement takfiri) pour combler le vide.

 

Dans le cas de la Syrie, notre opposition au gouvernement Assad est si obstinée que nous sommes apparemment prêts à défaire un gouvernement qui n’est pas notre ennemi afin de le remplacer par un autre qui l’est.

 

Les mercenaires payés issus de l’opposition modérée sont tous alliés à al-Qaïda et combattent sous sa direction. Al-Qaïda et Daesh contrôlent la plupart des territoires détenus par l’opposition syrienne et assument la plupart des combats. Nos alliés, la Turquie, l’Arabie saoudite et le Qatar, avec le soutien plus discret des monarchies du Golfe et d’Israël, fournissent à peu près toutes les armes et l’argent. Ils organisent le recrutement des mouvements les plus fanatiques sous une bannière islamique, qui promet de semer la mort, la misère, l’intolérance et l’oppression dans les territoires qu’ils contrôlent. A leur charge également d’assurer le nettoyage ethnique des populations qu’ils considèrent comme hérétiques, musulmanes et non musulmanes, indifféremment.

 

 

Pourquoi voudrions-nous qu’ils prennent le contrôle de la Syrie ?

 

Malheureusement, la décision US n’a rien à voir, semble-t-il, avec le bon sens.

L’Arabie saoudite et Israël estiment qu’al-Qaïda et Daesh sont de meilleures options qu’un gouvernement allié avec l’Iran. Ils ne voient aucune objection à la conquête de la Syrie par des terroristes.

 

Ils ont chacun des amis puissants aux États-Unis, y compris les faucons guerriers au Congrès comme les sénateurs John McCain, Lindsay Graham et Ted Cruz, ainsi que la candidate à la présidentielle Hillary Clinton.

 

Ils ont le soutien du vaste complexe militaro-industriel, le plus grand de la planète, des néo-conservateurs au sein de la presse, parmi les conseillers, les responsables gouvernementaux et les membres du Congrès, ainsi que du lobby israélien.

 

Ces groupes paralysent la politique américaine et placent les intérêts d’une infime fraction d’entreprises américaines et de particuliers fortunés – sans parler de gouvernements étrangers comme l’Arabie saoudite et Israël – au-dessus des intérêts du reste du pays. Soit ils n’ont pas appris des nombreuses erreurs passées ou alors ça leur convient, ils en tirent des fortunes et veulent continuer.

 

Seuls les efforts de gens doués d’une conscience, avec l’appui d’intérêts économiques qui ne se bâtissent pas sur la destruction, la mort et le chaos, sont susceptibles de mettre un terme à cette corruption rampante.

 

Les Présidents George Washington et Dwight Eisenhower nous ont tous les deux mis en garde face aux conséquences lorsqu’on permet à des puissances étrangères et à des intérêts particuliers de devenir trop puissants. Il n’est pas garanti que cette nation arrivera à rassembler de quoi inverser la relation de dépendance entre la montée des groupes terroristes comme al-Qaida et Daesh et les intérêts américains qui tirent profit de l’assassinat de masse qui est leur objectif.

 

 

 

 

Par Paul Larudee (*) (veteransnewsnow) — traduit par Evanis, relu par jj pour la Saker Francophone – le 26 mai 2015.

 

(*) Paul Larudee cofondateur de Syria Solidarity Mouvement (Mouvement Solidarité Syrie)

 

En savoir plus : Ils sont le monde, pas nous, les autres.

 

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Des milliers de Frères Kouachi ravagent le Nord syrien avec l’aide de l’Occident

Des milliers de Frères Kouachi  ravagent le Nord syrien avec l’aide  de l’Occident | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : le cheikh saoudien Abdallah al Mouhaysni et l’émir Al Muslim le Tchétchène, 2 des commandants de la bataille de Jisr al Choughour

 

 

 

Des milliers de Frères Kouachi  ravagent le

Nord syrien avec l’aide  de l’Occident

Par Bahar Kimyongür(*)

 

Plus personne ne met en doute le soutien apporté par les USA au terrorisme djihadiste en Afghanistan du temps de l’URSS et à l’un de ses chefs, le Saoudien Oussama Ben Laden. Cette vérité fait partie de ces généralités que Monsieur tout le monde sort volontiers dans une discussion de comptoir ou au coin du feu sans que cela ne choque. Aujourd’hui, la collaboration machiavélique entre les barbares de Washington, leurs alliés « sunnites » du Conseil de coopération du Golfe, Ankara et Al Qaeda est accueillie avec le même flegme. Mais attention au retour de flamme. Car la Syrie n’est qu’à mi-chemin entre Paris et Kaboul.

 

Un « tout petit carnage » à Charlie Hebdo de 12 morts, tout petit comparé aux dizaines de milliers d’Arabes victimes du terrorisme et de la guerre au Moyen-Orient, et le président Hollande déclarait la France « touchée dans son cœur ».

 

Depuis 4 ans, le cœur des Syriens est chaque jour criblé de balles, des mêmes balles que celles qui ont décimé la rédaction de Charlie Hebdo. Rien que ces dernières semaines, des centaines de soldats et de civils syriens ont été massacrés à Alep et Idlib au Nord, à Hama au centre et à Deraa au Sud. Depuis un mois, le cœur des Yéménites saigne aussi. Ce pays du bout de la Péninsule arabique est pris en étau entre une « coalition sunnite » aérienne conduite par l’Arabie saoudite et une « coalition sunnite » au sol conduite par Al Qaeda.

 

Les auteurs du carnage de Paris, les frères Kouachi, se revendiquaient précisément d’Al Qaeda au Yémen, cette organisation terroriste appuyée par le Conseil de Coopération du Golfe (CCG) lui-même allié de l’OTAN contre les forces patriotiques yéménites.

 

Au même moment, une autre « coalition sunnite » conduite par le Front al Nosra, branche syrienne d’Al Qaeda lançait une offensive sans précédent dans le Nord syrien depuis le territoire turc.

 

En moins d’un mois, cette coalition qui se fait nommer « l’Armée de la Conquête » (Jaysh al Fath) s’est emparée de deux villes stratégiques situées à quelques kilomètres seulement de la Turquie : Idlib et Jisr al Choughour.

 

Des milliers de Frères Kouachi ont ainsi déferlé depuis la province d’Antioche en territoire turc sur la province d’Idlib armés de missiles anti-tanks américains TOW et de MANPAD antiaérien américains.

 

Rien ne semble pouvoir arrêter cette armada terroriste qui ravage tout sur son passage à coup d’attaques kamikazes de masse.

 

Seule la noria d’ambulances turques évacuant les combattants terroristes vers les hôpitaux de la ville turque d’Antakya semble témoigner du degré d’implication d’Erdogan dans les batailles faisant rage à Idlib.

 

Mais il y a aussi des indices clairs d’une implication US directe tant du point de vue de la logistique que de la stratégie. L’invasion du nord de la Syrie par le Front al Nosra depuis la Turquie survient en effet au moment du lancement par Washington et Ankara d’un programme d’entrainement sur mesure pour les « rebelles syriens modérés » (« modérés » par rapport à Daech, c’est dire...) dans les casernes de la gendarmerie turque.

 

Ce programme appelé en turc » Egit-Donat » (Formation et Équipement) a suscité la colère de la population d’Antioche qui a manifesté ce samedi en arborant des drapeaux syriens et des portraits d’Assad.

 

Les experts en stratégie militaire sont unanimes sur un point : « l’Armée de la Conquête » pro Al Qaeda doit son succès dans le Nord syrien à la réconciliation entre le sultan turc Erdogan, le Roi saoudien Salmane et l’émir qatari Tamir. Cet aveu révèle les liens profonds qui existent entre l’organisation de Ben Laden et les alliés « sunnites » de l’Occident. (**)

 

Il banalise l’idée que l’organisation barbare qui a abattu les tours jumelles à New York en 2001, ensanglanté Madrid en 2004, Londres en 2005 et Paris en 2015 est l’allié de l’Occident contre tous les États et entités non alignés du Moyen-Orient : la Syrie, l’Iran, le Yémen et le Hezbollah.

 

Un simple rappel à toutes les belles âmes qui considèrent Al Qaeda comme un moindre mal en Syrie : les terroristes qui occupent aujourd’hui Jisr al Choughour se sont livrés à des exécutions publiques et autres scènes d’horreur dans toute la campagne de la province d’Idlib.

 

Ces mêmes terroristes ont envahi la côte syrienne le 4 août 2013, massacrant et prenant en otage des centaines de villageois alaouites de la province de Lattaquié. L’ONG HRW a publié un rapport accablant à ce sujet intitulé : « On peut encore voir leur sang ».

 

Au printemps 2014, ils ont occupé et pillé le village arménien de Kessab dans la province de Lattakieh avant d’être repoussés par l’armée syrienne et les Forces de défense nationale (NDF).

 

Il y a quelques jours, le village d’Ichtibraq dans la province d’Idlib a subi un raid terroriste. Les survivants de ce village aujourd’hui désert évoquent le massacre d’une trentaine de civils, vieillards et enfants inclus, par le Front al Nosra (Al Qaeda en Syrie). Le crime des suppliciés ? Simplement être des alaouites, des « mécréants noussayris » selon la rhétorique de leurs bourreaux. Bienvenue dans la Syrie « libérée » par Al Qaeda !

 

 

 

Par Bahar Kimyongür(*) - Investig’Action – le 28 avril 2015

  

(*) Bahar Kimyongür, né le 28 avril 1974 à Berchem-Sainte-Agathe, est un militant politique belge issu d’une famille arabe alaouite originaire de Turquie mais aux racines syriennes (source Wikipédia).


(**) Le mot « sunnite » est placé entre guillemets pour 2 raisons :

1. Tous les États sunnites ne se sentent pas forcément représentés par la coalition saoudienne. L’Algérie sunnite et le Sultanat d’Oman, membre du CCG, n’en font pas partie de la coalition anti-Yémen.

2. Les cibles visées par les différentes coalitions pro-Saoud sont elles aussi sunnites : l’armée syrienne est majoritairement composée de soldats sunnites et la rébellion houthie au Yémen est elle aussi alliée à plusieurs tribus sunnites.

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Ukraine-Russie : quand l’Empire tombe le masque

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Ukraine-Russie : quand l’Empire tombe le masque

 

(de la bataille contre le Système, épisode VIII)

 

Il y a des moments comme cela où la vérité surgit soudain et vient brièvement parasiter l’écran de fumée de la vertueuse narrative propagée par les médias Système. L’effet est toujours saisissant, jubilatoire même. Le 3 février dernier, le directeur de la fameuse agence privée de renseignement Stratfor, George Friedman, nous a donc offert l’un de ces moments devant le Council on Foreign Relations de Chicago. Évoquant sans complexe la stratégie de domination globale de l’Empire US, il a parlé de l’opération menée actuellement par les États-Unis pour fracturer l’Eurasie et empêcher ainsi la constitution d’un bloc concurrent euroasiatique, détaillant à cet égard le rôle-clé des USA dans la déstabilisation de l’Ukraine. Il a aussi stigmatisé cette Europe « qui n’existe pas » où seule l’Allemagne compte, bref, toutes ces sortes de choses qui n’ont rien à voir avec la bouillie pour les chats que vous sert la presse-Système subventionnée au quotidien. Moment rare donc, riche d’enseignements, où tout est dit de l’ivresse de puissance d’un Empire froid comme l’acier, sans âme et donc sans état d’âme.

 

 

La « CIA de l’ombre »

 

L’officine que dirige George Friedman est surnommée outre-Atlantique la « CIA de l’ombre », et conseille d’ailleurs comme il se doit l’administration américaine. George Friedman est donc pratiquement un « officiel » de Washington, moins les élans partisans ou les prudences électorales. Pour Friedman, les USA sont donc bel et bien un Empire dont le seul défaut est de ne pas encore oser s’assumer totalement comme tel.

 

Il avait déjà fait sensation en décembre 2014 (pas dans Libé ou Le Monde ne cherchez pas) lorsqu’il avait déclaré au quotidien russe Kommersant (1) que la pseudo révolution de Maïdan à Kiev avait bien été « le coup [d’État] le plus flagrant de l’histoire », confirmant d’ailleurs ce que nous disons depuis le début de l’affaire (2).

 

Si tout ce que Monsieur Friedman dit n’est pas nécessairement juste, son analyse représente toutefois ce qui se rapproche le plus aujourd’hui de la « vérité de la situation » au cœur de l’Empire.

 

 

Voici la transcription du discours (3).

 

 

De l’Europe qui n’existe pas, à l’Ukraine

 

« Aucun pays ne peut rester éternellement on paix, surtout les USA. Je veux dire que les USA sont constamment concernés par les guerres. À mon avis, l’Europe ne sera plus impliquée dans de grandes guerres comme avant, mais l’Europe subira le même sort que les autres pays : ils auront leur guerre, puis leur période de paix, et ils y laisseront des vies. Il n’y aura pas des centaines de millions de morts, mais l’idée d’une exclusivité européenne à mon avis... l’amènera à des guerres. Il y aura des conflits en Europe. Il y a déjà eu des conflits, en Yougoslavie et maintenant en Ukraine. 
» Quant aux relations entre l’Europe et les États-Unis, nous n’avons pas de relation avec l’Europe. Nous avons des relations avec la Roumanie, nous avons des relations avec la France, etc., il n’y a pas d’Europe, avec qui les USA auraient des relations. (…)
» [L’extrémisme islamique] est un problème pour les États-Unis, mais ce n’est pas une menace pour notre survie. Il doit être traité, mais il doit être traité de manière proportionnelle. Nous avons d’autres intérêts de politique étrangère.

 

 

La menace russo-allemande

 

« Donc l’intérêt primordial des États-Unis, pour lequel nous avons fait des guerres pendant des siècles, lors de la première, la deuxième et la Guerre Froide, a été la relation entre l’Allemagne et la Russie par ce qu’unis, ils représentent la seule force qui pourrait nous menacer, et nous devons nous assurer que cela n’arrive pas.

 

Que faites-vous si vous êtes un Ukrainien ? Il est essentiel d’établir le dialogue avec le seul pays qui vous aidera, et ce pays ce sont les États-Unis.

 

 

L’armée ukrainienne, « notre armée »

 

« La semaine dernière, il y a une dizaine de jours, le général Hodges, commandant de l’armée américaine en Europe, s’est rendu en Ukraine pour y annoncer que les formateurs américains viendraient désormais officiellement, et non plus officieusement. Il a remis des médailles aux combattants ukrainiens, ce qui est contraire au règlement de l’armée qui ne permet pas de décorer des étrangers, mais il a fait. Ce faisant, il a montré que c’était son armée.

 

Ensuite, il est parti pour aller annoncer aux Pays Baltes que les États-Unis allaient disposer de blindés, de l’artillerie et autres matériels en Pologne, Roumanie et en Bulgarie. C’est un point très intéressant. Donc les États-Unis ont annoncé hier qu’ils allaient envoyer des armes. Ce soir, bien sûr, les USA l’ont nié, mais les armes partiront bien.
» Faisant tout cela, les États-Unis ont agi en dehors du cadre de l’OTAN. Parce que dans le cadre de l’OTAN, il doit y avoir un accord à l’unanimité et n’importe quel pays peut opposer son veto sur n’importe quoi. Et les Turcs opposeront leur veto « juste pour rire ». Le fait est que les États-Unis sont prêts à créer un cordon sanitaire autour de la Russie. La Russie le sait. Elle croit que l’intention des États-Unis et de faire éclater la Fédération de Russie. Je pense que, comme l’avait dit Pierre Lory, « nous ne voulons pas vous tuer, nous voulons juste vous faire un peu mal ». De toute façon, nous sommes revenus au jeu d’antan.

 

« Et si vous interrogez un Polonais ou un Roumain, ils évoluent dans un univers totalement différent d’un Allemand qui est aussi différent de l’univers d’un Espagnol. Bref, il n’y a pas de dénominateurs communs en Europe.

 

 

C’est cynique, amoral, mais ça marche

 

« Mais si j’étais Ukrainien, je ferais exactement ce qu’ils font : essayer de s’appuyer sur les Américains. Les États-Unis ont un avantage fondamental : ils contrôlent tous les océans du monde. Aucune autre puissance ne l’a jamais fait. Par conséquent, nous arrivons à envahir les peuples et ils ne peuvent pas nous envahir, ceci est une très bonne chose. Maintenir le contrôle de la mer et le contrôle de l’espace et la base de notre pouvoir. »

 

La meilleure façon de vaincre une flotte ennemie est de l’empêcher de se construire. La façon dont les Britanniques ont réussi à s’assurer qu’aucune puissance européenne ne puisse construire une flotte a été de faire en sorte que les Européens s’entre-déchirent. La politique que je recommande et celle adoptée par Ronald Reagan en Irak et en Iran. Il a financé les deux côtés, de sorte qu’ils se battent entre eux afin de ne pas nous combattre. C’était cynique, ce n’était certainement pas moral, mais ça a marché. »

 

Et c’est le point central : les États-Unis ne peuvent pas occuper l’Irak. Au moment où les premières bottes touchent le sol, la différence démographique est telle que nous sommes totalement en infériorité numérique. Nous pouvons vaincre une armée, nous ne pouvons pas occuper l’Irak… l’idée que 130’000 hommes puissent occuper un pays de 25 millions d’habitants... eh bien, le ratio policiers-civils à New York est supérieur à celui déployé en Irak. »

 

Donc, nous n’avons pas la capacité d’aller partout, mais nous avons la capacité de, premièrement : soutenir diverses puissances rivales afin qu’elles se concentrent sur elles-mêmes en leur procurant le soutien politique, quelques soutiens économiques, militaires, des conseillers et, en dernières options, faire comme avec le Japon, je veux dire au Vietnam, en Irak ou en Afghanistan, par des mesures de désorganisation. L’objectif des mesures de désorganisation n’est pas de vaincre l’ennemi, mais de le déstabiliser. C’est ce que nous avons fait dans chacune de ces guerres, par exemple, nous avons fait perdre son équilibre à Al Qaïda.

 

 

Rome et l’Empire britannique pour modèles

 

« Notre problème, car nous sommes jeunes et stupides, est que après avoir déstabilisé les ennemis et de nous dire : « c’est bon, le travail est fait, rentrons chez nous… », ce fut si facile alors pourquoi ne pas y construire une démocratie. Et c’est à ce moment que la démence nous frappe. »

 

La solution est que les États-Unis ne peuvent pas constamment intervenir dans toute l’Eurasie, ils doivent intervenir de manière sélective et très rarement. Ce doit être fait en dernier recours. L’intervention militaire ne peut pas être la première mesure à appliquer. Et en envoyant les troupes américaines, nous devons bien comprendre en quoi consiste notre tâche, nous limiter à elle et ne pas développer toutes sortes de fantasmes psychotiques. Donc, j’espère que nous avons retenu la leçon. Parfois les enfants ont besoin de temps pour apprendre les leçons. »

 

Mais je pense que vous avez absolument raison, en tant qu’Empire, nous ne pouvons pas nous comporter de la sorte. La Grande-Bretagne n’a pas occupé l’Inde, elle a monté les différents états indiens les uns contre les autres, puis elle a fourni quelques officiers britanniques à l’armée indienne. Les Romains n’avaient pas envoyé de grandes armées dans leurs territoires conquis : ils avaient placé des gouverneurs proromains et ces gouverneurs, par exemple Ponce Pilate, étaient responsables du maintien de la paix. »

 

Donc, les empires qui contrôlent directement les territoires se soldent par un échec, comme c’était le cas avec l’empire nazi. Personne n’est suffisamment puissant pour le faire. Vous devez vous montrer plus intelligent. Cependant, notre problème n’est pas encore ça, notre problème en fait est d’admettre que nous avons un Empire. Donc, nous n’avons pas encore atteint ce point, car nous ne pensons pas que nous pouvons rentrer à la maison parce que le travail est bel et bien terminé.

 

Donc, nous ne sommes qu’au début du chemin nous ne sommes même pas prêt à lire le chapitre trois du livre.

 

 

La bataille de l’intermarium

 

« La question à l’ordre du jour pour les Russes est : ont-ils créé une zone tampon qui sera au minimum une zone neutre, ou bien l’Occident va-t-il s’introduire beaucoup plus loin en Ukraine… et s’installer à 100 kilomètres de Stalingrad et à 500 km de Moscou.
» Pour la Russie, le statut de l’Ukraine représente une menace pour sa survie, et les Russes ne peuvent pas laisser faire. Et la question pour les États-Unis, dans le cas où la Russie s’accroche à l’Ukraine : où cela s’arrêtera-t-il. Ce n’est donc pas un hasard si le général Hodges (qui a été nommé pour porter le chapeau), parle du prépositionnement de troupes en Roumanie, Bulgarie, Pologne et jusqu’à la Baltique. Par ses actions les USA préparent leur intermarium (4) de la mer Noire à la Baltique, dont rêvait Pilsudski (5). C’est la solution pour les États-Unis.

 

 

L’inconnue allemande

 

« La question pour laquelle nous n’avons pas de réponse est que va faire l’Allemagne ? La vraie inconnue dans l’équation européenne ce sont les Allemands. Pendant que les États-Unis mettent en place le cordon sanitaire entre l’Europe et la Russie, pas en Ukraine, mais à l’ouest, et que les Russes essaient de trouver comment tirer parti des Ukrainiens, nous ignorons la position allemande.

 

« L’Allemagne est dans une position très particulière, l’ancien chancelier Gerhard Schröder et membre du conseil d’administration de Gazprom et ils ont une relation très complexe avec les Russes. Les Allemands eux-mêmes ne savent pas quoi faire. Ils doivent exporter et les Russes peuvent acheter. Et d’un autre côté s’ils perdent la zone de libre-échange ils doivent construire quelque chose de différent.

 

Pour les États-Unis, la peur primordiale est la technologie allemande et le capital allemand avec les ressources naturelles russes et la main-d’œuvre russe comme la seule combinaison qui a fait très peur aux USA pendant des siècles. 
» Alors, comment cela va-t-il se jouer ? Et bien, les États-Unis ont déjà joué cartes sur table. C’est la ligne de la Baltique à la mer Noire. Quant aux Russes, leurs cartes ont toujours été sur la table. Ils doivent avoir au moins une Ukraine neutre, pas une Ukraine pro-occidentale. La Biélorussie est une autre question.

 

« Maintenant, celui qui peut me dire ce que les Allemands vont faire me dira ce que seront les 20 prochaines années de l’Histoire. Mais malheureusement, les Allemands n’ont pas pris leur décision. Et c’est toujours le problème récurrent de l’Allemagne avec son économie très puissante et sa géopolitique très fragile, et qui ne sait jamais trop comment concilier les deux. »

 

Depuis 1871, la question de l’Europe a été la question allemande. Comme la question allemande ressurgit, c’est bien la question que nous devons régler, et nous ne savons pas comment l’aborder, nous ne savons pas ce qu’ils vont faire.

 

 

Conclusions

 

Le discours de Friedman est donc totalement décomplexé. Pour un presque « officiel » de Washington, il y a là la marque de cette espèce d’ivresse de puissance qui permet aujourd’hui aux élites de l’Empire de dire tout haut ce qu’il convenait de dissimuler hier.

 

Cette « liberté de ton » nouvelle nous rappelle par exemple celle d’un Karl Rove qui, lorsqu’il officiait comme conseiller de W. Bush, avait déclaré en 2002 : « Nous sommes un empire maintenant, et lorsque nous agissons, nous créons notre propre réalité. Et pendant que vous étudiez cette réalité, judicieusement, comme vous le souhaitez, nous agissons à nouveau et nous créons des réalités nouvelles, que vous pouvez étudier également, et c’est ainsi que les choses se passent. Nous sommes les acteurs de l’histoire. (...) Et vous, vous tous, il ne vous reste qu’à étudier ce que nous faisons. »

 

 

L’exposé de Friedman est taillé dans la même glace. Celle d’un Empire US en train de s’émanciper du poids de la nécessité de plaire à ses sujets, de jouer encore et toujours les grands frères protecteurs et désintéressés là où il n’y a toujours eu que voracité et volonté de domination sans partage. Et en effet, cette émancipation s’est accompagnée d’une violence redoublée en matière de projection de sa force avec, en un petit quart de siècle, près de 4 millions de morts à la clé (6) (toujours pour la bonne cause bien sûr).

 

Aujourd’hui, la carte des positionnements militaires US à l’extérieur des frontières du pays ; son budget de défense pharaonique et son inculpabilité à attiser ou provoquer des guerres, pour protéger ses intérêts ou étendre sa rapine, ne laissent donc plus planer aucun doute sur le fait que nous sommes bel et bien face à un Empire dans toute l’acception du terme.

 

Un Empire ivre de puissance, froid comme l’acier de ses armes, sans âme et donc sans état d’âme.

 

Et comme le dit si justement Friedman : « C’est cynique, ce n’est certainement pas moral, mais ça marche. »

 

 

 

Publié par entrefilets.com le 15 avril 2015

 

Notes :

1 Interview de Friedman à Kommersant

2 Enfumage ukrainien : contre-propagande (et si vous avez encore un doute : voici)

Discours sous-titré de George Friedman (ici dans sa version intégrale)

4 La bataille de l’intermarium

5 Pilsudski

6 Quatre millions de morts en Afghanistan, au Pakistan et en Irak depuis 1990.

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Dr Folamour : le Parlement Européen vote la préparation de la guerre

Dr Folamour : le Parlement Européen vote la préparation de la guerre | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Image : megachip.globalist.it


 

Dr Folamour : le Parlement Européen

vote la préparation de la guerre

 

 

>>> Voir la vidéo d’un extrait de Dr Folamour de ‪

Stanley Kubrick qui illustre bien

la position belliciste de l’Occident.


 

Madame Mogherini se range avec la ligne extrémiste des États-Unis. Le Parlement Européen, désormais une congrégation de bellicistes déments, vote à la grande majorité pour que l’Europe se prépare à la guerre avec la Russie. Comme l’écrit Paul Craig Roberts, la propagande américaine contre la Russie et son président est désormais « la copie du même scénario » qui fut adopté contre l’Afghanistan et Osama ben Laden ; contre l’Irak et Saddam Hussein ; contre la Libye et Mouammar Kadhafi.

 

Qu’est-ce que ça signifie ? Qu’ils s’apprêtent à attaquer la Russie les premiers ? La question de Roberts, en soi, indique une situation monstrueuse. Mais elle est légitime. Les néocons, qui sont au pouvoir à Washington, et qui se sont écorchés les mains pour applaudir Netanyahu, sont en plein délire. Ceux qui raisonnent en ces termes de « political correct » finissent par ne pas comprendre qu’ils sont sérieux.

 

Vladimir Poutine « a compris l’extrême sérieux de la situation », mais Washington est en train de couper un pont derrière l’autre. Les demandes (et Mme Mogherini les reprend toutes, à la lettre, en montrant une totale irresponsabilité) de Washington sont maintenant celles-ci : Poutine doit restituer la Crimée et la base militaire de la flotte de la mer Noire ; renoncer à défendre les droits des Russes dans le sud-est de l’Ukraine ; accepter les bases OTAN en Ukraine.

 

Ces demandes équivalent à la capitulation de la Russie. Certains pensent-ils que Poutine, je ne dis pas veuille, mais puisse, capituler ? Si la réponse est non, alors préparons-nous au pire. La France et l’Allemagne ont compris qu’à Washington c’est le docteur Folamour qui a pris le pouvoir.

 

L’Italie, à ce qu’il paraît, s’incline à lui.

 

 

Texte de Giulietto Chiesa (megachip.globalist.it) traduit par Paul - echelledejacob.blogspot.be - le 19 mars 2015.



Giulietto Chiesa est un homme politique italien. Ancien membre du Parti communiste italien dont il a dirigé la fédération de Gênes de 1970 à 1979, il a été par la suite député européen, élu pour la circonscription italienne du Nord-Est sur la liste indépendante d'Antonio Di Pietro et d'Achille Occhetto… (Source : Wikipédia).


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Pourquoi l’Occident hait Poutine - La raison secrète

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Pourquoi l’Occident hait-il Poutine ?

La raison secrète

 

 

Les raisons officielles


Nous savons tous que les gouvernements occidentaux, emmenés par les États-Unis et le Royaume-Uni, se sont retournés contre la Russie. Les raisons données par les médias sont nombreuses : la Russie a essayé d’empêcher l’Ukraine de rejoindre l’Union européenne. La Russie a aidé les « rebelles prorusses » à abattre le MH-17. La Russie a « envahi » illégalement la Crimée. Des milliers de troupes et de tanks russes combattent en Ukraine. Certains d’entre nous pensent que ces affirmations sont de la propagande de guerre à l’intention des citoyens de l’Ouest dans le but de justifier des sanctions contre la Russie et de faire monter les tensions militaires.

 

 

Les raisons géopolitiques 


Beaucoup moins largement débattues, mais beaucoup plus importantes, il y a les raisons géopolitiques qui considèrent les zones de conflit entre les intérêts économiques des États-Unis et ceux de la Russie ; et ceux de la Russie et de la Chine. Pour le moment, l’Union européenne est très dépendante de l’énergie russe. Les États-Unis aimeraient faire cesser cela. Le conflit en Ukraine est un élément important du processus visant à séparer économiquement l’UE de la Russie. Mais il y a aussi un programme plus vaste. La Chine et la Russie dirigent les BRICS, ce groupe de pays rassemblant le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud. Les pays des BRICS veulent développer un système économique mondial qui ne dépende pas du dollar US. Ils veulent être indépendants du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale. La Chine a aussi suggéré à l’Europe qu’elle se joigne à elle et à la Russie dans ce qu’elles appellent la Nouvelle route de la soie, qui s’étend dans toute l’Eurasie, de Lisbonne à Shanghai. Inutile de dire qu’il n’y a pas de place pour les États-Unis dans ce plan, ce qui donne une autre raison de couper les liens économiques entre la Russie et l’Union européenne.

 

 


La raison secrète – La guerre qui n’a pas eu lieu


Tous ces facteurs sont importants, mais il y en a encore un autre, qui n’est jamais débattu dans les médias occidentaux. L’élément déclencheur de la soudaine hostilité contre la Russie et Poutine peut être trouvé dans presque tous les événements non déclarés qui se sont déroulés entre la fin d’août et le début de septembre 2013. Ce qui est arrivé dans cette période cruciale est qu’une attaque-surprise de l’OTAN contre la Syrie a été stoppée par la Russie. C’était probablement la première fois depuis la Deuxième Guerre mondiale qu’une attaque militaire planifiée par l’Occident se trouvait confrontée à une force suffisante pour exiger son annulation. On n’a pas dit aux gens en Occident pourquoi leurs dirigeants bellicistes au discours martial ont fermé les yeux. Ils ont reculé et ont décidé de changer leurs plans. Le nouveau plan : démolir l’Ukraine et s’emparer de la Crimée au profit de l’OTAN. Cela, à l’évidence, n’a pas marché non plus ; et le désordre qu’ils ont créé est toujours là.

 

 

L’attaque US/France prévue sur la Syrie

 

Tôt le matin du samedi 31 août 2013, un officiel américain a téléphoné au cabinet du président Hollande pour lui dire d’attendre un appel d’Obama plus tard dans la journée.

 

« Présumant que ce téléphone du soir annoncerait le début des frappes aériennes états-uniennes (contre la Syrie), Hollande a donné l’ordre à ses officiers de mettre au point leurs propres plans d’attaque. Les avions de combat Rafale ont été chargés de missiles de croisière Scalp ; on a ordonné à leurs pilotes de lancer leurs munitions d’une portée de 250 miles quand ils se trouveraient sur la Méditerranée. » (1)

 

Autrement dit, à ce moment-là, les pilotes français et les troupes états-uniennes attendaient seulement l’ordre final du président Obama pour lancer leur attaque. Toutefois, plus tard le même jour, à 18 h 15, Obama a appelé le président français pour lui dire que l’attaque programmée le 1er septembre à 3 h du matin n’aurait pas lieu comme prévu. Il devait consulter le Congrès. (2)

 

Trois jours plus tard, à 6 h 16 GMT mardi 3 septembre, deux missiles dirigés vers la côte syrienne étaient lancés « depuis la partie centrale de la Méditerranée », mais ils n’ont pas atteint la Syrie. (3) « Les deux missiles se sont écrasés en mer. » (4)

 

Il existe différentes versions de ce qui s’est produit. Selon Israël Shamir :

« Un journal libanais, citant des sources diplomatiques, a affirmé que les missiles étaient lancés depuis une base aérienne de l’OTAN en Espagne et qu’ils ont été abattus depuis un navire par le système de défense russe mer-air.  Une autre explication proposée par Asia Times soutient que les Russes ont utilisé leurs brouilleurs GPS, puissants et bon marché, pour rendre impuissants les Tomahawks, très chers, en les désorientant et en les poussant à l’échec. Il y a encore une autre version, qui a attribué le lancement aux Israéliens ; soit qu’ils étaient prêts à abattre les missiles, soit qu’ils observaient les nuages comme ils le prétendent» (5).

 

 

Les navires de guerre étaient prêts

 

Il est difficile de savoir ce qu’il y a derrière ce lancement de missile raté, mais cela n’a pas déclenché de guerre. Nous pouvons tous en être reconnaissants. Sur la carte ci-dessus, nous pouvons voir l’impressionnante collection de navires de guerre en position au large de la Syrie à l’époque. (6) Un article dans Global Research a parlé d’un « déploiement naval massif des États-Unis et de leurs alliés en Méditerranée orientale au large de la côte syrienne ainsi que dans la mer Rouge et dans le golfe Persique. » (7)

 

À ce moment-là, il semblait presque certain que les États-Unis et leurs alliés lanceraient une attaque contre la Syrie. Au lieu de quoi, l’attaque prévue a été reportée sine die. Comme le dit Israël Shamir, « les volontés de fer de l’Amérique et de l’Eurasie s’étaient croisées en Méditerranée orientale », et les États-Unis ont subitement décidé de reculer devant ce grave conflit militaire. Un commentateur a plaisanté en disant qu’Obama avait finalement mérité son prix Nobel de la paix, après ça. Voici l’évaluation de la situation par le Saker, un opposant véhément à ce qu’il appelle l’Empire anglo-sioniste. Parce que, de par sa vie antérieure, le Saker a une connaissance intime du fonctionnement des affaires militaires de l’OTAN.

 

« Moins remarqué, il y a eu l’envoi par la Russie d’une force navale opérationnelle, assemblée à la hâte, mais compétente, sur la côte syrienne. Pas une force suffisamment importante pour battre la marine US, mais une force capable de fournir à l’armée syrienne une vision complète du ciel au-dessus et au-delà de la Syrie. Autrement dit, pour la première fois, les États-Unis ne pouvaient pas réaliser une attaque-surprise sur la Syrie, pas avec des missiles de croisière, pas avec leur puissance aérienne. Pire, la Russie, l’Iran et le Hezbollah se sont lancés dans un programme d’assistance matérielle et technique à la Syrie, avoué, et non avoué, qui a fini par vaincre l’insurrection wahhabite. » (8)

 

 

Pourquoi les États-Unis ont-ils modifié leurs plans ?

 

Il nous est difficile de connaître toutes les manœuvres qui se sont déroulées en coulisses en août et en septembre 2013, mais le résultat final est clair. Après des années de tensions croissantes et de menaces, les États-Unis et leurs alliés ont décidé de ne pas attaquer la Syrie comme ils l’avaient prévu. Etant donné que la rhétorique et le déploiement militaire contre la Syrie semblaient suivre le scénario utilisé pour l’Irak et la Libye, il y a eu peu de débats en Occident sur les raisons pour lesquelles les États-Unis et leurs amis ont subitement changé leurs plans. Maintenant, avec le recul, nous pouvons voir que cette attaque directe ratée a mené à une attaque indirecte croissante et à la montée de ce qui est maintenant connu comme l’État islamique.

 

Deux des raisons évidentes que je peux déceler à ce changement soudain ne sont pas la sorte de choses que les dirigeants politiques occidentaux veulent débattre. L’une est le fait que ces guerres sont très impopulaires. Comme résultat des mensonges et des échecs innombrables révélés sur les guerres sauvages et inutiles en Afghanistan, en Irak et en Libye, il semble que certains politiciens écoutent leurs citoyens. Comment pouvez-vous expliquer autrement la décision inattendue du parlement britannique, le jeudi 29 août, de voter contre la participation du Royaume-Uni à toute frappe contre la Syrie ?

 

L’autre raison est l’étendue des concentrations de troupes de la Syrie, de la Russie et même de la Chine. (9) Les Russes et les Chinois n’ont pas seulement bloqué les États-Unis au Conseil de sécurité. Ils ont « voté » avec leur matériel militaire. Ils ne sont pas satisfaits de ce que les États-Unis avaient projeté pour la Syrie et ont fait clairement savoir qu’ils recourraient à la force pour les arrêter. Quand les Chinois ont-ils envoyé pour la dernière fois des navires de guerre en Méditerranée ? La Russie et la Chine n’approuvent clairement pas la manière dont les États-Unis décident d’envahir un pays après l’autre.

 

 

Qu’est-ce que ça veut dire ?

 

Pour des raisons qui ne sont pas difficiles à imaginer, il y a eu peu de discussions sur la signification plus large de ces événements dans les médias occidentaux. Cependant, des commentateurs comme Israel Shamir et Pepe Escobar croient que ces événements signalent un changement important dans l’équilibre des pouvoirs dans le monde. Ce qui suit est tiré d’une présentation par Israel Shamir au Rhodes Forum le 5 octobre 2013 :

 

« Tout d’abord, la bonne nouvelle. L’hégémonie américaine, c’est du passé. La brute a été maîtrisée.

» Nous avons franchi le cap de Bonne-Espérance, symboliquement parlant, en septembre 2013. Avec la crise syrienne, le monde a opéré un virage essentiel de l’Histoire moderne. C’était un quitte ou double presque aussi risqué que la crise des missiles cubains de 1962.

» Les risques d’une guerre totale étaient élevés, car les volontés de fer de l’Amérique et de l’Eurasie s’étaient croisées en Méditerranée orientale. Il faudra un certain temps pour que ce que nous avons vécu fasse son chemin dans les consciences : c’est normal pour des événements d’une telle ampleur. » (10)

 

Par « Eurasie », il faut entendre la Russie et la Chine. En termes crus, ces deux pays ont simplement contraint les États-Unis à reculer et à annuler leurs plans de guerre. Généralement, les gens ordinaires aux États-Unis, au Royaume-Uni et dans beaucoup d’autres pays étaient tout aussi opposés à l’attaque que le peuple syrien lui-même.

 

Pepe Escobar est encore plus dramatique. Dans un article du 17 octobre, après le recul du gouvernement de Washington sur la Syrie, il explique qu’il y a eu un changement de politique à Pékin. Maintenant, pour la Chine, fini de mettre des gants diplomatiques. Il est temps de construire un monde « désaméricanisé ». Le temps est venu d’une monnaie de réserve internationale qui remplace le dollar US. (11) Cette nouvelle approche est présentée dans un éditorial de Xinhua. (12) La dernière goutte qui a fait déborder le vase a été l’arrêt des États-Unis [faillite budgétaire bureaucratique, NDT] venant s’ajouter à la crise financière provoquée par les banques de Wall Street. Cet éditorial cite ce qui est peut-être le paragraphe le plus important :

 

« Au lieu de remplir ses obligations comme une puissance dirigeante responsable, un Washington égocentrique a abusé de son statut de superpuissance et a même introduit davantage de chaos dans le monde en transférant ses risques financiers à l’étranger, provoquant des tensions régionales dans des conflits territoriaux, et menant des guerres injustifiées couvertes par des mensonges. (13)

 

Dans sa nouvelle stratégie, la Chine s’appuie sur au moins trois principes. Le premier est de stopper les aventures militaires des États-Unis. Toutes les nations doivent respecter le droit international et régler les conflits dans le cadre des Nations unies. Le deuxième est d’élargir l’adhésion à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international pour inclure des pays émergents et en développement. Le troisième est de travailler à une « nouvelle monnaie de réserve internationale qui doit être créée pour remplacer la domination du dollar US ». (14)

 

Peut-être est-ce pour cette raison que les dirigeants à l’Occident ne célèbrent pas cette guerre qui n’a pas eu lieu. Les Russes et les Chinois ont forcé l’Occident à respecter le droit international et à éviter une guerre illégale. De plus, les Chinois voient cela comme le commencement d’une nouvelle ère dans la politique mondiale. Ils veulent « désaméricaniser » le monde. Cela signifie que les États-Unis et leur petit groupe d’amis en Europe de l’Ouest et au Japon devront reconnaître qu’ils ne peuvent pas prendre de leur propre chef toutes les décisions importantes dans le monde.

 


Par Australianvoice - traduit par Diane Gilliard pour Arrêt sur Info – le 8 mars 2015

 

Notes :

1. Cité d’après un article de David Axe, « Les bombardiers français étaient chargés, les rebelles syriens étaient déployés – Tous attendaient le OK d’Obama pour attaquer » ; https://medium.com/war-is-boring/69247c24253f (en anglais)

2.http://israelmatzav.blogspot.com.au/2013/09/france-was-ready-to-strike-syria-obama.html

3.http://beforeitsnews.com/middle-east/2013/09/two-missiles-launched-toward-syria-fall-into-the-sea-2454030.html

4.http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/middleeast/syria/10282788/Missiles-launched-in-Mediterranean-towards-Syrian-coast-claims-Russian-defence-ministry.html

5.http://www.globalresearch.ca/the-war-on-syria-the-september-2013-military-stand-off-between-five-us-destroyers-and-the-russian-flotilla-in-the-eastern-mediterranean/5355644

6.https://fbcdn-sphotos-b-a.akamaihd.net/hphotos-ak-ash3/1176205_566256046755921_1140583716_n.jpg

7.http://www.globalresearch.ca/massive-naval-deployment-us-and-allied-warships-deployed-to-syrian-coastline-before-the-august-21-chemical-weapons-attack/5347766

8.http://thesaker.is/submarines-in-the-desert-as-my-deepest-gratitude-to-you/

9.http://www.redflagnews.com/headlines/alert-china-sends-warships-to-syria-joining-russian-warships-in-mediterranean-sea

10.http://www.globalresearch.ca/the-war-on-syria-the-september-2013-military-stand-off-between-five-us-destroyers-and-the-russian-flotilla-in-the-eastern-mediterranean/5355644

11. http://www.alternet.org/world/de-americanized-world-and-china

12.http://news.xinhuanet.com/english/indepth/2013-10/13/c_132794246.htm. Cela semble être le même important éditorial analysé par Jeff J. Brown dans le post de Wikileaks « Baba Beijing’s Belly Laugh Felt Round the World », http://www.wikileaksparty.org.au/baba-beijings-belly-laugh-felt-round-the-world-2/. La seule différence que je peux voir est que Jeff Brown se réfère à un auteur nommé Tang Danlu, tandis que le site web de Xinhua se réfère à Liu Chang comme l’auteur de l’article.

13.http://news.xinhuanet.com/english/indepth/2013-10/13/c_132794246.htm

14. http://www.alternet.org/world/de-americanized-world-and-china

 

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Boko Haram : une opération secrète de la CIA pour diviser et régner en Afrique ?

Boko Haram : une opération secrète de la CIA pour diviser et régner en Afrique ? | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo :  duffelblog.com 


 

 

Boko Haram : une opération secrète de la CIA

pour diviser et régner en Afrique ?

 Par Julie Lévesque (*)


Le but de la présence militaire étasunienne en Afrique est bien documenté : contrer l’influence chinoise et contrôler des endroits stratégiques et des ressources naturelles, y compris les réserves de pétrole. Cela a été confirmé il y a plus de 8 ans par le département d’État étasunien :


En 2007, le conseiller du département d’État étasunien, le Dr J. Peter Pham a commenté les objectifs stratégiques d’AFRICOM :

« protéger l’accès aux hydrocarbures et autres ressources stratégiques abondantes en Afrique, une tâche qui consiste à protéger la vulnérabilité de ces richesses naturelles et à s’assurer qu’aucune autre tierce partie intéressée, comme la Chine, l’Inde, le Japon ou la Russie, n’obtienne des monopoles ou des traitements préférentiels ». (Nile Bowie,.US AFRICOM Commander Calls for “Huge” Military Campaign in West Africa, Global Research, 11 avril 2012)

 

Au début février, « de passage au Centre d’études stratégiques et internationales à Washington, D.C., le chef d’AFRICOM, le général David Rodriguez, a appelé à une campagne de « contre-insurrection » de grande envergure menée par les États-Unis contre des groupes en Afrique de l’Ouest ».

 

Le chef du Commandement des opérations spéciales des États-Unis (SOCOM), le général Joseph Votel, a fait des remarques similaires la semaine dernière à l’Académie West Point de l’Armée étasunienne, affirmant que les équipes de commandos étasuniens doivent se préparer à de nouveaux déploiements contre Boko Haram et l’État islamique. (Thomas Gaist, US AFRICOM Commander Calls for “Huge” Military Campaign in West Africa, World Socialist Web Site, 2 février 2015)

 

Mark P. Fancher a souligné l’hypocrisie et « l’arrogance impérialiste » des pays occidentaux, qui « malgré la condamnation universelle du colonialisme », sont toujours prêts « à déclarer publiquement (sans excuses) leurs plans d’expansion et de coordination de leur présence militaire en Afrique » (Marc P. Fancher, Arrogant Western Military Coordination and the New/Old Threat to Africa, Black Agenda Report, le 4 février 2015)

 

Plus de troupes en provenance du Bénin, du Cameroun, du Niger, du Nigeria et du Tchad sont maintenant déployées pour lutter contre Boko Haram.

 

Cette nouvelle guerre contre une autre entité terroriste obscure en Afrique n’est pas sans rappeler la campagne de propagande ratée de Kony 2012, drapée dans des idéaux humanitaires. Elle est utilisée comme un écran de fumée pour éviter d’aborder la question des victimes de la guerre contre le terrorisme et les causes réelles du terrorisme, et afin de justifier une autre invasion militaire. Il est vrai que Boko Haram fait des victimes, mais le but de l’intervention occidentale en Afrique n’est pas de venir à leur secours.

 

Le conflit le plus meurtrier dans le monde depuis la Seconde Guerre mondiale, celui qui fait toujours rage, se passe au Congo et l’élite occidentale et leurs médias ne s’en préoccupent pas. Cela démontre que les interventions militaires ne sont pas destinées à sauver des vies.


Pour comprendre pourquoi les médias se concentrent sur Boko Haram, nous avons besoin de savoir qui est derrière cette organisation. Quel est le contexte sous-jacent et quels intérêts sont servis ?

 


Boko Haram : une autre opération clandestine des États-Unis ?

 

Boko Haram est basé dans le nord du Nigeria, le pays le plus peuplé et la plus grande économie d’Afrique. Le Nigeria est le plus grand producteur de pétrole du continent et détient 3,4 % des réserves mondiales de pétrole brut.

 

En mai 2014, African Renaissance News a publié un reportage détaillé sur Boko Haram et la possibilité que l’organisation soit une autre opération secrète de la CIA visant à prendre le contrôle du Nigeria :


[L] e plus grand prix pour l’AFRICOM, qui vise à implanter une Pax Americana en Afrique, serait de réussir dans le pays africain le plus stratégique, le Nigeria. C’est là qu’entre en perspective la question de Boko Haram qui fait rage actuellement et la prédiction de l’Intelligence Council des États-Unis sur la désintégration du Nigeria en 2015, dont on a beaucoup parlé [...] (Atheling P Reginald Mavengira, Humanitarian Intervention” in Nigeria: Is the Boko Haram Insurgency Another CIA Covert Operation? Wikileaks, African Renaissance News, 8 mai 2014)

 

Dans les années 1970 et 1980, le Nigeria a aidé plusieurs pays africains « défiant ainsi clairement les intérêts des États-Unis et de leurs alliés occidentaux, une opposition ayant entraîné à l’époque un recul des initiatives occidentales en Afrique ». (Ibid.)

 

Le Nigeria exerce son influence dans la région grâce au leadership du Groupe de contrôle de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (ECOMOG, droite), une armée composée de soldats de divers pays africains et mise en place par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Le groupe est intervenu dans la guerre civile au Liberia dans les années 90. Le Liberia a été fondé en 1821 par les États-Unis et a été dirigé par des Américano-Libériens pendant plus d’un siècle.

 

Les puissances occidentales, en premier lieu les États-Unis, ne sont évidemment pas prêtes à laisser les Africains avoir une armée multinationale dans laquelle ils ne détiennent pas de rôle de premier plan. L’ACRI, qui devint plus tard l’AFRICOM, a été formé en 2000 pour contenir l’influence du Nigeria et contrer l’ECOMOG, évitant ainsi l’émergence d’une force militaire africaine dirigée par des Africains.

 

Selon les documents de Wikileaks mentionnés dans l’article de Mavengira ci-dessus, l’ambassade étasunienne au Nigeria constitue :

une base d’opérations pour des actes de subversion de grande envergure et à grande portée contre le Nigeria, notamment l’écoute des communications du gouvernement nigérian, l’espionnage financier d’éminents Nigérians, le soutien et le financement de groupes subversifs, d’insurgés, de propagande de discorde entre les groupes disparates du Nigeria et l’utilisation de chantage relié aux visas afin de contraindre et d’amener des Nigérians de haut rang à agir en faveur des intérêts étasuniens. (Mavengira, op. cit., c’est l’auteure qui souligne)

 

Mavengira fait partie de la GreenWhite Coalition, un « groupe de défense citoyen bénévole composé de Nigérians de tous les groupes ethniques et de toutes les convictions religieuses ». Il écrit que le but ultime des opérations clandestines étasuniennes dans son pays consiste « à éliminer le Nigeria comme potentiel rival stratégique des États-Unis sur le continent africain ». (Ibid.)

 

Une enquête sur la secte Boko Haram par la Coalition GreenWhite a révélé que la « campagne de Boko Haram est une opération secrète organisée de la Central Intelligence Agency (CIA) étasunienne coordonnée par l’ambassade étasunienne au Nigeria ». Les États-Unis ont déjà utilisé leurs ambassades pour des opérations secrètes. L’ambassade de Benghazi s’est révélée être la base d’une opération secrète de trafic d’armes pour les mercenaires luttant contre Bachar Al-Assad en Syrie. Quant à l’ambassade en Ukraine, une vidéo de novembre 2013 a émergé récemment montrant un parlementaire ukrainien l’exposant comme le point central d’une autre opération clandestine destinée à fomenter des troubles civils et à renverser le gouvernement démocratiquement élu.

 

L’enquête de GreenWhite Coalition sur Boko Haram révèle un plan en trois étapes du National Intelligence Council des États-Unis visant à « pakistaniser » le Nigeria, internationaliser la crise et diviser le pays en vertu d’un mandat et d’une force d’occupation de l’ONU. Le plan « prédit » la désintégration du Nigeria pour 2015. Il convient de citer l’enquête en détail :

 

L’ensemble du rapport du [National Intelligence Council] est en réalité une déclaration d’intentions codée sur la façon dont les États-Unis prévoient éventuellement démanteler le Nigeria grâce à des complots de déstabilisation [...]

 


Étape 1 : Pakistaniser le Nigeria

 

Vu la réalité existentielle du fléau de Boko Haram, la vague d’attentats et d’attaques sur les bâtiments publics sont susceptibles de dégénérer dans les mois à venir.

 

Le but est d’exacerber les tensions et la suspicion mutuelle entre les adeptes des deux religions au Nigeria et de les mener à la violence interconfessionnelle [...]

 


Étape 2 : L’internationalisation de la crise

 

Les États-Unis, l’Union européenne et les Nations Unies appelleront à l’arrêt des violences. [...] Pour créer de l’effet, il y aura une couverture importante des médias internationaux sur la crise du Nigeria avec de soi-disant experts pour discuter de toutes les ramifications. Ces experts s’efforceront de créer l’impression que seule une intervention étrangère bienveillante pourrait résoudre la crise.

 


Étape 3 : La grande division en vertu d’un mandat de l’ONU

 

L’on proposera d’abord l’intervention d’une force internationale de maintien de la paix afin de séparer les groupes belligérants et/ou un mandat de l’ONU assignant différentes parties du Nigeria à des puissances occupantes. Bien sûr, les États-Unis et leurs alliés, guidés par des purs intérêts économiques, auront préalablement discuté dans les coulisses des zones à occuper [...] (Ibid., c’est l’auteure qui souligne)

 

En 2012, le Nile Bowie écrivait :

 

Le Nigerian Tribune a rapporté que Boko Haram reçoit du financement de différents groupes de l’Arabie saoudite et du Royaume-Uni, en particulier du Fonds fiduciaire Al-Muntada, dont le siège est au Royaume-Uni et à la Société islamique mondiale de l’Arabie saoudite [8]. Lors d’une entrevue menée par Al-Jazeera avec Abou Mousab Abdel Wadoud, le chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) stipule que des organisations dont le siège est en Algérie ont fourni des armes au mouvement Boko Haram au Nigeria « pour défendre les musulmans au Nigeria et arrêter les avancées d’une minorité de croisés » [9].

 

Fait amplement documenté, les membres d’Al-Qaïda (AQMI) et du Groupe islamique combattant en Libye (GICL) ont combattu aux côtés des rebelles libyens et reçu directement des pays de l’OTAN des armes [10] et du soutien logistique [11] durant le conflit libyen en 2011 [...]

 

Pour l’administration Obama, l’appui clandestin à des organisations terroristes dans le but d’atteindre ses objectifs de politique étrangère semble être la condition préalable au commandement des opérations à l’étranger. Boko Haram existe comme une division séparée de l’appareil de déstabilisation étasunien, visant à briser le pays le plus peuplé d’Afrique et le plus grand marché potentiel. (Nile Bowie, CIA Covert Ops in Nigeria: Fertile Ground for US Sponsored Balkanization, Global Research, le 11 avril 2012)

 

Des reportages indiquent également que certains commandants nigérians sont possiblement impliqués dans le financement de l’insurrection.

 

Selon le reportage, un soldat nigérian dans l’État de Borno a confirmé que Boko Haram a attaqué Gamboru Ngala en leur présence, mais que leur commandant leur a demandé de ne pas repousser l’attaque. Le soldat a dit au Service Hausa de la BBC que des hélicoptères planaient dans le ciel tandis que les attaques étaient en cours. Trois cents personnes ont été tuées, des maisons et un marché brûlés tandis que les soldats regardaient, ayant reçu l’ordre de ne pas prêter assistance à ceux qui étaient attaqués. Le soldat a déclaré que l’insurrection de Boko Haram prendra fin lorsque les officiers supérieurs de l’armée cesseront de l’alimenter.

 

Lors des enlèvements de filles de Chibok, un soldat a affirmé en entrevue à SaharaReporters,

« Nous avons reçu l’ordre d’arrêter les véhicules transportant les filles, mais dès le début de la mission, nous avons reçu l’ordre contraire, soit de nous retirer. Je peux vous assurer que personne ne nous a demandé de chercher quiconque. »

 

Certains soldats soupçonnent leurs commandants de révéler les opérations militaires à la secte Boko Haram. (Audu Liberty Oseni, Who is Protecting Boko Haram. Is the Nigerian Government involved in a Conspiracy?, africanexecutive.com, 28 mai 2014)

 

Ces commandants auraient-ils été contraints par des éléments de l’ambassade étasunienne, tel que le suggère l’enquête de Greewhite Coalition citée auparavant ?

 

Boko Haram : Le prochain chapitre dans la frauduleuse, coûteuse, destructrice et meurtrière guerre au terrorisme ?

 

Il a été clairement démontré que la soi-disant guerre contre le terrorisme a fait croître le terrorisme.

Nick Turse explique :

[Dix] ans après que Washington eut commencé à verser l’argent des contribuables dans la lutte contre le terrorisme et les efforts de stabilisation à travers l’Afrique, et que ses forces eurent commencé à exploiter le Camp Lemonnier [Djibouti], le continent a connu de profonds changements, mais pas ceux recherchés par les États-Unis. L’université de Berny Sèbe de Birmingham cite en exemple la Libye postrévolutionnaire, l’effondrement du Mali, la montée de Boko Haram au Nigeria, le coup d’État en République centrafricaine, et la violence dans la région des Grands Lacs de l’Afrique comme preuve de la volatilité croissante. « Le continent est certainement plus instable aujourd’hui qu’il ne l’était au début des années 2000, lorsque les États-Unis ont commencé à intervenir plus directement. » (Nick Turse, The Terror Diaspora: The U.S. Military and Obama’s Scramble for Africa, Tom Dispatch, 18 juin, 2013)

 


Que veulent les États-Unis en Afrique ?

 

Lorsqu’il est question d’interventions à l’étranger, des décennies d’histoire ont démontré que les objectifs déclarés de l’armée étasunienne et ses véritables intentions ne sont jamais les mêmes. L’intention réelle ne consiste jamais à sauver des humains, mais plutôt à sauver des profits et à gagner du pouvoir. Les interventions des États-Unis et de l’OTAN ne sauvent pas, elles tuent.


Celles menées depuis le début du siècle ont tué des centaines de milliers, si ce n’est plus d’un million d’innocents. Difficile de dire combien, car l’OTAN ne veut pas vraiment savoir combien de civils elle tue. Comme le notait The Guardian en août 2011, il n’y avait « pas de projet international de grande envergure consacré au bilan des décès dans le conflit en Libye », à part durant une brève période.

 

En février 2014, « on estimait qu’au moins 21 000 civils [étaient] décédés de mort violente en raison de la guerre » en Afghanistan selon Cost of War. En ce qui concerne l’Irak, en mai 2014 on comptait « au moins 133 000 civils tués, victimes de violence directe depuis l’invasion ».

 

Quant à la Libye, les médias traditionnels ont d’abord menti à propos du fait que Kadhafi avait initié la violence en attaquant des manifestants pacifiques, un faux compte-rendu destiné à diaboliser Kadhafi et galvaniser l’opinion publique en faveur d’une autre intervention militaire. Comme l’explique le Centre Belfer for Science and International Affairs, « ce sont effectivement les manifestants qui ont initié la violence ».

 

Alan Kuperman écrit :

 

Le gouvernement a réagi aux gestes des rebelles en envoyant l’armée, mais n’a jamais intentionnellement ciblé de civils ou eu recours à l’usage excessif et aveugle de la force, comme l’ont affirmé les médias occidentaux [...]

 

Le plus grand malentendu à propos de l’intervention de l’OTAN, c’est qu’elle a sauvé des vies et a bénéficié à la Libye et ses voisins. En réalité, lorsque l’OTAN est intervenue à la mi-mars 2011, Kadhafi avait déjà repris le contrôle de presque toute la Libye, alors que les rebelles se retiraient rapidement vers l’Égypte. Ainsi, le conflit était sur le point de se terminer à peine six semaines après avoir éclaté, avec un bilan d’environ 1 000 morts, incluant les soldats, les rebelles et les civils pris entre deux feux.

En intervenant, l’OTAN a permis aux rebelles de résumer leur attaque, prolongeant ainsi la guerre pendant encore sept mois et causant la mort d’au moins 7 000 personnes de plus. (Alan Kuperman, Lessons from Libya: How Not to Intervene, Belfer Center for Science and International Affairs, septembre 2013)

Malgré ces chiffres, les médias tenteront encore une fois de nous convaincre que ce dont le monde a le plus besoin en ce moment est de se débarrasser du groupe terroriste Boko Haram et qu’une intervention militaire est la seule solution, même si la soi-disant guerre contre la terreur a en fait accru le terrorisme à l’échelle mondiale. Comme le faisait remarquer Washington’s Blog en 2013, « le terrorisme à l’échelle mondiale a diminué entre 1992 et 2004… mais est monté en flèche depuis 2004 ».

 

Le Guardian rapportait pour sa part en novembre 2014 :

 

L’Index mondial du terrorisme (Global Terrorism Index) a enregistré près de 18 000 décès l’an dernier, un bond d’environ 60 % par rapport à l’année précédente. Quatre groupes sont responsables de la majorité de ces décès : le groupe État islamique (EI) en Irak et en Syrie ; Boko Haram au Nigeria ; les talibans en Afghanistan ; et Al-Qaïda dans diverses parties du monde. (Ewen MacAskill, Fivefold increase in terrorism fatalities since 9/11, says report, The Guardian, 18 novembre 2014)

 

Le Guardian omet toutefois de mentionner que tous ces groupes, y compris Boko Haram et le groupe État islamique, ont été, d’une manière ou d’une autre, armés, entraînés et financés par l’alliance des États-Unis et de l’OTAN, ainsi que leurs alliés au Moyen-Orient.


Grâce à l’appui clandestin des pays occidentaux, des marchands d’armes et des banquiers qui profitent de la mort et de la destruction, la guerre au terrorisme se porte bien. L’Occident prône des interventions militaires sans fin, feignant d’ignorer les causes réelles du terrorisme et la raison pour laquelle il se répand, cachant son rôle et de ce fait indiquant clairement son réel objectif en Afrique : alimenter le terrorisme pour déstabiliser et détruire des pays, justifiant ainsi l’invasion militaire menant à la conquête des terres les plus riches du continent africain, tout en feignant de sauver le monde de la terreur.




Par Julie Lévesque (*) - mondialisation.ca – le 3 mars 2015

 

Article publié initialement en anglais le 14 février : Is Boko Haram a CIA Covert Op to Divide and Conquer Africa?

 

 

(*) Julie Lévesque est journaliste et chercheuse au Centre de recherche sur la mondialisation

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Pour la PAIX - Mobilisons-nous !

 Par Pierre Laurent

 

« Aujourd’hui, l’affirmation de la paix est

le plus grand des combats »

 

Ces mots prononcés par Jean Jaurès en janvier 1914 résonnent en nous avec intensité. Ces mots résonnent en nous, parce que nous voici nous aussi à un moment d’une extrême gravité.

 

Comme vous, je suis inquiet et révolté. Inquiet de voir la violence, la guerre se développer et se répandre à travers le monde particulièrement dans les pays où les peuples vivent déjà dans la misère et l’humiliation ; et je suis révolté de voir les dirigeants des premières puissances mondiales, les mêmes qui nous parlent depuis 20 ans de « lutte contre le terrorisme », employer toujours les mêmes méthodes, à commencer par les interventions militaires, pour un résultat qui n’est pas seulement nul au regard de leurs propres objectifs mais qui empire toujours la situation.

 

Ces dirigeants qui s’entendent si bien pour régler l’ordre du monde à la place de tous, pour soutenir tous les dictateurs possibles de Saddam Hussein à Ben Ali, en passant par Bachar Al-Assad jusqu’à ce qu’ils ne leur servent plus, fondent les points de croissance de nos pays, non sur les salaires et le pouvoir d’achat de nos peuples ou la réindustrialisation, mais sur le commerce des armes et le contrôle des ressources pétrolières ou gazières, et des richesses naturelles de continents entiers comme c’est le cas en Afrique dont les pays, à cause de décennies d’ajustements structurels, n’ont même pas les moyens de traiter l’épidémie d’Ebola – et avec lesquels notre solidarité doit se manifester plus que jamais.

 

La guerre, toujours la guerre comme unique solution – pourtant, détruire ce qui est déjà détruit ne permet pas de construire quoi que ce soit.

 

Oui, le commerce des armes, c’est Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, qui s’en félicite le 9 septembre, avec un incroyable cynisme « Ne boudons pas notre plaisir : les résultats de 2013 sont en forte hausse, et ce en dépit d’une très rude concurrence internationale, et la tendance au recul des dépenses militaires des États occidentaux, qui orientent à la baisse le marché de l’exportation de Défense. La France grâce à notre mobilisation collective a obtenu des résultats meilleurs encore qu’en 2012. En un an, les exportations d’armement ont réalisé un bond de près de 43 %, avec un total de 6,87 milliards d’euros de prises de commandes en 2013. Ces résultats, qui sont exceptionnels au regard de ces dernières années, mais surtout prometteurs, permettent à la France de figurer parmi les cinq premiers exportateurs mondiaux de matériels de défense, aux côtés des États-Unis, du Royaume-Uni, de la Russie et d’Israël. »

 

« Sans les exportations d’armement, précise-t-il, le déficit commercial de la France, sur la période 2008-2013, aurait été de 5 à 8 points plus élevé chaque année. » Et peu importe que ce commerce alimente les répressions, les crimes de guerre, les trafics d’armes, les guerres privées ou le mercenariat que notre gouvernement prétend combattre avec sa politique étrangère et de défense.

 

Car ces ventes d’armes si profitables financièrement en 2013, où et à qui ont-elles servi ? Quelle menace terroriste ont-elles endigué ? Certaines vendues à la Turquie d’Erdogan ont servi à réprimer les manifestants de la place Taksim faisant 6 morts et plus de 4 000 blessés. D’autres sont allés en Tunisie sous le gouvernement d’Ennahda. D’autres encore en Israël pour, à lui seul, un total de plus de 35 millions d’euros… ont sans nul doute servi lors des bombardements et l’offensive terrestre israélienne qui a fait plus de 2 000 morts palestiniens et plus de 12 000 blessés l’été dernier.

 

Non, pour ce gouvernement, les ventes d’armement participent à regonfler la balance du commerce extérieur, alors « continuons… » Et, on nous dit aussi : « Pour contenir la menace terroriste qui se répand, nous devons intervenir militairement ».

 

Mais d’où sortent ces forces obscures comme l’État islamique qui décime un peuple entier ? Elles ne sortent pas de nulle part. N’ont-ils rien retenu, nos dirigeants, des interventions en Afghanistan, en Irak, en Libye ? Lequel d’entre eux aura l’honnêteté d’avouer qu’elles ont été des désastres enfonçant les peuples dans l’humiliation et la misère ?

 

Lequel d’entre eux cessera cette hypocrisie de salon et reconnaîtra qu’ils ont joué délibérément avec le feu en en faisant des alliés de circonstances, en laissant des puissances régionales leur fournir des armes et des hommes, en contribuant à faire tomber en déliquescence des États entiers comme en Irak, en Libye ou au Mali, en attisant le confessionnalisme et le communautarisme, en laissant la misère et l’humiliation grandir.

 

Et maintenant que suggèrent-ils ces stratèges émérites ? De recommencer !


Oui, le monde est dangereux, car il est profondément inégalitaire, et que les fanatiques se nourrissent d’abord de cela : de la misère, de l’injustice, des inégalités et de leur cortège d’humiliations. Ils profitent du vide laissé par des États défaillants, corrompus, et des blessures de sociétés fragmentées et divisées par les haines religieuses ou raciales.

 

Ceux qui au lendemain des attentats du 11-septembre ont parlé d’un soi-disant « choc des civilisations » ont en fait tout mis en œuvre pour le créer. Se dire « occidental » aujourd’hui pour un pays comme la France ce n’est pas seulement se penser et se vouloir supérieur, ce qui est déjà grave, mais c’est avoir plusieurs siècles de retard, c’est rester englué dans l’esprit colonial. La France, ce n’est pas ça. C’est celle de l’internationalisme, des libertés, des droits, de l’égalité et de la fraternité entre tous les peuples du monde.

 

Ma conviction, et celle de millions de femmes et d’hommes de progrès et de démocrates en France, en Europe et dans le monde, est que nous devons mettre une ardeur inégalée à unir nos forces et nos voix pour enrayer cette folle mécanique.

 

Le capitalisme mondial et financiarisé, et sa crise historique, profonde, inédite entraînent les peuples du monde vers de plus grandes souffrances – et ceux qui veulent instaurer des régimes théocratiques dignes du Moyen-Age ne cherchent rien d’autre qu’à entraîner les peuples et le monde en arrière : dans ces pays, il y a des forces progressistes et démocratiques qui résistent et qui ont besoin de notre solidarité.

 

Si les États-Unis demeurent la première puissance mondiale, s’ils imposent à tous leur diktat dans la marche du monde et sur la logique qui prévaut aux relations internationales, avec la complicité de dirigeants qui comme en France démissionnent de l’indépendance et de la souveraineté de nos nations, les États-Unis sont en réalité désormais incapables de maîtriser le cours des événements. Ils sont dépassés par les monstres qu’ils ont eux-mêmes contribué à créer pour diviser et affaiblir des sociétés entières.

 

Ce monde est dangereux parce qu’il n’est pas démocratique, parce que les relations internationales ne se déroulent pas sur un pied d’égalité : il y a les puissants en perte de vitesse, peu nombreux (le club du g7 ou la bande du g20), et le reste du monde, la majorité, qui devrait accepter cette hiérarchie.

 

La Guerre froide terminée, l’OTAN ne devrait même plus exister. Cette organisation politique et militaire est un anachronisme qui n’a aucune légitimité au regard des conventions et du droit international, et de la Charte des Nations unies et qui, comme on le voit, dans la crise ukrainienne attise le feu.

 

Non vraiment, il n’y a aucun espoir du côté de l’OTAN dont tous les membres sont réduits à des vassaux des États-Unis. La France n’a rien à faire, n’a rien à gagner dans cette alliance qui la prive de son indépendance politique et diplomatique, et qui l’entraîne sur tous les sentiers de la guerre.

 

À chaque fois, la réponse est militaire, strictement militaire, alors qu’à chaque fois, ces situations de violence et de destruction se sont installées en plusieurs années et qu’il était possible de faire d’autres choix, d’autres politiques fondées sur le développement, la coopération et la solidarité avec pour objectif l’éradication de la pauvreté, et la sécurité dans tous les domaines : santé, éducation, habitat, emploi et la lutte contre les trafics…

 

Oui « l’affirmation de la paix » est aujourd’hui « le plus grand des combats », car tout est fait pour empêcher les peuples de l’espérer et de la construire. Tout au contraire est facteur de division. On nous dit qu’un « monde sans leader » ne peut pas fonctionner et qu’à tout prendre, il faut accepter qu’il y ait un chef, que ce soit les États-Unis et leurs alliés dans l’OTAN.

 

Il ne faut pas nous laisser impressionner : un monde sans chef ne veut pas dire un monde sans loi ni droit. Ce dont nos peuples ont besoin c’est d’égalité et d’égalité devant le droit international comme d’égalité dans le droit au développement, de partage des ressources et des richesses, de démocratie.

 

 

 

Par Pierre Laurent - partage-le.com – le 21 janvier 2015

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Contre qui Obama s’apprête-t-il à fair la guerre en Europe ?

Contre qui Obama s’apprête-t-il à fair la guerre en Europe ? | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

 

Contre qui Obama s’apprête-t-il à faire

la guerre en Europe ?

Par Nikolai Bobkin (*)

 

La Maison-Blanche travaille actuellement à l’élaboration du budget pour l’année fiscale 2016 qui commence le 1er octobre 2015. La première ébauche de budget s’élève à 1800 milliards de dollars. Le Pentagone a déclaré que ce budget « ne sera efficace que si les Américains se sentent en sécurité à la maison et aussi à l’étranger, » ajoutant que « les événements géopolitiques de l’année passée n’ont fait que renforcer leur besoin d’une augmentation, contrairement aux dispositions actuelles. » Plusieurs milliards de dollars sont alloués à la stratégie de sécurité nationale du Président…

 

L’augmentation des dépenses se monterait à 38 milliards pour le programme de Défense, faisait ainsi grimper le montant total du budget militaire à la somme record de 561 milliards de dollars. Mais qui menace vraiment les USA ? Qui Obama s’apprête-t-il à aller combattre durant la dernière année de sa présidence avant son départ en 2016 ? Habituellement, les présidents US au cours de leur 2e mandat sont surnommés les lame ducks (canards boiteux). En l’occurrence, les Américains ont commencé très tôt à utiliser ce surnom pour Barack Obama. L’Amérique ne l’aime pas ; les récents sondages montrent que le nombre d’Américains qui pensent qu’Obama peut être utile à leur pays est en forte diminution. Le niveau d’impopularité d’Obama atteint des niveaux records. Le sondage indique que seuls 44 % des Américains soutiennent Obama. La plupart pensent que le président montre des signes de fatigue. Ils pensent aussi qu’il n’a pas de vision claire à long terme. Le Président n’est pas désorienté pour autant. Il affirme avoir largement de quoi faire dans les deux ans qui viennent, et explique que c’est un grand honneur d’être responsable de la plus formidable organisation au monde, à savoir, le gouvernement américain, son armée, et toutes les bonnes choses que les USA font dans le monde entier. En réalité, la liste de toutes ces bonnes choses résonne plus comme une liste de menaces que les États-Unis représentent pour le reste du monde.

 

Indépendamment de ce budget, Obama demande également 51 milliards de dollars pour financer les opérations liées aux conflits en Irak et en Syrie, ainsi que pour assurer la continuité de la présence militaire américaine en Afghanistan.

 

Pour la première fois, l’ébauche de budget inclut aussi un poste dédié aux dépenses destinées à exercer des pressions sur la Russie. Le ministre russe des Affaires étrangères a déclaré que « Washington a annoncé la proposition par l’Administration Obama d’un budget pour 2016 incluant un montant de 640 millions de dollars pour l’Ukraine, la Moldavie et la Géorgie, dans un but bien précis : « des activités pour contenir la pression russe. »  Si les États-Unis ont ajouté ce poste spécial pour une confrontation avec la Russie dans leur budget, c’est que la situation a fondamentalement changé. Nous n’avons jamais douté des velléités de confrontation de la part de la Maison-Blanche, qui joue actuellement au jeu inutile et vain des sanctions économiques. Mais ils envisagent maintenant des mesures financières subversives contre la Russie, ce qui ne fait qu’exacerber les tensions. Ces mesures montrent clairement que les États-Unis poursuivent des objectifs géopolitiques destinés à empêcher le processus naturel d’intégration au sein de l’ancienne URSS, et à séparer la Russie de l’Ukraine et des pays voisins. De notre point de vue, il parait clair que les initiatives de Washington conduisent les relations USA-Russie vers le mur, et que désormais, trouver un autre chemin prendra beaucoup de temps. Mais c’est le choix de l’administration US, et ils devront en supporter l’entière responsabilité. »

 

Comment Washington a-t-il prévu de protéger la sécurité de ses alliés et partenaires européens contre l’« agressivité de la Russie » ? Les USA ont prévu de fournir 51 millions de $ d’aide à la Géorgie et la Moldavie pour qu’ils fassent front devant la pression et l’agression de la Russie (aucun détail sur la façon dont cette somme sera répartie entre les deux pays). L’aide à l’Ukraine, destinée de la même façon à « contenir les actes d’agression de la Russie, » se monte à 117 millions de dollars. Kiev doit encore se débrouiller jusqu’à 2016. Le pays est au bord de la faillite, et n’a plus aucune marge de manœuvre financière.

 

Dans une interview donnée au journal allemand Die Welt, le président Poroshenko a admis que chaque jour de guerre coûtait entre 5 et 7 millions d’euros. Si Kiev continue à combattre contre son propre peuple pour servir les intérêts américains, les 117 millions de dollars ne paieront que 17 à 20 jours de combat. C’est la raison pour laquelle le président Poroshenko panique et entreprend tous ces voyages dans les pays occidentaux pour serrer des mains et demander des armes.

 

Le Président Petro Poroshenko a indiqué que les événements récents devraient encourager l’OTAN à « fournir davantage d’aide à l’Ukraine, y compris par l’approvisionnement en armements sophistiqués, pour lui permettre de se protéger et se défendre contre l’agresseur. » Jusqu’à aujourd’hui, l’administration US a refusé de fournir à Kiev des armes létales. (*)

 

Ashton B. Carter, le candidat du président Obama pour le poste de Secrétaire à la Défense, a expliqué au Sénat durant l’audition pour sa nomination qu’il envisageait d’augmenter l’assistance militaire américaine à l’Ukraine. « Nous devons aider l’Ukraine à se défendre, » a dit Carter en réponse aux questions du sénateur républicain de l’Arizona, John McCain, le président du comité qui soutient l’idée de fournir à l’Ukraine des armes létales. « Je suis favorable à l’idée de leur donner des armes, y compris des armes létales. »

 

La vision exposée par le candidat au poste de secrétaire à la Défense a provoqué un intense débat dans les capitales européennes. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier a annoncé que la fourniture d’armes létales ne ferait qu’augmenter le nombre de victimes. « Il n’y a pas de solution militaire à ce conflit – je parle de cela et de nos amis américains qui envisagent l’envoi d’armes. Cela va conduire tout au plus à davantage de morts, » a expliqué le ministre allemand. La fourniture d’armes américaines aux USA conduirait à une escalade de la violence et à une détérioration ultérieure des relations USA-Russie.

 

Il y a tout juste un an, il était impossible d’imaginer que les Américains transformeraient l’Ukraine en une ligne de front où ils provoqueraient une guerre civile comme ils l’ont fait déjà en Irak, en Syrie et en Afghanistan. À l’inverse d’autres crises organisées par Washington ces 25 dernières années, celle en Ukraine a été provoquée par Washington à la frontière avec la Russie. Elle est utilisée pour une confrontation avec Moscou et sert de prétexte à l’augmentation du budget militaire.

 

Les États-Unis ont prévu de dépenser 789 millions de $ pour renforcer la présence de l’OTAN et de ses partenaires en Europe. Cet argent sera dépensé pour des exercices de l’OTAN ainsi qu’en armement et en équipements. L’Europe devra dépenser encore plus dans le même domaine. Ashton Carter a rappelé que l’Europe était de la plus haute importance pour les États-Unis, et a demandé [aux pays] de l’OTAN d’augmenter leurs dépenses militaires : « Ils doivent dépenser plus pour leur propre défense, car leur défense, c’est aussi la nôtre, » a commenté Carter lors de son audition devant la Commission sénatoriale des armées. Une formule bien familière. Les Américains ont toujours préféré faire payer leurs alliés pour leurs propres objectifs géopolitiques, et laisser aux autres le soin de combattre à leur place.

 

Le secrétaire de l’OTAN, le général Jens Stoltenberg est fier de voir que les activités de l’OTAN ont été multipliées par cinq depuis le début de la crise ukrainienne il y a un an, mais tout cela ne nous amène pas vers une solution au conflit. La résolution pacifique de cette confrontation ne pourra se faire qu’au travers du dialogue, et non par des menaces contre la Russie ou par l’extension de l’OTAN toujours plus vers l’Est.

 

 

 

Par Nikolai Bobkin (*) - source : Strategic-Culturetraduction : Christophe pour ilFattoQuotidiano.fr – le 12 février 2015

http://ilfattoquotidiano.fr/contre-qui-obama-sapprete-t-il-a-faire-la-guerre-en-europe/#more-2821

 

 

(*) Nikolai Bobkin : chercheur au Centre d’études politiques et militaires de Moscou.

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La guerre, la guerre, la guerre !!!

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La guerre, la guerre, la guerre !!!

 

En un discours de quelques secondes, François Hollande a répété ce mot on ne sait combien de fois. C’est voulu. Il veut nous sensibiliser à cette notion. Le mot n’est déjà plus tabou depuis un certain temps. Car, quoi qu’il arrive, M. Hollande a décidé qu’aucune guerre ne doit avoir lieu sans la France. Que ce soit en Syrie, en Afrique, en Afghanistan ou ailleurs, la France, depuis Sarkozy, s’est toujours retrouvée en première ligne, comme en Indochine ou à Suez.

 

Pendant que les Anglo-saxons poussent derrière, qu’Israël organise, mais fait profil bas dans l’action, que les autres partenaires rasent les murs, la France fait la bravache, n’étant suivie que par les écervelés de Pologne (encore une fois) et des petits bouts de terre des états baltes.

 

Les Français d’aujourd’hui savent-ils vraiment ce que c’est qu’une guerre, celle qui se passe hors des écrans de télé et des salles de cinéma ? Ils sont aujourd’hui comme les Syriens d’Alep en 2010, chantant et dansant, se mariant, faisant leurs études, voyageant d’un endroit à l’autre du pays, rencontrant proches et amis, vivant pleinement leur vie. Ils sont comme les Ukrainiens avant Maïdan, vivant dans un pays, certes en difficultés, mais heureux. Les Syriens et les Ukrainiens, se doutaient-ils que, du jour au lendemain, tout ce bonheur allait s’évanouir d’un coup, remplacé par le chaos ?

 

En cas de guerre avec la Russie, ce que les Européens n’excluent plus, la Syrie et l’Ukraine seront comme des paradis par rapport à ce que sera la France. Il ne faudra avoir aucun doute que cette fois les Russes ne s’arrêteront pas à Berlin. Il est tout aussi certain que l’Europe sera submergée en quelques jours. La petite armée française n’y suffira pas pour défendre le territoire. Combien de veuves et d’orphelins faudra-t-il compter pour se dire enfin « si nous avions su » ? Quand personne n’osera plus sortir de peur de recevoir un missile, quand il n’y aura plus d’électricité parce que les centrales seront HS, quand les trains seront à l’arrêt ou seront rares, quand les hôpitaux seront débordés, et quand enfin nous aurons sous les yeux ce que nous voyions à la télé concernant les enfants de Gaza ou du Donbass, peut-être dirons-nous : assez !, mais ce sera trop tard.

 

Hollande récite sa leçon en criant « la guerre, la guerre, la guerre… ». Avec Merkel, ils ont joué à Daladier et Chamberlain. On a vu ce que ça a donné il y a plus de 75 ans parce que la guerre était voulue, de la même manière qu’elle est voulue aujourd’hui. La France, comme naguère, est toujours le dindon de la farce. Ses grands amis indéfectibles anglo-saxons ont toujours misé gagnant sur la naïveté, voire la stupidité de ses chefs, et ça a toujours marché. Le gouvernement actuel ne donne pas de signes que cela changera ; ce sera même pire. Les dirigeants du pays ont défilé le 11 janvier en versant des larmes de crocodile pour 17 morts (que sont devenus les blessés ?), mais seraient prêts à verser le sang de dizaines, voire de centaines, de milliers de Français (au nom de quoi, déjà ?).

 

Comment peut-on comprendre cela ? En 1939, la France a déclaré la guerre à l’Allemagne pour sauver la Pologne dont elle se souciait comme d’une guigne. Aujourd’hui, elle pourrait vouloir renouveler cet exploit pour sauver l’Ukraine dont elle se soucie encore moins que de la Pologne. C’est simplement fascinant.

 

 

 

  

Par AvicRéseau International – le 9 février 2015

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Question de diplomatie

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La diplomatie étant un domaine très subtil, je vous laisse donc défaire les noeuds.  -  Duc


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Guantanamo est trop connu, il faut trouver mieux ! (partie 2/2)

Guantanamo est trop connu, il faut trouver mieux ! (partie 2/2) | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Guantanamo est trop connu,

il faut trouver mieux !

(partie 2/2)

 

Les États-Unis n’en finissent pas d’espionner, de torturer, et parfois en association avec le Royaume-Uni. Si on ajoute les Émirats Arabes Unis, c’est presque à croire que tous les pays qui se revendiquent « unis » sont les pires oppresseurs...
 Barak Obama avait annoncé qu’il fermerait Guantanamo. Récemment, un rapport sur la torture accablait les USA, qui gesticulaient pour essayer de surnager, en affirmant mensonges contre mensonges. 
Les faits sont pourtant là : Guantanamo n’a pas été fermée, même si certains « privilégiés » ont désormais droit à un procès ; Abou Graïb a été lâché par les Américains par obligation (avaient-ils désormais d’autres choix ?).
 En Afghanistan, la prison de Bagram a vécu le même destin que la précédemment citée (et pour les mêmes raisons). 
Alors : repenti ?
 Que nenni ! Déplacement des sites « hors législation » vers des pays non en guerre et hors de tout soupçon (Temara au Maroc) ou sur des îles hyperisolées (Ascencion et Guam, connues des initiés, et surtout Diego Garcia, base ultra-secrète). 
Et comme la perversion n’est jamais à court d’idées, ils ont trouvé encore mieux, comme vous pourrez le découvrir plus bas...

 


— suite de la partie 1 —


Châtrer l’île


Les 44 kilomètres de « Diego García » sentent l’absence. Sous son ciel, le grand absent est le caractère sacré de l’existence humaine. L’île est un territoire britannique d’outre-mer, situé dans l’archipel de Chagos, dans l’océan Indien. En 1966 un mariage parfait s’est produit entre les barbares. Le lieu — si beau qu’il semble un sourire de la nature — a été offert par l’Angleterre à l’Amérique du Nord, qui le voulait pour installer cette base militaire. C’était un échange ignominieux : la location pour cinquante ans de terres anglaises, en échange de quatorze millions de dollars et de missiles du sous-marin nucléaire « Polaris ». Musique, Maestro !


Mais — certes, il y avait une condition à respecter — à ce moment-là, plus tôt que tard, il fallait empêcher les « problèmes de population ». Il fallait désinfecter l’archipel, des êtres humains. 
Châtrer l’île. Lui couper les racines, clôturer la vie. À l’œuvre immédiatement, le Royaume-Uni a bloqué toute entrée d’aliments. Cette vieille et maléfique sorcière — la faim —, a fait sonner un concert d’estomacs vides, en même temps que les habitants commençaient à partir... ou à être éjectés. La destinée de ces exilés a été, et se trouve, dans les bidonvilles de l’ile Maurice.


Là, à plus de 200 kilomètres de la terre qui les a vus naître, les exilés rêvent autant de manger que de retourner à leur patrie dépatriée. Sauvagement, les 2.000 habitants nés dans l’île, ont été expulsés.


Un cas, qui résume beaucoup d’autres similaires, est celui de Marie Aimee, née et élevée à Diego García. En 1969 elle a emmené ses enfants à Port-Louis (Maurice), pour un traitement médical. Le gouvernement britannique ne lui a jamais permis de remonter sur le bateau pour rentrer et jamais plus elle n’a pu y retourner. Son mari est resté deux ans dans l’île puis il est arrivé à la rejoindre, avec seulement un sac et dans un état lamentable. Il avait été expulsé de sa terre.


Les histoires des autres milliers d’insulaires abandonnés sont terrifiantes ; exilés et humiliés, il sont été rassemblés dans des taudis, où ils vivaient dans des boîtes ou des huttes de fer - blanc. On s’était débarrassé d’eux avec des promesses mensongères de vacances gratuites dans des lieux de rêve. Il fallait les balayer de l’île : la stériliser de la présence de ses habitants.


La majorité des Chagossiens ont été arrêtés, expulsés de leurs foyers, littéralement « emballés » et déposés au fond d’embarcations, au milieu des cris et des pleurs ; avant, ils avaient vu exterminer leurs animaux domestiques et leur bétail. Ainsi, ils pouvaient bombarder plus facilement le Vietnam, le Laos et le Cambodge ; menacer la Chine lors de la Révolution culturelle, puis continuer avec le golfe Persique, l’Afghanistan, l’Irak, et... y a beaucoup plus. Ces barbares n’ont pas de cœur.


Et ce n’est pas tout ! Beaucoup sont morts de tristesse, se sont suicidés, ou sont devenus alcooliques, rêvant de la terre promise. Mais personne n’a abandonné l’idée de revenir à son île de coraux et de palmiers ; à l’île qui — tant qu’ils y ont vécu — n’était pas contaminée par les armes et la méchanceté. Dans le Times de Londres du 9 novembre 2007, l’une des Îloises a résumé : « C’était le paradis, nous étions comme des oiseaux libres, et maintenant nous sommes comme en prison ».


La Haute Cour britannique d’abord, puis la Cour d’appel, ont condamné l’expulsion comme étant illégale et ont donné à la population le droit de rentrer ; mais aucun gouvernement n’a voulu accomplir ces sentences. Et le Bureau des affaires Internes et Internationales du Royaume-Uni a dit en revanche qu’il n’y aurait pas de population indigène. Le droit à une citoyenneté était accordé uniquement aux mouettes.


Aujourd’hui, des 2 000 expulsés à l’origine, moins de 700 sont encore en vie. Les barbares jouent-ils à l’extinction finale ? 
Les USA ont loué l’île jusqu’en 2016. Et jusque-là, et après : quoi ? Dracula, Frankenstein et les euphémismes.


Et que dire de la prison de Diego García ? Diego García est le plus grand centre de tortures — appelées par euphémisme « interrogatoires » — pour les prisonniers considérés comme les plus « importants » par l’Empire. C’est là que le prisonnier Ibn Al-Sheikh Al-Libi a dû mentir, puisqu’il ne résistait pas au supplice auquel il était soumis. Il a dit, pour éviter qu’ils continuent de le lacérer, que Saddam Hussein était allié d’Al-Qaïda, et qu’il avait les fameuses armes de destruction massive dont on a tant parlé.


Certes, il a été démontré que ces armes n’existaient pas. Mais c’était les arguments dont George W. avait besoin, pour la guerre du pétrole : celle qu’il a lancée, affamée de dollars, avec l’excuse du « terrorisme » ; comme s’il avait été le sauveur du monde, alors qu’il l’anéantissait et c’est pourquoi, aujourd’hui on essaye de le juger. De par toute la planète, de plus en plus de voix se lèvent pour demander, précisément, qu’il soit présenté à la justice pour crimes contre l’humanité. 
La geôle de Diego García est connue sous le nom de « Camp Justice ». Encore un euphémisme. Et les six mille bases militaires mondiales des USA sont mentionnées comme « des traces » dans le jargon militaire américain. Parmi elles, Diego García a un nom qui ressemble à ne blague : « Trace de la liberté ». Les mots ont perdu leur sens. Entretemps, les transferts de prisonniers drogués, encagoulés et durement torturés, de là à Guantanamo, ont été courants. Des personnes captives transférées d’une horreur, à l’autre. De Diego García à Guantánamo. De Dracula, comme on l’a dit, à Frankenstein. Les 2.000 soldats yankees stationnés en permanence dans ce lieu sont la population centrale de Diego García. La torture a besoin d’une surveillance, voyons ! Par une ironie de la vie, les bannis étaient aussi 2000 : les armes remplacent la vie.


Les barbares nient tout, mais les preuves existent. Par exemple, celles d’ex-prisonniers qui, par un miracle, ont obtenu la liberté, et racontent comment ils ont été transférés à Guantanamo, ainsi que la frayeur des tortures, impossibles même à imaginer pour tout esprit humain. Par exemple, le témoignage fondé de l’historien britannique Andy Worthington, l’auteur de « The le Guantanamo files : the stories of the 774 detainees in America’s illegal prison » (« Les archives de Guantanamo : les histoires des 774 détenus dans la prison illégale de l’Amérique »).


Worthington raconte qu’« une personne honnête ayant accès à une information privilégiée », Barry McCaffrey, général américain en retraite et professeur prestigieux d’études de sécurité internationale, a reconnu à deux occasions qu’à Diego García des personnes accusées de terrorisme sont retenues ; de la même manière, il a reconnu que la même chose arrive à Bagram, Guantanamo, bien sûr, et en Irak. Pour sa part, Clive Stafford Smith, directeur de Reprieve, dont personne ne met le sérieux en doute, a assuré à The Guardian qu’il était catégorique : la présence de prisonniers dans l’île est certaine.


Aussi le conseiller des États (sénateur) suisse Dick Marty a confirmé en 2006 les « transferts extraordinaires » de détenus, de là vers Guantanamo. Dans un rapport remis au Conseil de l’Europe, il a certifié que, sous la responsabilité légale internationale du Royaume-Uni, les USA ont utilisé cet atoll de l’océan Indien comme prison secrète pour « des détenus de haute valeur ». Le rapporteur spécial sur la Torture des Nations Unies, Manfred Novak, l’a confirmé. Guantánamo semble être une priorité dans l’agenda de Barack Obama. Et Diego García ? Il est vrai que le président flambant neuf de la Maison-Blanche a trop de défis, de casse-têtes et de crises à résoudre, ainsi qu’une opposition conservatrice qui ne lui rend pas la tâche de gouverner facile. Mais a-t-il la volonté politique d’en finir avec cette abjection ? Pourra-t-il — et surtout voudra-t-il — aller contre les semailles de mort des barbares ?


Ils ont même trouvé mieux !
 Nous venons de parler des prisons américaines sur sol étranger. Déjà, ça, ça me tue qu’on l’accepte : vous imaginez, demain Vladimir Poutine qui viendrait ouvrir un centre de torturologie en Seine-et-Marne, pour ne pas être inquiété par la loi russe, et à peine inquiété par le droit international !
 Nous venons aussi de parler de bases secrètes, sur des îles, loin de tout et tout le monde : tranquille, quoi ! Qui va pouvoir le voir ? Un nageur hors pair ? Pas sûr que même excellent nageur, il ne se fasse pas flinguer par les systèmes de surveillance qui ne doivent pas manquer sur les plages.
 Eh oui, vous venez de deviner où est le meilleur endroit désormais, pour incarcérer illégalement, torturer jusqu’au suicide ou le faux aveu, obtenir ce que l’on veut, sous couvert de paranoïa, de complexe de dominance exacerbée, de vérité choisie, de pensée unique...

 



Les instituts de torturologie en mer
.


L’administration Obama a commencé en 2011 à interroger des terroristes importants à bord de navires de guerre de la United States Navy, cette détention en mer peut durer quelques mois avant qu’ils ne soient livrés à la justice. Ils sont interrogés par le High-Value Detainee Interrogation Group créé en 2009 et composé de membres des services de renseignement, des forces armées et du Département de la Justice.
 Et comme le dénonçait déjà en 2008, Fausto Della Porta, suite à un rapport de Reprieve :
« 17 Guantanamo flottantes »
. Pas une, mais 17 Guantanamo. Avec des prisonniers enfermés non pas sur une île, mais sur 17 navires de guerre. La dénonciation provient de l’ONG « Reprieve », d’après laquelle des navires de guerre étasuniens seraient utilisés comme prisons pour détenir, interroger — avec des méthodes proches de la torture — et déplacer de par le monde une partie des prisonniers capturés pendant la « guerre à la terreur ». Washington a immédiatement démenti le rapport.


Il avait déjà été question dans ces dernières semaines de la possibilité que les USA exploitassent des navires de guerre en déplacement pour cacher des détenus illégaux. Selon les éléments recueillis par l’ONG, au moins 200 cas de rendition — transferts illégaux dans des prisons secrètes délocalisées dans des pays où il est possible de pratiquer la torture – auraient été vérifiés depuis 2006. Et pourtant, il y a deux ans, le président Georges Bush avait assuré que de telles pratiques étaient finies.


Clive Stafford Smith, le responsable juridique de Reprieve, a déclaré au Guardian que les États-Unis « ont choisi les bateaux afin de garder leurs méfaits loin des yeux des médias et des avocats des associations humanitaires ; mais à la fin nous arriverons à réunir tous ces détenus fantômes et à faire valoir leurs droits ». « Les États-Unis – poursuit Smith — détiennent en ce moment, de leur propre aveu, 26.000 personnes dans leurs prisons secrètes, mais nos estimations sont qu’au moins 80.000, à partir de 2001, sont passées dans l’engrenage du système. Il est temps que l’administration US montre un engagement concret à respecter les droits humains ». Parmi les nombreux témoignages recueillis dans les documents de l’ONG britannique on peut lire celui d’un prisonnier de Guantanamo (où environ 300 musulmans restent prisonniers en régime de détention administrative, sans accusation formelle à leur charge) qui rapporte l’expérience d’un de ses voisins de cage : « Il me raconta qu’ils étaient une cinquantaine sur ce navire, enfermés au fond de la cale, et qu’ils étaient plus tabassés qu’à Guantanamo ».

 

Le rapport suspecte en outre que certains prisonniers fantômes aient transité par des structures de la base militaire de « Diego Garcia », dans l’océan Indien. Ce qui coïnciderait avec la reconnaissance partielle du ministre des Affaires Étrangères de Londres, David Miliband, qui avait dit en février dernier que deux avions étasuniens en mission de type « rendition » avaient fait escale dans cette base. « Pas à pas – a commenté Andrew Tyrie, président de la Commission parlementaire sur les missions torture –, la vérité sur les « renditions » voit le jour : ce n’est qu’une question de temps. Le gouvernement ferait mieux d’éclaircir ça immédiatement ».



Un porte-parole de la marine militaire étasunienne a cependant démenti les conclusions de Reprieve. « Il n’y a pas de prisons américaines » a dit le commandant Jeffrey Gordon au Guardian.


Mais c’est désormais un fait établi que les missions-torture étasuniennes aient été consolidées et soient de pratique commune : des bases secrètes de la CIA – dit le Guardian — opéraient en Roumanie, Pologne, Thaïlande et Afghanistan. « Toutes ces bases secrètes font partie d’un réseau global dans lequel les gens sont détenus indéfiniment, sans que des chefs d’accusation soient formalisés, et sont soumis à la torture – en violation totale de la Convention de Genève et de la Charte des droits de l’homme de l’ONU », avait dit Ben Griffin, ex-membre des forces spéciales britanniques. Griffin fut ensuite réduit au silence par le ministre de la Défense qui obtint, à ses dépens, une mise en demeure du Tribunal.

 

 

 

Par Chien Guevara - les7duquebec.com - le 18 juin 2015

 

 

Sources :

▪   http://fr.wikipedia.org/wiki

▪ http://www.liberation.fr/monde/2009/06/25/la-prison-de-bagram-un-guantanamo-afghan_566739

▪   http://www.slateafrique.com/1661/temara-bagne-torture-mohammed-vi

▪   http://ledefinitionmax.com/lettre-l/ile-de-lascension.php

▪   http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=7195&lg=fr

http://www.legrandsoir.info/17-Guantanamo-flottantes.html

Koter Info's insight:


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>>> Guantanamo est trop connu,

il faut trouver mieux !

(partie 1/2)

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La brûlante vérité d’Ilaria, journaliste assassinée

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La brûlante vérité d’Ilaria, 

journaliste assassinée

Par Manlio Dinucci (*)

 

La docufiction « Ilaria Alpi – L’Ultimo Viaggio » (« Ilaria Alpi-Le dernier voyage », visible sur le site de Rai Tre[1]) met en lumière, surtout grâce aux preuves découvertes par le journaliste Luigi Grimaldi, l’homicide de la journaliste et de son opérateur Miran Hrovatin le 20 mars 1994 à Mogadiscio. Ils ont été assassinés, dans un guet-apens organisé par la CIA avec l’aide de Gladio[2] et des services secrets italiens, parce qu’ils avaient découvert un trafic d’armes géré par la CIA à travers la flotte de la société Schifco, donnée par la Coopération italienne à la Somalie officiellement pour la pêche.

 

En réalité, au début des années 90, les navires de la Schifco étaient utilisés, avec des navires de Lettonie, pour transporter des armes étasuniennes et des déchets toxiques, y compris radioactifs, en Somalie, et pour approvisionner en armes la Croatie en guerre contre la Yougoslavie. Même si l’on n’en parle pas dans la docufiction, il s’avère qu’un navire de la Schifco, le 21 Oktoobar II (ensuite sous bannière panaméenne sous le nom de Urgull), se trouvait le 10 avril 1991 dans le port de Livourne où était en cours une opération secrète de transbordage d’armes étasuniennes revenues à Camp Darby après la guerre en Irak, et où se consomma la tragédie du Moby Prince dans laquelle moururent 140 personnes.

 

Sur le cas Alpi, après huit procès (avec la condamnation d’un Somalien jugé innocent par les parents mêmes d’Ilaria) et quatre commissions parlementaires, la vérité est en train de venir au jour : à savoir ce qu’Ilaria avait découvert et noté dans ses carnets, que les services secrets ont fait disparaître. Une vérité d’actualité brûlante, dramatique.

 

L’opération « Restore Hope », lancée en décembre 1992 en Somalie (pays de grande importance géostratégique) par le président Bush, avec l’assentiment du néo-président Clinton, a été la première mission d’« ingérence humanitaire ». Avec la même motivation, à savoir intervenir militairement quand est en danger la survie d’un peuple, ont été lancées les successives guerres USA/OTAN contre la Yougoslavie, l’Afghanistan, l’Irak, la Libye, la Syrie et d’autres opérations comme celles au Yémen et en Ukraine. Préparées et accompagnées, en costume « humanitaire », par des activités secrètes. Une enquête du New York Times (26 mars 2013 [3]) a confirmé l’existence d’un réseau international de la CIA qui, avec des avions qataris, jordaniens et saoudiens, fournit aux « rebelles » en Syrie, par la Turquie, des armes provenant aussi de la Croatie, qui rend ainsi à la CIA la « faveur » reçue dans les années 90.

 

Quand le 29 mai dernier le quotidien turc Cumhuriyet a publié une vidéo montrant le transit de ces armes à travers la Turquie, le président Erdogan a déclaré que le directeur du journal aller payer « un lourd prix ».

 

 

 

Il y a vingt et un ans Ilaria Alpi paya de sa vie la tentative de démontrer que la réalité de la guerre n’est pas seulement celle que l’on nous met sous les yeux.

 

Depuis lors la guerre est devenue de plus en plus « couverte ». Comme le confirme un reportage du New York Times (7 juin[4]) sur le « Team 6 », unité super secrète du Commandement USA pour les opérations spéciales, chargées des « meurtres silencieux ». Ses spécialistes « ont tramé des actions mortelles depuis des bases secrètes sur les calanques de la Somalie ; en Afghanistan ils se sont engagés dans des combats si rapprochés qu’ils sont rentrés trempés d’un sang qui n’était pas le leur », en tuant y compris avec des « tomahawks primitifs ». En utilisant « des stations d’espionnage dans le monde entier », en se camouflant en « employés civils de sociétés ou en fonctionnaires d’ambassades », ils suivent ceux que « les États-Unis veulent tuer ou capturer ». La « Team 6 » est devenue « une machine mondiale de chasse à l’homme ».

Les tueurs d’Ilaria Alpi sont encore plus puissants aujourd’hui.

Mais la vérité est dure à tuer.

 

 

 

Par Manlio Dinucci (*) - Édition de mardi 9 juin 2015 de il manifesto - traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio - mondialisation.ca – le 9 juin 2015.

 

(*) Manlio Dinucci est géographe et journaliste. Il a une chronique hebdomadaire « L’art de la guerre » au quotidien italien il manifesto. Parmi ses derniers livres : Geocommunity (en trois tomes) Ed. Zanichelli 2013 ; Geolaboratorio, Ed. Zanichelli 2014 ; Se dici guerra…, Ed. Kappa Vu 2014.

 

 

Notes :

[1] http://www.rai.tv/dl/RaiTV/programmi/media/ContentItem-77f45782-2361-40cd-a00a-1ede256a8794.html

[2] Sur le réseau Gladio voir notamment :

http://www.voltairenet.org/article162763.html ;

sur Mondialisation.ca, Les historiens, le 11-Septembre et les armées secrètes de Gladio par Daniele Ganser, 22 mai 2014.

[3] http://www.nytimes.com/2013/03/25/world/middleeast/arms-airlift-to-syrian-rebels-expands-with-cia-aid.html?_r=0

[4] http://www.nytimes.com/2015/06/07/world/asia/the-secret-history-of-seal-team-6.html?_r=0

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Une coalition sino-russo-iranienne opposée à l’OTAN débute-t-elle à Moscou ?

Une coalition sino-russo-iranienne opposée à l’OTAN débute-t-elle à Moscou ? | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photos :

1) le ministre russe de la Défense Sergey Shoigu (2e à dr.) et le ministre iranien de la Défense, le brigadier général Hossein Dehghan (2e à g.) à la 4e Conférence de Moscou sur la sécurité internationale (RIA Novosti / Iliya Pitalev)

2) de g. à dr. : Sergei Lavrov, ministre des Affaires étrangères, Sergei Shoigu, ministre de la Défense, Nikolai Patrushev, secrétaire au Conseil de sécurité et Valery Gerasimov, chef de l’état-major général, participant à la 4e Conférence de Moscou sur la sécurité (RIA Novosti / Iliya Pitalev)

 

 

 

Une coalition sino-russo-iranienne opposée

à l’OTAN débute-t-elle à Moscou ?

Par Mahdi Darius Nazemroaya (*)

 

La Conférence de Moscou sur la sécurité internationale, en avril, a été une occasion de faire savoir aux États-Unis et à l’OTAN que d’autres puissances mondiales ne les laisseront pas faire comme ils l’entendent.

 

Le thème portait sur les efforts communs de la Chine, de l’Inde, de la Russie et de l’Iran contre l’expansion de l’OTAN, renforcés par des projets de pourparlers militaires tripartites entre Pékin, Moscou et Téhéran.

 

Des ministres de la Défense et des responsables militaires venus du monde entier se sont réunis le 16 avril au Radisson Royal ou Hotel Ukraina, l’une des plus belles réalisations de l’architecture soviétique à Moscou, connue comme l’une des Sept sœurs construites à l’époque de Joseph Staline.

 

L’événement de deux jours, organisé par le ministère russe de la Défense était la quatrième édition de la Conférence annuelle de Moscou sur la sécurité internationale (CMSI/MCIS).

 

Des civils et des militaires de plus de soixante-dix pays, y compris des membres de l’OTAN, y ont assisté. À part la Grèce, toutefois, les ministres de la Défense des pays de l’OTAN n’ont pas participé à la conférence.

 

Contrairement à l’année dernière, les organisateurs de la CMSI n’ont pas transmis d’invitation à l’Ukraine pour la conférence de 2015. Selon le vice-ministre russe de la Défense Anatoly Antonov, « à ce niveau d’antagonisme brutal dans l’information par rapport à la crise dans le sud-est de l’Ukraine, nous avons décidé de ne pas envenimer la situation à la conférence et, à ce stade, nous avons pris la décision de ne pas inviter nos collègues ukrainiens à l’événement. »

 

À titre personnel, le sujet m’intéresse, j’ai suivi ce genre de conférences pendant des années, parce qu’il en émane souvent des déclarations importantes sur les politiques étrangères et de sécurité. Cette année, j’étais désireux d’assister à l’ouverture de cette conférence particulière sur la sécurité. À part le fait qu’elle avait lieu à un moment où le paysage géopolitique du globe est en train de changer rapidement, depuis que l’ambassade russe au Canada m’avait demandé en 2014 si j’étais intéressé à assister à la CMSI IV, j’étais curieux de voir ce que cette conférence produirait.

 

 

Le reste du monde parle : à l’écoute des problèmes de sécurité non euroatlantiques

 

La Conférence de Moscou est l’équivalent russe de la Conférence de Munich sur la sécurité qui se tient à l’hôtel Bayerischer Hof en Allemagne. Il y a cependant des différences essentielles entre les deux événements.

 

Alors que la Conférence sur la sécurité de Munich est organisée autour de la sécurité euroatlantique et considère la sécurité globale du point de vue atlantiste de l’OTAN, la CMSI représente une perspective mondiale beaucoup plus large et diversifiée. Elle représente les problèmes de sécurité du reste du monde non euroatlantique, en particulier le Moyen-Orient et l’Asie-Pacifique. Mais qui vont de l’Argentine, de l’Inde et du Vietnam à l’Égypte et à l’Afrique du Sud.  La conférence a réuni à l’hôtel Ukraina tout un éventail de grands et petits joueurs à la table, dont les voix et les intérêts en matière de sécurité, d’une manière ou d’une autre, sont par ailleurs sapés et ignorés à Munich par les dirigeants de l’OTAN et des États-Unis.

 

Le ministre russe de la Défense Sergey Shoigu, qui a un rang d’officier équivalent à celui d’un général quatre étoiles dans la plupart des pays de l’OTAN, a ouvert la conférence. Assis près de Shoigu, le ministre des Affaires étrangères Sergey Lavrov a aussi pris la parole, et d’autres responsables de haut rang. Tous ont parlé du bellicisme tous azimuts de Washington, qui a recouru aux révolutions de couleur, comme l’Euro-Maïdan à Kiev et la Révolution des roses en Géorgie pour obtenir un changement de régime.

 

Shoigu a cité le Venezuela et la région administrative spéciale chinoise de Hong Kong comme exemples de révolutions de couleur qui ont échoué.

 

Le ministre des Affaires étrangères Lavrov a rappelé que les possibilités d’un dangereux conflit mondial allaient croissant en raison de l’absence de préoccupation, de la part des États-Unis et de l’OTAN, pour la sécurité des autres et l’absence de dialogue constructif.

 

Dans son argumentation, Lavrov a cité le président américain Franklin Roosevelt, qui a dit :

« Il n’y a pas de juste milieu ici. Nous aurons à prendre la responsabilité de la collaboration mondiale, ou nous aurons à porter la responsabilité d’un autre conflit mondial» « Je crois qu’ils ont formulé l’une des principales leçons du conflit mondial le plus dévastateur de l’Histoire : il est seulement possible de relever les défis communs et de préserver la paix par des efforts collectifs, basés sur le respect des intérêts légitimes de tous les partenaires » , a-t-il expliqué à propos de ce que les dirigeants mondiaux avaient appris de la Seconde Guerre mondiale.

 

Shoigu a eu plus de dix réunions bilatérales avec les différents ministres et responsables de la Défense qui sont venus à Moscou pour la CMSI. Lors d’une réunion avec le ministre serbe de la Défense Bratislav Gasic, Shoigu a dit que Moscou considère Belgrade comme un partenaire fiable en termes de coopération militaire.

 

 

Une coalition sino-russo-iranienne : le cauchemar de Washington

 

Le mythe que la Russie est isolée sur le plan international a de nouveau été démoli pendant la conférence, qui a aussi débouché sur quelques annonces importantes.

 

Le ministre kazakh de la Défense Imangali Tasmagambetov et Shoigu ont annoncé que la mise en œuvre d’un système de défense aérienne commun entre le Kazakhstan et la Russie a commencé. Cela n’indique pas seulement l’intégration de l’espace aérien de l’Organisation du traité de sécurité collective, cela définit aussi une tendance. Cela a été le prélude à d’autres annonces contre le bouclier de défense antimissile de l’OTAN.

 

La déclaration la plus vigoureuse est venue du ministre iranien de la Défense Hossein Dehghan. Le brigadier général Dehghan a dit que l’Iran voulait que la Chine, l’Inde et la Russie s’unissent pour s’opposer conjointement à l’expansion à l’est de l’OTAN et à la menace à leur sécurité collective que constitue le projet de bouclier antimissile de l’Alliance.

 

Lors d’une réunion avec le ministre chinois des Affaires étrangères Chang Wanquan, Shoigu a souligné que les liens militaires de Moscou avec Beijing étaient sa « priorité absolue ». Dans une autre rencontre bilatérale, les gros bonnets de la défense iraniens et russes ont confirmé que leur coopération sera une des pierres angulaires d’un nouvel ordre multipolaire et que Moscou et Téhéran étaient en harmonie quant à leur approche stratégique des États-Unis.

 

Après la rencontre de Hossein Dehghan et la délégation iranienne avec leurs homologues russes, il a été annoncé qu’un sommet tripartite se tiendrait entre Beijing, Moscou et Téhéran. L’idée a été avalisée ensuite par la délégation chinoise.

 

Le contexte géopolitique change et il n’est pas favorable aux intérêts états-uniens. Non seulement l’Union économique eurasienne a été formée par l’Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan et la Russie au cœur postsoviétique de l’Eurasie, mais Pékin, Moscou et Téhéran – la Triple entente eurasienne – sont entrés dans un long processus de rapprochement politique, stratégique, économique, diplomatique et militaire.

 

L’harmonie et l’intégration eurasiennes contestent la position des États-Unis sur leur perchoir occidental et leur statut de tête de pont en Europe, et même incitent les alliés des États-Unis à agir de manière plus indépendante. C’est l’un des thèmes centraux examinés dans mon livre The Globalization of NATO [La mondialisation de l’OTAN].

 

L’ancien grand ponte états-unien de la sécurité Zbigniew Brzezinski a mis en garde les élites américaines contre la formation d’une coalition eurasienne « qui pourrait éventuellement chercher à contester la primauté de l’Amérique ». Selon Brzezinski, une telle alliance eurasienne pourrait naître d’une « coalition sino-russo-iranienne » avec Beijing pour centre.

 

« Pour les stratèges chinois, face à la coalition trilatérale de l’Amérique, de l’Europe et du Japon, la riposte géopolitique la plus efficace pourrait bien être de tenter et de façonner une triple alliance qui leur soit propre, liant la Chine à l’Iran dans la région golfe Persique/Moyen-Orient et avec la Russie dans la région de l’ancienne Union soviétique », avertit Brzezinski.

 

« Dans l’évaluation des futures options de la Chine, il faut aussi considérer la possibilité qu’une Chine florissante économiquement et confiante en elle politiquement – mais qui se sent exclue du système mondial et qui décide de devenir à la fois l’avocat et le leader des États démunis dans le monde – décide d’opposer non seulement une doctrine claire, mais aussi un puissant défi géopolitique au monde trilatéral dominant », explique-t-il.

 

C’est plus ou moins la piste que les Chinois sont en train de suivre. Le ministre Wanquan a carrément dit à la CMSI qu’un ordre mondial équitable était nécessaire.

 

La menace pour les États-Unis est qu’une coalition sino-russo-iranienne puisse, selon les propres mots de Brzezinski, « être un aimant puissant pour les autres États mécontents du statu quo ».

 

 

Contrer le bouclier antimissile des États-Unis et de l’OTAN en Eurasie

 

Washington érige un nouveau Rideau de fer autour de la Chine, de l’Iran, de la Russie et de leurs alliés au moyen de l’infrastructure de missiles des États-Unis et de l’OTAN.

 

L’objectif du Pentagone est de neutraliser toutes les ripostes défensives de la Russie et des autres puissances eurasiennes à une attaque de missiles balistiques US, qui pourrait inclure une première frappe nucléaire. Washington ne veut pas permettre à la Russie ou à d’autres d’être capables d’une seconde frappe ou, en d’autres termes, ne veut pas permettre à la Russie ou à d’autres d’être en mesure de riposter à une attaque par le Pentagone.

 

En 2011, il a été rapporté que le vice-premier ministre Dmitri Rogozine, qui était alors envoyé de Moscou auprès de l’OTAN, se rendrait à Téhéran pour parler du projet de bouclier antimissile de l’OTAN. Divers articles ont été publiés, y compris par le Tehran Times, affirmant que les gouvernements de Russie, d’Iran et de Chine projetaient de créer un bouclier antimissile commun pour contrer les États-Unis et l’OTAN. Rogozine, toutefois, a réfuté ces articles. Il a dit que cette défense antimissile était discutée entre le Kremlin et ses alliés militaires dans le cadre de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC).

 

L’idée de coopération dans la défense entre la Chine, l’Iran et la Russie, contre le bouclier antimissile de l’OTAN est restée d’actualité depuis 2011. Dès lors, l’Iran s’est rapproché pour devenir un observateur dans l’OTSC, comme l’Afghanistan et la Serbie.

 

Beijing, Moscou et Téhéran se sont rapprochés aussi en raison de problèmes comme la Syrie, l’Euro-Maïdan et le pivot vers l’Asie du Pentagone. L’appel de Hossein Dehghan à une approche collective par la Chine, l’Inde, l’Iran et la Russie contre le bouclier antimissile et l’expansion de l’OTAN, couplé aux annonces faites à la CMSI sur des pourparlers militaires tripartites entre la Chine, l’Iran et la Russie, vont aussi dans ce sens.

 

Les systèmes de défense aérienne russes S-300 et S-400 sont en cours de déploiement dans toute l’Eurasie, depuis l’Arménie et la Biélorussie jusqu’au Kamtchatka, dans le cadre d’une contre-manœuvre au nouveau Rideau de fer.  Ces systèmes de défense aérienne rendent beaucoup plus difficiles les objectifs de Washington de neutraliser toute possibilité de réaction ou de seconde frappe.

 

Même les responsables de l’OTAN et le Pentagone, qui se sont référés aux S-300 comme le système SA-20, l’admettent. « Nous l’avons étudié nous sommes formés pour le contrer depuis des années. Nous n’en avons pas peur, mais nous respectons le S-300 pour ce qu’il est : un système de missiles très mobile, précis et mortel », a écrit le colonel de l’US Air Force Clint Hinote pour le Conseil des relations étrangères basé à Washington.

 

Bien qu’il y ait eu des spéculations sur le fait que la vente des systèmes S-300 à l’Iran serait le point de départ d’un pactole provenant de Téhéran dû aux ventes internationales d’armes, résultat des négociations de Lausanne, et que Moscou cherche à avoir un avantage concurrentiel dans la réouverture du marché iranien, en réalité la situation et les motivations sont très différentes.

 

Même si Téhéran achète différentes quantités de matériel militaire à la Russie et à d’autres sources étrangères, il a une politique d’autosuffisance militaire et fabrique principalement ses propres armes. Toute une série de matériel militaire – allant des chars d’assaut, missiles, avions de combat, détecteurs de radar, fusils et drones, hélicoptères, torpilles, obus de mortier, navires de guerre et sous-marins – est fabriquée à l’intérieur de l’Iran. L’armée iranienne soutient même que leur système de défense aérienne Bavar-373 est plus ou moins l’équivalent du S-300.

 

La livraison par Moscou du paquet de S-300 à Téhéran est plus qu’une simple affaire commerciale. Elle est destinée à sceller la coopération militaire russo-iranienne et à renforcer la coopération eurasienne contre l’encerclement du bouclier antimissile de Washington. C’est un pas de plus dans la création d’un réseau de défense aérienne eurasienne contre la menace que font peser les missiles des États-Unis et de l’OTAN sur des pays qui osent ne pas s’agenouiller devant Washington.

 

 

Par Mahdi Darius Nazemroaya (*) (rt.com) – traduit de l’anglais par Diane Gilliard - arretsurinfo.ch – le 3 mai 2015

  23 avril 2015

 

 

(*) Mahdi Darius Nazemroaya est sociologue, un auteur primé et un analyste géopolitique.

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10 guerres, 10 médiamensonges

10 guerres, 10 médiamensonges | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Illustration : fr.forwallpaper.com


 

 

10 guerres, 10 médiamensonges

Par Michel Collon

 

Chaque guerre est précédée d’un grand médiamensonge…

Chaque grande guerre est « justifiée » par ce qui apparaîtra plus tard (trop tard) comme une désinformation.

 

Inventaire rapide..., (NDLGazette : mais non exhaustif) — Article daté du 16 mai 2008

 

***

 

1. VIETNAM (1964-1975) :

 

— MÉDIAMENSONGE : Les 2 et 3 août, le Nord-Vietnam aurait attaqué deux navires US dans la baie du Tonkin.

 

— CE QU’ON APPRENDRA PLUS TARD : L’attaque n’a jamais eu lieu. C’est une invention de la Maison-Blanche.

 

— VÉRITABLE OBJECTIF : Empêcher l’indépendance du Vietnam et maintenir la domination US sur la région.

 

— CONSÉQUENCES : Millions de victimes, malformations génétiques (Agent Orange), énormes problèmes sociaux.

 

 

2. GRENADE (1983) :

 

— MÉDIAMENSONGE : La petite île des Caraïbes est accusée de construire une base militaire soviétique et de mettre en danger la vie de médecins US.

 

— CE QU’ON APPRENDRA PLUS TARD : Entièrement faux. Le président US Reagan a fabriqué ces prétextes de toutes pièces.

 

— VÉRITABLE OBJECTIF : Empêcher les réformes sociales et démocratiques du Premier ministre Bishop (qui sera assassiné).

 

— CONSÉQUENCES : Répression brutale et rétablissement de la mainmise de Washington.

 

 

3. PANAMA (1989) :

 

— MÉDIAMENSONGE : L’invasion vise à arrêter le président Noriega pour trafic de drogue.

 

— CE QU’ON APPRENDRA PLUS TARD : Créature de la CIA, Noriega réclamait la souveraineté à la fin du bail du canal. Intolérable pour les USA.

 

— VÉRITABLE OBJECTIF : Maintenir le contrôle US sur cette voie de communication stratégique.

 

— CONSÉQUENCES : Les bombardements US ont tué 2.000 à 4.000 civils, ignorés des médias.

 

 

4. IRAK (1991) :

 

— MÉDIAMENSONGE : Les Irakiens auraient volé les couveuses de la maternité de Koweït-City

 

— CE QU’ON APPRENDRA PLUS TARD : Invention totale par une agence publicitaire payée par l’émir du Koweït, Hill & Knowlton.

 

— VÉRITABLE OBJECTIF : Empêcher que le Moyen-Orient résiste à Israël et acquière son indépendance envers les USA.

 

— CONSÉQUENCES : D’innombrables victimes par la guerre, puis un long embargo y compris sur les médicaments.

 

 

5. SOMALIE (1993) :

 

— MÉDIAMENSONGE : Monsieur Kouchner se « met en scène » comme héros d’une intervention humanitaire.

 

— CE QU’ON APPRENDRA PLUS TARD : Quatre sociétés US avaient acheté un quart du sous-sol somalien riche en pétrole.

 

— VÉRITABLE OBJECTIF : Contrôler une région militairement stratégique

 

— CONSÉQUENCES : Ne parvenant pas à la contrôler, les États-Unis maintiendront la région dans un chaos prolongé.

 

 

6. BOSNIE (1992 — 1995) :

 

— MÉDIAMENSONGE : La firme US Ruder Finn et Bernard Kouchner mettent en scène de prétendus camps serbes d’extermination.

 

— CE QU’ON APPRENDRA PLUS TARD : Ruder Finn et Kouchner mentaient. C’étaient des camps de prisonniers en vue d’échanges. Le président musulman Izetbegovic l’a avoué.

 

— VÉRITABLE OBJECTIF : Briser la Yougoslavie trop à gauche, éliminer son système social, soumettre la zone aux multinationales, contrôler le Danube et les routes stratégiques des Balkans.

 

— CONSÉQUENCES : Quatre années d’une guerre atroce pour toutes les nationalités (musulmans, serbes, croates). Provoquée par Berlin, prolongée par Washington.

 

 

7. YOUGOSLAVIE (1999) :

 

— MÉDIAMENSONGE : Les Serbes commettent un génocide sur les Albanais du Kosovo

 

— CE QU’ON APPRENDRA PLUS TARD :

Invention pure et simple de l’OTAN comme le reconnut Jamie Shea, son porte-parole officiel.

 

— VÉRITABLE OBJECTIF : Imposer la domination de l’OTAN sur les Balkans, et sa transformation en gendarme du monde. Installer une base militaire US au Kosovo.

 

— CONSÉQUENCES : Deux mille victimes des bombardements OTAN. Nettoyage ethnique du Kosovo par l’UCK, protégée de l’OTAN.

 

 

8. AFGHANISTAN (2001) :

 

— MÉDIAMENSONGE : Bush prétend venger le 11 septembre et capturer Ben Laden

 

— CE QU’ON APPRENDRA PLUS TARD : Aucune preuve que ce réseau existe. De toute façon, les talibans avaient proposé d’extrader Ben Laden.

 

— VÉRITABLE OBJECTIF : Contrôler militairement le centre stratégique de l’Asie, construire un pipeline permettant de contrôler l’approvisionnement énergétique de l’Asie du Sud.

 

— CONSÉQUENCES : Occupation de très longue durée, et forte hausse de la production et du trafic d’opium.

 

 

9. IRAK (2003) :

 

— MÉDIAMENSONGE : Saddam posséderait de dangereuses armes de destruction, affirme Colin Powell à l’ONU, éprouvette en main.

 

— CE QU’ON APPRENDRA PLUS TARD : La Maison-Blanche a ordonné à ses services de falsifier des rapports (affaire Libby) ou d’en fabriquer.

 

— VÉRITABLE OBJECTIF : Contrôler tout le pétrole et pouvoir faire chanter ses rivaux : Europe, Japon, Chine...

 

— CONSÉQUENCES : L’Irak plongé dans la barbarie, les femmes ramenées à la soumission et l’obscurantisme.

 

 

10. VENEZUELA - ÉQUATEUR  (2008 ?) :

 

— MÉDIAMENSONGE : Chavez soutiendrait le terrorisme, importerait des armes, serait un dictateur (le prétexte définitif ne semble pas encore choisi).

 

— CE QU’ON SAIT DÉJÀ : Plusieurs médiamensonges précédents se sont déjà dégonflés : Chavez tirant sur son peuple, Chavez antisémite, Chavez militariste... Mais la diabolisation continue.

 

— VÉRITABLE OBJECTIF : Les multinationales US veulent garder le contrôle du pétrole et des autres richesses de toute l’Amérique latine, ils craignent la libération sociale et démocratique du continent.

 

— CONSÉQUENCES : Washington mène une guerre globale contre le continent : coups d’État, sabotages économiques, chantages, développement de bases militaires près des richesses naturelles.

 

***

 

Bref, chaque guerre est précédée et « justifiée » par un grand médiamensonge. Et notre inventaire est loin d’être complet !

 

Empêcher les guerres, c’est démasquer ces médiamensonges le plus tôt possible et le plus largement possible…

 

 

 

Par Michel Collon – Investig’Action – le 11 juillet 2008


Koter Info's insight:


Raison pour laquelle, dans les médias, on tente de ridiculiser les lanceurs d'alertes appelés également conspirationnistes.


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La guerre civile arabe

La guerre civile arabe | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photos :

En haut : symboles de la lutte de Mouamar el-Kadhafi contre les islamistes, le leader libyen s’était entouré de gardes du corps féminins. Cependant, après l’avoir lynché et enterré, l’OTAN justifiait son crime vis-à-vis des opinions publiques occidentales en « révélant » que les amazones n’étaient que des prostituées aux mains d’un prédateur sexuel. Cette propagande était relayée par un livre, basé sur un seul et unique témoignage, de la « journaliste » du Monde, Annick Coljean.


En bas : Youssef al-Qaradâwî, leader des Frères musulmans et conseiller spirituel de la chaîne de télévision qatarie Al-Jazeera, s’est fait une spécialité de défendre la polygamie et le droit de battre ses femmes. Durant la campagne électorale de Mohamed Morsi, en Égypte, il intervint pour prêcher sur la place Tahrir du Caire que la priorité politique n’était pas de lutter contre Israël, mais de tuer les homosexuels. On le voit ici (au centre), invité d’honneur d’un meeting de « l’opposition modérée syrienne ».

 

 

 

La guerre civile arabe

Par Thierry Meyssan (*)

 

Reprenant un thème qu’il avait déjà abordé, Thierry Meyssan montre que, au-delà des stratégies des États, les peuples du monde arabe se divisent désormais en deux camps qui ne sont ni déterminés par des conflits de classe, ni par la Résistance au sionisme, ni même par des guerres de religion. L’affrontement qui est en train de se généraliser avec le bombardement du Yémen par l’Arabie saoudite fait apparaître un clivage sociétal que personne n’attendait : deux nouveaux camps émergent autour de la question des droits des femmes. 

 

L’Occident applaudit au bombardement du Yémen par l’Arabie saoudite et à la prise d’Idleb par al-Qaïda. Pourtant, officiellement, al-Qaïda serait une organisation terroriste anti-saoudienne responsable des attentats du 11-Septembre. Que se passe-t-il donc qui fait repasser les disciples d’Oussama Ben Laden du côté des « combattants de la liberté », comme jadis lorsqu’ils luttaient contre les Soviétiques en Afghanistan, au motif qu’ils ont pris Idleb à la Syrie de Bachar el-Assad ?

 

La réalité sur le terrain conforte malheureusement ce que j’écrivais dans ces colonnes, il y a deux semaines : la folie meurtrière qui s’est emparée de l’ensemble du monde arabe n’a rien à voir ni avec des classes sociales, ni avec des clivages idéologiques, ni avec des sensibilités religieuses. Depuis quatre ans, un grand nombre de gens se sont repositionnés, et ont changé de camp. Petit à petit, les choses se décantent et une nouvelle ligne de partage apparaît sans que les populations en aient conscience.

 

Durant les années 50, le monde arabe était divisé entre pro-États-Uniens et pro-Russes. Durant les années 90, il était divisé entre pro-Israéliens et Résistants. Mais la logique des intérêts étatiques fut brisée par George W. Bush et Dick Cheney au profit des intérêts des compagnies pétrolières. Nous recueillons aujourd’hui les fruits de la politique de Barack Obama.

 

Nous assistons à un déchaînement de violence des partisans de la polygamie contre ceux des droits des femmes. Les monarchies arabes et les Frères musulmans défendent une société dominée par les hommes, tandis que l’Iran et ses alliés défendent une société nouvelle, dans laquelle les hommes et les femmes sont maîtres de leur fécondité et égaux en droits. On peut tourner et retourner les faits dans tous les sens, il n’y a presque plus d’autre clivage entre les deux camps.

 

Deux visions du monde s’opposent.

 

Qu’ont en commun les cibles de l’Occident : Zinedine Ben Ali (Tunisie), Hosni Moubarak (Egypte), Mouamar el-Kadhafi (Libye), Bachar el-Assad (Syrie), Nouri al-Maliki (Irak), le cheikh Ali Salman (Bahrein), Abdul-Malik al-Houthi (Yémen) ? Rien, sinon qu’ils ont tous lutté contre la polygamie.

 

Qu’ont en commun les gouvernements soutenus par l’Occident : ceux des États membres du Conseil de coopération du Golfe et des Frères musulmans ? Ils sont tous favorables à la polygamie.

 

C’est aujourd’hui la seule et unique ligne de clivage qui traverse l’ensemble du monde arabe, à l’exception de l’Irak et de l’Égypte. Dans le premier pays, les États-Unis n’ont pas encore clairement choisi leurs partenaires. Officiellement, ils soutiennent Haider al-Abadi contre Daesh, mais la presse iranienne et irakienne a prouvé qu’ils jouent un double jeu et ont volontairement livré des armes à Daesh et tué des soldats irakiens. Quant au second État, le président al-Sissi hésite encore entre sa conception personnelle favorable aux droits des femmes et celle de son sponsor saoudien, dont l’argent est indispensable à l’économie de ce pays en faillite.

 

Des années de propagande nous ont bouché les yeux.

 

Nous pensons, à tort, que les codes vestimentaires iraniens sont équivalents de ceux des Saoudiens.

 

Pourtant, en Iran, les femmes sont devenues maîtresses de leur fécondité dès les premières années de la Révolution — c’est-à-dire avant les femmes de la plupart des États européens. Elles sont beaucoup plus nombreuses dans les universités que ne le sont les hommes et elles exercent les plus hautes responsabilités.

 

Au contraire, en Arabie saoudite, elles n’ont aucun droit par elles-mêmes.

 

Nous pensons, à tort, que le monde musulman est divisé entre sunnites et chiites qui se livrent une guerre sans merci.

 

Or, au Yémen, les Houthis, certes largement majoritaires au plan national, n’auraient pu prendre ni Sanaa, ni Aden, sans le soutien d’une puissante force sunnite, majoritaire dans ces deux villes.

 

Et ici, en Syrie, l’Armée arabe syrienne, soutenue par l’Iran contre les takfiristes, est composée à plus de 70 % de sunnites.

 

On peut être incrédule en voyant que la première réalisation de la « révolution » tunisienne — avant toute décision législative — a été d’organiser le retour de Rached Ghannouchi, un Frère musulman, qui proposa dès son arrivée de rétablir la polygamie.

 

On peut être stupéfait lorsqu’on a vu des membres du Baas syrien se retourner contre l’État ou encore des communistes yéménites se retourner contre leur parti et tous rejoindre al-Qaïda. Il suffit pourtant d’observer leurs familles pour comprendre pourquoi ils ont changé de camp.

 

Et que dire des vainqueurs libyens annonçant le rétablissement de la charia ?

 

Ces exemples surprenants sont fréquents, mais les passages du camp pro au camp anti-occidental sont beaucoup plus nombreux.

 

Comme toujours, les puissances coloniales se sont alliées aux forces qui ne pouvaient triompher sans leur aide, en l’occurrence les partisans d’un monde ancien. Bien sûr les États-Unis n’ont pas anticipé les conséquences de leurs choix. Leurs stratèges pensaient uniquement à leurs intérêts impérialistes à court terme. Aujourd’hui ils surfent sur des violences qu’ils ont provoquées, mais qui les dépassent comme elles dépassent les populations concernées.

Personne ne pourra éteindre le feu qui embrase le monde arabe parce que celui-ci a changé trop vite. Nul ne peut échapper à la question du droit des femmes.

 

L’Occident a débuté la production industrielle de préservatifs, en 1844, mais il aura fallu attendre l’épidémie de sida, un siècle et demi plus tard, pour que tous les États occidentaux en autorisent la publicité. Le diaphragme a été inventé en 1880 et le stérilet s’est répandu dans les années 1930, tandis que la pilule contraceptive est apparue dans les années 1950.

 

La maîtrise de la fécondité a profondément transformé la vie des couples hétérosexuels. Le mariage arrangé, qui était la norme en Occident jusqu’à la Première Guerre mondiale, a laissé la place au mariage d’amour, après la Seconde Guerre mondiale. Par conséquent, la société a accepté l’homosexualité qu’elle décrivait auparavant comme « contre nature », bien qu’elle soit attestée chez tous les mammifères étudiés et de nombreuses autres espèces [1].

 

Revenant en arrière depuis Mai 68, les sociétés occidentales sous l’influence de la « société de consommation » généralisent aujourd’hui les divorces multiples. Ce ne sont plus simplement les femmes, mais les deux sexes, qui sont considérés comme des produits consommables et jetables. Pour la première fois dans l’histoire humaine, la polygamie devient un fait de société, mais étalée dans le temps. On peut avoir autant de femmes ou d’époux que possible, pourvu qu’ils se succèdent.

 

Simultanément, les féministes, qui jadis luttaient pour libérer les femmes, s’acharnent souvent aujourd’hui à les enfermer à nouveau, mais dans des rôles masculins. Elles affirment que les deux sexes tout en étant différents l’un de l’autre sont absolument identiques et nient l’existence de personnes intersexuelles (dans un cas sur 700, les personnes ayant des organes génitaux féminins ne sont pas porteuses de chromosomes XX mais XXY, dans un cas sur 20 000, elles sont porteuses de chromosomes XY pourtant réputés masculins) [2].

 

C’est cette vision du monde qu’incarne aux États-Unis l’avocate féministe Hillary Clinton, devenue secrétaire d’État et grande ordonnatrice des « printemps arabes ». Cette idéologie triomphe en France avec le Parti socialiste et ses concepts de « mariage pour tous » et de « parité » : aux dernières élections aucun citoyen ne pouvait se présenter seul. Il était contraint de former un « binôme » avec un autre citoyen de sexe légal opposé.

 

Ce que l’Occident a difficilement vécu en près de deux siècles, le monde arabe l’a connu en une seule génération.

 

Si d’une manière générale, les partisans de l’Arabie saoudite sont des musulmans sunnites, tandis que ceux de l’Iran appartiennent à toutes les communautés religieuses, il existe de nombreuses exceptions qui ne s’expliquent que par leur attitude face à la contraception.

 

Au XIXe siècle, les Églises chrétiennes étaient violemment opposées à la contraception. En 1958, le pape Pie XII condamnait la pilule, tandis qu’en 2015, le pape François magnifie la « parentalité responsable » et dénonce les chrétiens qui « se reproduisent comme des lapins ». Il y a peu encore, l’Église catholique enseignait que l’homosexualité était un péché contraire au « plan de Dieu », tandis que le pape François déclare aujourd’hui qu’il ne saurait juger les homosexuels.

 

Pourtant, l’évolution des mentalités n’est pas encore finie puisque beaucoup de chrétiens considèrent encore l’avortement durant les premières semaines de grossesse comme un meurtre alors même que Saint Thomas d’Aquin, au XIIIe siècle, a démontré qu’un fœtus de quelques semaines ne pouvait pas être un être humain. Et le soutien apporté par quelques jeunes musulmans occidentaux à Daesh atteste que la bataille de la « parentalité responsable » n’est toujours pas gagnée en Europe.

 

Depuis quatre ans, j’analyse les stratégies des États face aux « printemps arabes », mais aujourd’hui je constate que les peuples n’obéissent plus à ceux qui les manipulaient. Les gens sont mus par une autre force, plus puissante encore, qui les possède aussi à leur insu, et les déchaîne.

 

 

  

Peut-être pourrions-nous relire notre propre histoire au vu de ce qui se passe aujourd’hui dans le monde arabe.

 

Nous constaterions alors avec la même stupeur que, durant la Seconde Guerre mondiale, les Alliés (Royaume-Uni, France libre, Union soviétique, États-Unis) étaient traversés par des mouvements féministes, et ont accordé des responsabilités aux femmes lorsque leurs hommes sont morts au combat.

 

Tandis que les puissances de l’Axe (Allemagne, Italie, État français, Japon) interdisaient strictement la contraception et ont persisté, malgré la nécessité, à tenir les femmes à l’écart de toute responsabilité.

 

 

 

Par Thierry Meyssan (*) - RÉSEAU VOLTAIRE INTERNATIONAL | DAMAS (SYRIE) | 30 MARS 2015

 

 

Notes :

[1] La difficulté réside dans le fait que, durant des siècles, les chercheurs occidentaux n’ont défini la sexualité animale que comme un comportement de reproduction, bien qu’Aristote ait observé des couples homosexuels de hyènes et de perdrix. Depuis les années 90, de nombreuses études ont été menées sur plus de 1 500 espèces. On trouve des résultats complètement différents si l’on prend en compte la parade nuptiale, l’affection, la vie en couple et l’éducation familiale. Biological Exuberance : Animal Homosexuality and Natural Diversity, Bruce Bagemihl, St. Martin’s Press (1999). En 2006, l’université d’Oslo organisait une exposition remarquable, Against Nature ? - an exhibition on animal homosexuality, faisant le point sur la question. Ces travaux ont conduit à une rediscussion de la théorie de l’évolution, des scientifiques comme Joan Roughgarden élaborant le concept de « sélection sociale » pour remplacer celui de « sélection sexuelle ». Evolution’s Rainbow : Diversity, Gender and Sexuality in Nature and People, University of California Press (2004).

[2] Il existe une très grande quantité de cas distincts qui vont d’une part des personnes ayant des caractéristiques biologiques des deux sexes sans que l’on puisse dire avec certitude auquel de ces sexes elles appartiennent à, d’autre part, des personnes dont le caryotype ne correspond pas à l’apparence physique. La seule chose claire, c’est que certains sujets ne sont ni exactement des hommes, ni exactement des femmes. 

 

(*) Thierry Meyssan : consultant politique, président fondateur du Réseau Voltaire et de la conférence Axis for Peace. Dernier ouvrage en français : L’Effroyable imposture : Tome 2, Manipulations et désinformations (éd. JP Bertand, 2007). Compte Twitter officiel.

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Ukraine/Donbass : les Américains se préparent à étendre le conflit

Ukraine/Donbass : les Américains se préparent à étendre le conflit | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Ukraine/Donbass : les Américains

se préparent à étendre le conflit

 

La situation sur la ligne de front du Donbass, dans l’ensemble, reste stable. Même si, à nouveau, il y a des violations du cessez-le-feu, essentiellement dans la zone de l’aéroport de Donetsk. Au sud, l’est de Mariupol, et plus particulièrement sur Shirokino, le secteur est toujours sous tension extrême. Pendant ce temps, l’OTAN se prépare à un affrontement direct avec les forces de la Fédération de Russie. Plusieurs milliers de GI’s sont annoncés en renforts dans les pays baltes, d’autres troupes de pays membres de l’Alliance devraient les y rejoindre d’ici peu. La marche vers une guerre régionale avance d’un pas cadencé.

 

Le régime de Kiev n’entend pas respecter les principaux points des accords de Minsk. Aucun échange de prisonniers de guerre n’a pu être réalisé, jusqu’alors, de manière satisfaisante, les frappes de l’artillerie ukrainienne perdurent et montrent que le retrait des moyens lourds de la part des Ukrainiens n’est qu’une vue de l’esprit, comme le retrait de l’ensemble de ses forces de la ligne de contact.


Les forces de Nouvelle Russie viennent d’augmenter leurs capacités militaires en hommes, de 60.000 à 70.000 unités, en plus d’une réserve de 20.000 combattants. Les brigades des FAN se renforcent et se structurent, on s’entraîne aussi pour les combats du printemps qui arrive à grands pas. Car, n’en doutons pas : le plus dur reste encore à venir. En face, Kiev continue d’accumuler des renforts sur des points clés comme Volnovakha, Kostantinovka, Kramatorsk-Slaviansk, Lisichansk-Severodonetsk et bien entendu Artemovsk. Sur cette dernière agglomération au niveau du front nord, on signale d’inquiétantes concentrations de forces ukrainiennes : il y a actuellement plus de 200 véhicules blindés, une batterie de 9 lanceurs Uragan et plusieurs batteries d’artillerie de 122 et de 152 mm.

 

 

 

.


Les États-Unis se préparent à attaquer la Russie par la Baltique

 

L’armée des États-Unis a commencé à déployer 3.000 soldats dans les pays baltes. Près de 750 véhicules et équipements sont arrivés par bateau à Riga dans le cadre de ce déploiement de la 3e division d’infanterie américaine. Un premier détachement de 300 hommes est arrivé, mais au total 3.000 GI’s vont être dépêchés sur place dans les prochaines semaines.

 

Le déploiement doit durer environ 90 jours, dans un exercice multinational du 17 mai au 6 juin. Les équipements comprennent notamment des chars M1A2 Abrams, des véhicules de combat Bradley M2 et M3, et des Humvees, ainsi que des hélicoptères et une unité de reconnaissance du 1st Squadron du 91 st Cavalry Regiment (173 rd Airborne Brigade Combat Team).

 

Il s’agit en fait pour l’essentiel d’éléments de l’US Army qui étaient, il y a encore quelques mois, déployés en Afghanistan. Le retrait d’Afghanistan, comme nous le pressentions alors, était bien un moyen de redéployer des forces contre la Russie. Précédemment, des éléments américains de la 1st Cav. Div. (1 st Brig. Combat Team) montés sur Strickers ont été déployés en Estonie, en compagnie de forces hollandaises et britanniques.

 

Le déploiement s’inscrit dans le cadre de l’opération Atlantic Resolve (Détermination atlantique), lancée par les États-Unis dans le cadre de l’OTAN pour prépositionner des forces à quelque 150 km de Saint-Pétersbourg.

 

Début février, alors que l’armée du régime de Kiev subissait sa troisième déroute en 9 mois, l’OTAN a décidé de se renforcer sur son flanc oriental en créant une nouvelle force de 5.000 hommes rapidement mobilisable et six centres de commandement en Europe de l’Est, à proximité de la Russie, notamment en Estonie, en Lituanie et en Lettonie.

 

L’opération Atlantic Resolve devrait s’étendre à l’ensemble des anciens pays membres du pacte de Varsovie : notamment en Pologne, en Bulgarie, en Roumanie. L’Air Force Base de Spangdahlem en Allemagne est naturellement pleinement mobilisée pour ses moyens logistiques, mais aussi par la présence d’une douzaine d’A/OA-10 du 354 th Fighter Squadron « Bulldogs ».

 

 


 

 

Signalons en outre le déploiement très prochainement d’un bataillon de la 173rd Airborne Brigade Combat Team en Galicie pour la formation et l’encadrement des paramilitaires. L’équipement militaire que l’OTAN achemine en ce moment dans les pays baltes est susceptible d’être, dans les deux prochains mois, transféré à l’Ukraine.

 

 

 

 

Shirokino sous le feu

 

Outre quelques accrochages au nord-ouest de Lugansk, sur la zone de Donetsk et sur le nord-ouest de Gorlovka, toujours avec des tirs de l’artillerie ukrainienne, l’essentiel des affrontements se concentre encore à l’est de Mariupol, sur Shirokino.

 

Après des affrontements d’hier qui ont duré presque toute la journée et une partie de la nuit, l’intensité des combats semble s’être maintenue. On signalait dans la matinée des frappes sporadiques de mortiers de 120 sur le village.


Contrairement à ce qu’affirme Kiev, et bien entendu la presse occidentale, il n’y a pas de menace des forces républicaines sur le « secteur M ». Le commandement opérationnel à Mariupol (« secteur M ») a assuré ce matin que « la situation est entièrement contrôlée, il n’y a pas menace contre Mariupol ».

 

 

 

 

Suicides en série

 

Dans l’Ukraine « proeuropéenne » et béhachélisée, on remarque, ces derniers temps, une surprenante augmentation des « suicides » chez les anciens partisans de Yanoukovitch.

  1. Hier encore, le député Stanislav Melnik, du parti des Régions, a été retrouvé suicidé « de manière soudaine » à 53 ans, selon l’expression des médias kiéviens. C’est le sixième prétendu suicide en deux mois, les cinq autres étant :
  2. 26 janvier : Mykola Serhiyenko, ancien patron d’Ukrzaliznytsia, nommé par l’ex Premier ministre Azarov, « s’est tiré une balle avec un fusil »
  3. 29 janvier : Oleksiy Kolesnyk, ex-chef du gouvernement régional de Kharkov, « s’est pendu »
  4. 25 février : Sergey Walter, ex-maire de Melitopol (parti des Régions), « s’est pendu »
  5. 26 février : Oleksandr Bordyuh, ex-chef adjoint de la police de Melitopol, « s’est pendu »
  6. 28 février : Mykhaylo Chechetov, vice-président du parti des Régions, « a sauté par la fenêtre de son appartement » (il devait y avoir pénurie de corde…)

 

À qui le tour ?

 

 

Par Jacques FrèreNationsPresse.info – le 10 mars 2015

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Les US échoueront même à échouer

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Les US échoueront même à échouer

Par Dmitry Orlov (*)

 

« En regardant ce vaste paysage d’échecs, il y a deux façons de l’interpréter. La première est que l’administration des États-Unis est la plus incompétente que l’on puisse imaginer, et ne peut jamais obtenir quoi que ce soit de correct. Mais une autre façon est qu’ils ne réussissent pas pour une raison très différente : ils ne réussissent pas parce que les résultats ne comptent pas... Mais si, de fait, les échecs ne sont pas un problème du tout, et si à la place il y avait une sorte de pression à l’échec, nous verrions alors exactement ce que nous ne voyons. »

 

Balayant les titres de la presse mainstream occidentale, puis regardant attentivement derrière le miroir sans tain pour les comparer avec les allées et venues réelles, on peut avoir l’impression que les propagandistes de l’Amérique, et de tous ceux qui suivent dans leur sillage, poussent de toutes leurs forces pour concocter des justifications pour une action militaire quelle qu’elle soit, que ce soit pour fournir des armes à l’armée ukrainienne largement défunte, ou pour un défilé de matériels et de troupes militaires des États-Unis mis en scène dans la ville presque entièrement russe de Narva, en Estonie, à quelques centaines de mètres de la frontière russe, ou pour mettre des conseillers américains en danger dans certaines parties de l’Irak principalement contrôlées par des militants islamistes.

 

Les efforts acharnés pour attiser l’hystérie comme au temps de la guerre froide sous le nez d’une Russie autrement préoccupée, mais essentiellement passive, semblent hors de proportion avec la menace militaire réelle posée par la Russie. (Oui, en Ukraine, les bénévoles et des munitions filtrent à travers la frontière russe, mais c’est tout.)

 

Plus au sud, les efforts visant à renverser le gouvernement de la Syrie, en aidant et en armant les islamistes radicaux semblent avoir beaucoup de ratés. Mais c’est un scénario bien connu, n’est-ce pas ? Que l’engagement militaire américain de mémoire récente n’ait abouti qu’à des fiascos ? Peut-être que l’échec n’est pas seulement une option, mais plus une nécessité ?

 

Passons-les en revue.

 

  • L’Afghanistan, après la plus longue campagne militaire de l’histoire des États-Unis, a été rendu aux talibans.
  • L’Irak n’existe plus en tant que nation souveraine, elle est fracturée en trois morceaux, l’un d’eux contrôlé par des islamistes radicaux.
  • L’Égypte a été démocratiquement réformée en une dictature militaire.
  • La Libye est un état moribond en pleine guerre civile.
  • L’Ukraine sera bientôt dans un état semblable ; elle a été réduite à la pauvreté en un temps record, moins d’une année.
  • Un renversement récent du gouvernement a sorti le Yémen de la sphère d’influence des États-Unis.
  • Plus près de nous, les choses vont si bien dans les pays d’Amérique centrale dominés par les US, le Guatemala, le Honduras et El Salvador, qu’ils ont produit un flot de réfugiés, tous essayant d’entrer aux États-Unis dans l’espoir d’y trouver un sanctuaire.

 

En regardant ce vaste paysage d’échecs, il y a deux façons de l’interpréter.

 

La première est que l’administration des États-Unis est la plus incompétente que l’on puisse imaginer, et ne peut jamais obtenir quoi que ce soit de correct.

 

Mais une autre façon de voir est qu’ils ne réussissent pas pour une raison très différente : ils ne réussissent pas parce que les résultats ne comptent pas. Vous voyez, si l’échec était un problème, alors il y aurait une sorte de pression venant de quelque part au sein de l’establishment, et la pression pour réussir pourrait donner sporadiquement lieu à une amélioration des performances, menant à au moins quelques succès. Mais si, de fait, les échecs ne sont pas un problème du tout, et si à la place il y avait une sorte de pression à l’échec, nous verrions alors exactement ce que nous ne voyons.

 

On peut aussi remarquer que c’est la portée limitée de l’échec [l’échec de l’échec en somme, Note du Saker Fr] qui constitue un problème. Cela expliquerait les récentes rodomontades en direction de la Russie, l’accusant d’ambitions impériales (Russie qui n’est pas intéressée par des gains territoriaux), la diabolisation de Vladimir Poutine (qui est efficace et populaire) et les provocations le long de diverses frontières de la Russie (en laissant la Russie se sentir vaguement insultée, mais plus généralement indifférente).

 

On peut faire valoir que toutes les précédentes victimes de la politique étrangère des États-Unis, comme l’Afghanistan, l’Irak, la Libye, la Syrie, et même l’Ukraine, sont trop petites pour produire un échec assez grand pour satisfaire le goût de l’Amérique pour l’échec. La Russie, d’un autre côté, surtout quand on est incité à penser qu’il se lève une sorte de fascisme nouveau à la sauce américaine, à la capacité de fournir aux États-Unis un échec de politique étrangère qui éclipserait tous les précédents.

 

Des analyses ont proposé une variété d’explications pour le militarisme hyperactif et surdimensionné de l’Amérique.

 

Voici les trois premiers :

 

1. Le gouvernement américain a été soumis au complexe militaro-industriel, qui demande à être financé généreusement. Les justifications sont créées artificiellement pour atteindre ce résultat. Mais il semble y avoir une sorte de pression pour fabriquer effectivement des armes et avoir des armées sur le terrain. Est-ce que ça ne serait pas beaucoup plus rentable d’atteindre l’échec total simplement en volant tout l’argent sans passer par la construction réelle des systèmes d’armes ? [c’est fait en partie, Note du Saker Fr] Donc il doit y avoir quelque chose d’autre.

 

2. La posture militaire américaine est conçue pour assurer une domination totale de l’Amérique sur l’ensemble de la planète. Mais domination totale sonne un peu comme succès, alors que ce que nous voyons est un échec complet. Encore une fois, cette histoire ne correspond pas aux faits.

 

3. Les actes militaires des États-Unis pour défendre le statut du dollar américain comme monnaie de réserve mondiale. Sauf que le dollar américain est lentement mais sûrement en train de perdre son attractivité en tant que monnaie de réserve, comme en témoignent la Chine et la Russie agissant aussi rapidement que possible pour se débarrasser de leurs réserves en dollars américains, et stocker de l’or à la place. De nombreux autres pays ont conclu des accords entre eux pour cesser d’utiliser le dollar américain dans le commerce international. Le fait est qu’on n’a pas besoin d’un énorme potentiel militaire pour vider sa monnaie nationale dans les toilettes, donc, une fois de plus, quelque chose d’autre doit se passer.

 

Il y a beaucoup d’autres explications possibles, mais aucune d’entre elles n’explique le fait que le but de tout ce militarisme semble être de parvenir à l’échec.

 

Peut-être une explication plus simple suffirait ? Que diriez-vous de celle-ci ?

 

Les États-Unis ont abandonné leur souveraineté à une clique d’oligarques financiers. N’ayant plus personne à qui répondre de ses actes, cette oligarchie américaine (et dans une certaine mesure internationale) a ruiné la situation financière du pays, en augmentant la dette jusqu’à des niveaux stupéfiants, détruisant l’épargne et les retraites, avilissant la monnaie et ainsi de suite.

L’inévitable fin du jeu est que la Réserve fédérale des États-Unis (avec les banques centrales des autres pays développés) finira par acheter toutes les dettes souveraines avec l’argent qu’ils impriment à cet effet et, au bout du compte, cela conduira inévitablement à l’hyperinflation et à la faillite nationale. Un ensemble très particulier de conditions a empêché ces deux événements d’avoir lieu jusqu’à ce jour, mais cela ne signifie pas qu’ils ne se produiront pas, parce que c’est ce qui arrive toujours, tôt ou tard.

 

Maintenant, supposons qu’une oligarchie financière ait pris le contrôle du pays, et, comme elle ne peut pas contrôler ses propres appétits, elle est en cours d’effondrement. Alors, il serait logique pour elle d’avoir une sorte de plan de sauvegarde pour le jour où tout le château de cartes financier s’écroulera. Idéalement, ce plan aurait pour effet de mettre fin à toute chance de révolte des masses opprimées, et de permettre à l’oligarchie de maintenir sa sécurité et sa richesse. En temps de paix, c’est possible aussi longtemps qu’elle peut apaiser la populace avec du pain et des jeux, mais quand une calamité financière provoque un crash économique, le pain et les jeux deviennent rares, et la solution de repli à portée de main, c’est la guerre.

 

N’importe quelle justification pour la guerre fera l’affaire, qu’il s’agisse de terroristes étrangers ou nationaux, du croquemitaine russe, ou d’extraterrestres hallucinés. Le succès militaire n’est pas important, parce que l’échec est encore mieux que le succès pour maintenir l’ordre, car il permet de forcer l’ordre grâce à diverses mesures de sécurité. Plusieurs pistes sont explorées et ont été testées, telles que l’occupation militaire de Boston à la suite des attentats et la mise en scène sur le marathon de Boston. L’infrastructure de surveillance et le complexe industriel des prisons partiellement privatisé sont déjà en place pour enfermer les indésirables. Un échec vraiment énorme fournirait la meilleure justification pour mettre l’économie sur le pied de guerre, imposant la loi martiale, la répression de la dissidence, interdisant les activités politiques extrémistes et ainsi de suite.

 

Voilà à quoi nous devrions peut-être nous attendre. L’effondrement financier est déjà tout cuit, et ce n’est qu’une question de temps avant que cela n’arrive effectivement et précipite l’effondrement commercial lorsque les chaînes d’approvisionnement mondiales cesseront de fonctionner.


L’effondrement politique peut être évité, et sa meilleure façon de résister sera de commencer le plus grand nombre possible de guerres, afin de tisser, en toile de fond, une multitude d’échecs servant de justification à toutes sortes de mesures d’urgence, qui toutes n’ont qu’un seul objectif : supprimer la rébellion et garder l’oligarchie au pouvoir.

Hors des États-Unis, il semblera que les Américains détruisent tout : des pays, des infrastructures, des passants innocents, et eux-mêmes (figurez-vous, apparemment cela fonctionne aussi). De l’extérieur, regardant dans la salle des miroirs sans tain de l’Amérique, cela ressemblera à un pays devenu fou ; mais il y ressemble déjà de toute façon. Et à l’intérieur de la salle des miroirs, cela ressemblera à de vaillants défenseurs de la liberté qui luttent contre les ennemis implacables du monde entier. La plupart des gens resteront dociles et agiteront juste leurs petits drapeaux.

 

Mais je m’aventurerai à parier qu’une défaillance se produira à un certain moment se traduisant par un méta-échec : l’Amérique échoue même à l’échec. J’espère qu’il y a quelque chose que nous pouvons faire pour aider ce méga échec de l’échec à se produire le plus vite possible.

 

 

Par Dmitry Orlov (*) –  Source ClubOrlov - traduit par Hervé, relu par jj et Diane pour le Saker Francophone - le 4 mars 2015. 

 

(*) Dmitry Orlov est un ingénieur et écrivain russo-américain ; il est né à Leningrad et a immigré aux États-Unis à l’âge de douze ans. Il a été témoin de l’effondrement soviétique lors de plusieurs visites prolongées sur sa terre natale russe entre la fin des années 1980 et le milieu des années 1990. Il est ingénieur et a contribué à des champs aussi variés que la physique des hautes énergies et la sécurité informatique. (Source Wikipédia)


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1600 milliards de dollars

1600 milliards de dollars | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Depuis les attentats du 11 septembre 2001, les Etats-Unis ont dépensé au moins 1600 milliards de dollars dans la lutte contre le terrorisme, au Moyen-Orient, en Amérique du Nord et aussi en Afrique, a révélé un rapport du Congrès.


Avec 350.000 personnes tuées, le coût humain de l’invasion de l’Afghanistan puis de l’Irak est aussi extrêmement élevé.


Ces centaines de milliards de dollars ont principalement bénéficié à l’industrie de l’armement et aux sociétés militaires privées.


Et pour quels résultats alors que le Moyen-Orient continue de sombrer dans la guerre, le terrorisme et la pauvreté ?


Source et suite de l'article : Basta


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L’Âge d’Or des « Opérations noires » par NICK TURSE (Partie 2/2)

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L’Âge d’Or des « Opérations noires » 

(Partie 2/2)

Par Nick Turse 


Les Missions d’Opérations Spéciales ou « Opérations noires » (opérations couvertes par le gouvernement des États-Unis, à caractère clandestin et qui sont contraires à la loi) existent dans déjà 105 pays en 2015...

 

 

Un monde d’opportunités

 

Cependant, les déploiements dans le continent africain n’expliquent qu’en partie l’augmentation de la portée du commandement des opérations spéciales en outremer. Alors que la présidence de G. Bush touchait à sa fin, les forces d’opérations spéciales auraient été déployées dans près de 60 pays. D’après Karen DeYoung et Greg Jaffe du Washington Post, ce nombre serait passé à 75 pays en 2010. En 2011, le porte-parole de la SOCOM le colonel Tim Nye déclarait à TomDispatch que 120 pays seraient concernés à la fin de cette même année. Ensuite, en 2013, Robert Bockholt affirmait que ce nombre montait à 134 pays. Sous le commandement de McRaven et Votel en 2014, toujours d’après Bockholt, il y aurait eu une légère diminution à 133 pays. Cependant, le secrétaire à la défense Chuck Hagel faisait remarquer que sous le commandement de McRaven (août 2011-août 2014), les forces d’opérations spéciales étaient déployées dans plus de 150 nations différentes ;

 

« En fait, le SOCOM et l’armée américaine dans son ensemble n’ont jamais été aussi impliqués ; toujours dans des lieux différents et dans des missions très variées », a-t-il déclaré lors d’un discours en 2014.

 

Et ce n’était pas une plaisanterie : d’après Bockholt, au cours des deux premiers mois de l’année fiscale 2015, les forces d’opérations spéciales étaient déjà déployées dans 105 pays.

 

Le SOCOM a refusé de s’exprimer sur la nature de ses missions ou sur les avantages d’être présent dans autant de pays. Le commandement n’a même pas voulu nommer un seul pays où les États-Unis ont déployé leurs forces au cours des trois dernières années. Toutefois, un aperçu de quelques opérations, activités et exercices qui ont été mis à jour présente le commandement comme un « globe-trotter » qui cherche toujours à s’allier avec les forces dans chaque recoin de la planète.

 

En janvier et en février, des membres du 7e groupe de forces spéciales et le 160e régiment d’aviation des opérations spéciales se sont entraînés dans le cadre du Joint Combined Exchange Training (4) pendant un mois avec des forces armées de Trinidad et Tobago, pendant que des troupes du 353e groupe d’opérations spéciales rejoignaient les membres de la force aérienne royale thaïlandaise pour des exercices de sauts en parachute à Udon Thani en Thaïlande. En février et en mars, les bérets verts du 20e groupe des forces spéciales se sont entraînés avec les troupes d’élite en République Dominicaine dans le cadre du Joint Combined Exchange Training (JCET).

 

En mars, des membres du Commandement des opérations spéciales de la marine et l’unité 1 de guerre navale ont participé à des opérations à bord du navire de guerre à missile-guidé, l’USS Cowpens, dans le cadre de Multi-Sail 2014, un exercice annuel mis en place afin de maintenir « la sécurité et la stabilité dans le bassin indopacifique. » Dans le courant du même mois, des soldats d’élite, des marins et des aviateurs ont participé à l’exercice appelé Fused Response avec des membres de l’armée bélizienne.

 

« Des exercices comme celui-ci forgent les rapports entre les forces américaines et béliziennes », affirmait le lieutenant-colonel de la force aérienne Heber Toro.

 

En avril, des soldats du 7e groupe des forces spéciales ont effectué des sauts en parachute avec les forces honduriennes sur la base aérienne de Soto Cano. Ils ont également mené des opérations secrètes dans le sud de l’Afghanistan au printemps 2014. En juin, des membres du 19e groupe d’opérations spéciales ont mené une JCET en Albanie, pendant que des opérations lancées par la Delta Force avaient lieu en Afghanistan afin de libérer le sergent Bowe Bergdalh. Les commandos de la Delta Force ont également enlevé Ahmed Abu Khattal, soupçonné d’avoir mené les attentats terroristes de 2012 à Benghazi (en Libye) qui avait causé la mort de quatre Américains ; dans le même temps, les bérets verts étaient déployés en Irak en tant que conseillers dans le combat contre l’État islamique.

 

En juin et en juillet, 26 membres du 522e escadron des forces d’opérations spéciales ont mené une mission d’une durée de 4 semaines et qui s’étendait sur les cinq continents, notamment au Sri Lanka, la Tanzanie et le Japon, parmi d’autres pays, où ils ont dû escorter trois « avions à un endroit situé dans le Pacific Area of Responsability. » (5)

 

En juillet, les forces américaines se sont rendues à Tolemaida, en Colombie, afin d’affronter les troupes d’élite provenant de 16 autres pays (lors d’épreuves tels que la traque à l’aide d’un sniper, tirs sur cible et course d’obstacles) dans le cadre de la compétition annuelle appelée Fuerzas Comando.

 

En août, des soldats du 20e groupe des forces spéciales ont conduit une JCET avec des unités d’élite du Suriname. « Nous avons beaucoup progressé ensemble en un mois. Si nous devions coopérer ensemble à l’avenir, nous savons que nous avons des amis et des partenaires sur qui l’on peut compter », déclare un sous-officier appartenant à cette unité. En Irak, les bérets verts ont mené une mission de reconnaissance sur le Mont Sinjar dans le but de protéger les Yazidis des militants de l’État islamique ; dans le même temps, les commandos de la Delta Force ont attaqué une raffinerie de pétrole au nord de la Syrie afin de sauver le journaliste américain James Foley et les autres otages capturés par le même groupe (État islamique). La mission s’est soldée par un échec cuisant et Foley a été violemment exécuté peu après.

 

En septembre, près de 1200 membres des opérations spéciales et de l’équipe de soutien ont rejoint les troupes d’élite de pays tels que les Pays-Bas, la République Tchèque, la Finlande, la Grande-Bretagne, la Lituanie, la Norvège, la Pologne, la Suède et la Slovénie, dans le cadre d’un exercice d’entraînement allant du combat rapproché et tactique de sniper en passant par des opérations en bateau et des missions de sauvetage.

 

En septembre et en octobre, des Rangers du 3e Bataillon se sont rendus en Corée du Sud pour des exercices comme dégager la voie dans les tranchées et exploser des bunkers. En octobre, les commandos de l’Air Force ont également effectué des missions de sauvetage de manière simulée dans la zone d’entraînement de Stanford à Thetford en Angleterre. Pendant ce temps, dans le sud de la Chypre, les soldats de la Navy réquisitionnaient le pétrolier situé dans un port encerclé par les rebelles en Libye. Le mois suivant, les SEALs ont mené la mission qui a fait couler beaucoup de sang et qui a causé la mort de deux otages (parmi lesquels se trouvait Luke Somers) et de huit civils. Bien entendu, ce sont seulement quelques-unes des missions qui se hissent, difficilement, dans les journaux.

 

Ils veulent vraiment être partout


Pour McRaven, le monde est aussi instable qu’interconnecté. L’année dernière, lors du Geolnt, un rassemblement annuel qui réunit les cadres du secteur de la surveillance et les membres de l’armée, McRaven affirmait, avec certitude, que « ce qui se passe en Amérique latine a des conséquences sur ce qui se passe en Afrique de l’Ouest, qui à son tour a des effets sur les évènements se déroulant dans le sud de l’Europe, ce qui a des répercussions sur ce qui se passe en Asie du Sud-est. »

 

Leur solution pour pallier cette instabilité ? Plus de missions dans davantage de pays ; quand McRaven était à la tête des opérations spéciales, ces missions concernaient trois quarts de la planète. Et la situation actuelle laisse supposer qu’ils vont continuer sur leur lancée au cours des années suivantes. « Nous voulons être partout », déclarait Votel lors du Geolnt. Les forces d’élite ont effectivement bien commencé l’année 2015.


« Notre pays attend beaucoup des forces d’opérations spéciales », déclarait-il en Angleterre au printemps dernier. « Ils espèrent qu’on les soutienne dans leurs missions qui se déroulent dans des conditions très difficiles. » La nature de ces missions et les endroits où elles se déroulent demeurent inconnus, et Votel n’est pas prêt de nous donner la moindre information. « Désolé, mais ce sera non », telle était la réponse qu’a donnée le SOCOM à TomDispatch lorsque nous leur avons demandé un entretien sur les opérations futures et celles qui sont en cours. En fait, le commandement n’a permis à aucun membre de parler des opérations qu’ils effectuent au nom des États-Unis et par le biais des revenus des impôts. Il n’est pas difficile de deviner pourquoi…

 

Votel est actuellement « l’exemple de réussite » d’une armée post 11 septembre qui est embourbée dans des guerres sans victoires, qui est touchée par les répercussions négatives de ses interventions, qui mène des activités criminelles sans limites, qui laisse filer des informations embarrassantes et qui est impliquée dans des scandales des plus choquants. À travers la combinaison intelligente de bravade et de confidentialité, la divulgation des informations à des moments-clés, le marketing adroit et le maintien des relations publiques, la socialisation du mythe en les présentant comme des superhéros et des assassinats ciblés assez notoires, les forces d’opérations spéciales sont devenues les chouchous de la culture populaire américaine et le commandement jouit d’un bénéfice financier très important, sortant toujours vainqueur des batailles de budget à Washington.

 

C’est particulièrement frappant, tenant compte de ce qui s’est réellement passé : en Afrique, ils ont fourni des armes et des équipements aux militants et ont entraîné un meneur de coup d’État ; en Irak, les forces d’élite étaient responsables de torture, destruction de maisons et de meurtres d’innocents ; même chose pour l’Afghanistan, où des civils ont perdu la vie ; au Yémen, au Pakistan et en Somalie, pareil. Et ce n’est qu’une partie des erreurs commises par les forces d’opérations spéciales.

 

En 2001, avant que les forces « black ops » américaines ne lancent leur guerre massive et clandestine contre le terrorisme, il y avait 33 000 membres du commandement des opérations spéciales et près de 1800 membres de l’élite de l’élite, le Joint Special Operations Command. Il y avait également 23 groupes terroristes, allant du Hamas à l’armée républicaine irlandaise véritable, reconnus par le Département de l’État, y compris Al Qaeda, dont le nombre de membres était estimé à entre 200 et 1000. Ce groupe avait sa base en Afghanistan et au Pakistan, bien que des petits organes mènent des opérations dans de nombreux pays comme en Allemagne et aux États-Unis. Après plus de dix ans de guerre secrète, de surveillance massive, d’attaques aériennes secrètes, d’arrestations et d’assassinats, sans mentionner les milliards de dollars dépensés, l’on voit bien que les chiffres parlent d’eux même. Le SOCOM a doublé en termes de membres et le JSOC pourrait être aussi éminent que l’était le SOCOM en 2001. Depuis le mois de septembre de la même année, 36 nouveaux groupes terroristes ont émergé, y compris les différentes branches d’Al Qaeda, leurs alliés…

 

Aujourd’hui, ces groupes opèrent toujours en Afghanistan et au Pakistan (il y existe une quinzaine de groupes affiliés), et ils opèrent aussi au Mali, en Tunisie, en Libye, au Maroc, au Nigéria, en Somalie, au Liban et Yémen, parmi d’autres pays. Une ramification, née de l’invasion américaine de l’Irak, a mûri dans un camp prisonnier américain et, connu aujourd’hui sous le nom d’État islamique, contrôle une grande partie de ce pays et du pays voisin, la Syrie ; le rêve des djihadistes d’avoir un protocalifat dans le cœur du Moyen-Orient s’est réalisé. Ce groupe dispose, à lui seul, de 30 000 soldats et est parvenu à s’accaparer une grande partie du territoire irakien, comprenant la deuxième plus grande ville d’Irak, bien qu’elle ait été attaquée sans relâche au début par le JSOC.

 

D’après Votel, « il faut continuer de coordonner le déploiement des forces d’opérations spéciales à travers le monde. Nous devons tous agir de manière synchronisée, coordonnée et être prêts tout au long du commandement ».

 

Le peuple américain est cependant constamment laissé dans l’ignorance en ce qui concerne les motifs et la localisation des opérations spéciales, sans mentionner les conséquences qu’elles engendrent. Mais si l’on se fie aux enseignements de l’histoire, le silence médiatique face aux opérations noires garantira que cette période demeure un « âge d’or » pour le commandement des opérations spéciales américaines.

 

 

 

 

Par Nick Turse - michelcollon.info – traduction de l’anglais par Muhammet Asa pour Investig’Action - le 13 février 2015

Nick Turse est le chef d’édition de TomDispatch.com.


Source :

"The Golden Age of Black Ops", Tomdispatch

 Copyright 2015 Nick Turse

 

 

Notes :

4. Programme qui permet aux États-Unis de s’entraîner dans des pays dans lesquels ils pourraient un jour mener des missions, offrant dans le même temps la possibilité aux forces du pays hôte de participer aux exercices.

5. L’United States Pacific Command (PACOM, USPACOM ou CDRUSPACOM : « Commandement du Pacifique ») est l’autorité suprême pour les divers corps d’armée des États-Unis opérant dans son aire d’activité.

 

 

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Jacques Attali : la Russie doit être notre alliée

Jacques Attali  : la Russie doit être notre alliée | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


La Russie doit être notre alliée

 Par Jacques Attali (*)


Une fois de plus, nous pouvons être entraînés dans une guerre absurde, contre ceux qui devraient être nos alliés dans d’autres combats infiniment plus importants.

 

Il est en effet totalement absurde de se poser en défenseur d’un gouvernement ukrainien aussi incohérent que les précédents, incapable de proposer un programme de reconstruction de l’État, et qui ne trouve pas mieux pour exister que de réaffirmer que le russe, langue maternelle d’une partie significative de sa population, n’est plus langue nationale.

 

Alors, faut-il s’indigner de voir la Russie se poser en défenseur des droits de ces minorités ?


Nous opposerions-nous aux Hollandais s’ils volaient au secours des Flamands à qui un gouvernement belge aurait interdit de parler leur langue ?


Et nous, Français, ne réagirions-nous pas si le gouvernement suisse interdisait à ses citoyens de parler le français ?

 

Si l’Ukraine ne veut pas donner à ses russophones un statut décent, il est normal que ceux-ci veuillent l’obtenir, et qu’ils appellent à l’aide la Russie voisine, où beaucoup d’entre eux se sont déjà réfugiés.

 

Ne nous laissons pas entraîner par ceux qui osent prétendre que la Russie voudrait ensuite se saisir de la Pologne ou des pays baltes, en réalité invulnérables parce que membres indéfectibles de nos alliances.


Ne nous laissons pas non plus entraîner par ceux qui prétendent inviolables les frontières de l’Europe quand cela les arrange et qui ne se sont pas opposés à la sécession de la Slovaquie, à la partition de la Yougoslavie ni même au redécoupage des frontières lors de la naissance du Kosovo !



Enfin, le conflit qui menace désormais avec la Russie, pour la défense d’un gouvernement ukrainien incompétent, est d’autant plus absurde que nous avons bien des combats essentiels à mener en commun avec les Russes.


Ne voit-on pas que le terrorisme fondamentaliste est en train de tenter de s’organiser en un état islamiste unique, qui irait du Nigéria à la Tchétchénie, en passant par le Mali, la Libye, la Syrie, l’Irak, l’Afghanistan et une partie du Pakistan ? Ne voit-on pas que ce qui se joue avec le terrorisme en Europe renvoie en écho à cette même bataille ?


Ne voit-on pas que les compétences de l’armée russe en matière de lutte antiterroriste nous seraient fort utiles dans cet affrontement majeur ?

 

La France doit donc pousser les Européens à se dégager de l’influence ici délétère de ceux qui, aux États-Unis et en Europe, en particulier en Pologne, continuent de confondre Poutine avec Hitler. Et de ceux qui, comme dans les organes de direction de l’OTAN, sont heureux d’inventer un ennemi imaginaire pour justifier leur existence.

 

Il est urgent de proposer à nos partenaires européens de parler à la Russie comme un allié potentiel et non comme un ennemi imaginaire. Ce serait, d’ailleurs, la seule façon de pousser ce pays vers la démocratie.

 

Il est en conséquence aussi urgent de repenser notre loi de programmation militaire. Et en particulier nos stratégies de défense.

 

La France est l’un des rares pays au monde à maîtriser la dissuasion nucléaire, les opérations spéciales, et la projection de forces conventionnelles et d’entrée en premier sur un théâtre.

 

Elle est par ailleurs le seul pays d’Europe à posséder un porte-avion nucléaire. Mais son effort de défense n’est pas adapté à la nature des menaces à venir, et il décline depuis 1995 (avec notamment une baisse de 30 % des effectifs en vingt ans).

 

L’opération Serval au Mali a ainsi révélé les failles de nos équipements de renseignement (drones), de logistique (transporteurs), et de ravitaillement en vol, où certains de nos matériels en service le sont depuis plus de 50 ans ! Alors que nous dépensons des sommes indues, depuis trop longtemps, pour maintenir la chaîne de production du Rafale, pour le seul bénéfice de l’entreprise qui le produit.

 

Tout cela serait à repenser. D’urgence. Il faudrait pour cela, en toute priorité, débattre, au Parlement, de notre vision du monde et de ses menaces. Beau débat. Bien plus intéressant et important que tous ceux qui agitent aujourd’hui notre classe politique.

 

 

Par Jacques Attali (*) – blogs.lexpress.fr – le 9 février 2015



(*) Jacques Attali est un économiste, écrivain et haut fonctionnaire français (Source Wikipédia)


Koter Info's insight:


Quand Jacques Attali exprime la même opinion que celle de "La Gazette", je suis ravi, car cela apporte du crédit à mes publications et conforte mes lecteurs dans la confiance qu'ils m'accordent  -  Duc


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Les impérialistes pleurent le roi Abdallah

Les impérialistes pleurent le roi Abdallah | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

 

Les impérialistes pleurent le roi Abdallah

 

Il serait difficile de trouver quelque chose de plus dégoutant, en termes de servilité et d’hypocrisie, que le déluge d’éloges des puissances impérialistes pour pleurer la mort du roi Abdallah d’Arabie saoudite. Le roi Abdallah est mort le 23 janvier à l’âge de 90 ans.

 

Des hommages sont parvenus des gouvernements aux quatre coins de la planète.


À Londres, le gouvernement britannique a mis en berne les drapeaux des édifices gouvernementaux et du Palais de Buckingham. Le prince Charles et le Premier ministre David Cameron se sont rendu en Arabie saoudite le weekend suivant sa mort.

 

Quant aux États-Unis, l’administration Obama a annoncé qu’elle modifierait l’itinéraire du président, qui était alors en Inde, afin qu’il puisse faire un voyage spécial à Riyad pour rendre visite au successeur d’Abdallah, son demi-frère de 79 ans, Salmane. La Maison-Blanche a publié un communiqué notant l’«amitié authentique et chaleureuse » entre le président Obama et le défunt monarque.

 

Salmane est le sixième des enfants d’al-Saoud, le fondateur du régime semi-féodal. Le fait qu’il soit atteint de la maladie d’Alzheimer est peut-être un reflet approprié de la nature du gouvernement dont il sera le dirigeant. Simon Henderson, le directeur du programme pour le Golfe et la politique énergétique à l’Institut sur la politique du Proche-Orient à Washington, a écrit le mois dernier que « le cerveau de Salmane est manifestement ravagé par la démence. Des visiteurs ont rapporté qu’après quelques minutes de conversation, il devient incohérent. »

 

Il est bien sûr possible pour un dirigeant, même avec des capacités grandement réduites, d’occuper un poste de figure de proue sans aucun pouvoir réel pendant une longue période de temps, comme Ronald Reagan l’a fait pendant la majeure partie de sa présidence. Mais, cela montre de toute évidence pourquoi il était de la plus grande importance, du point de vue de la Maison-Blanche, du Pentagone et du département d’État que le premier geste du nouveau roi était de confirmer que son successeur et prince héritier serait le plus jeune des fils d’al-Saoud, le prince Moqren, âgé de 69 ans.

 

La sélection du prince Mohammed Ben Nayef, le ministre de l’Intérieur, en tant que vice prince héritier et présumé successeur de Moqren était encore plus critique, du point de vue de l’impérialisme américain. Âgé de 55 ans, le prince est le premier occupant potentiel du trône choisi par la génération des petits-fils d’al-Saoud. En tant que chef des opérations antiterroristes de l’Arabie saoudite, il a travaillé étroitement avec la CIA et le Pentagone. Le Wall Street Journal a écrit dans un éditorial : « Le prince Mohammed a été longtemps vu comme le candidat favori de Washington parmi les jeunes princes qui aspirent à être roi. »

 

La collaboration étroite entre Washington et le régime saoudien en dit long sur la nature de l’intervention américaine au Moyen-Orient. Malgré le fait qu’une administration après l’autre a prétendu que la politique étrangère américaine défendait la démocratie, l’impérialisme américain a recours depuis longtemps au régime le plus réactionnaire et oppressif du Moyen-Orient. Depuis 70 ans, il y a un accord entre les États-Unis et la monarchie saoudienne : les États-Unis arment le régime jusqu’aux dents contre des menaces aussi bien intérieures qu’extérieures, tandis que l’Arabie saoudite les approvisionne en pétrole et défend généralement la politique étrangère américaine.

 

Même si les administrations américaines ont, pendant plus d’une décennie, adhéré à la « guerre contre le terrorisme », maintenant décrite par l’administration Obama comme une « lutte contre l’extrémisme violent », la pierre angulaire de la politique étrangère américaine au Moyen-Orient a été une alliance avec un État qui défend le fondamentalisme islamique et qui finance et arme des groupes fondamentalistes islamiques droitistes dans la région.

 

Dans les années 1980, l’administration Reagan et l’Arabie saoudite ont conjointement commandité les moudjahidines afghans, la guérilla de fondamentalistes islamiques recrutée par la CIA et sanctionnée et payée par l’Arabie saoudite, afin de combattre le régime prosoviétique en Afghanistan. La collaboration entre les États-Unis et l’Arabie saoudite en Afghanistan a donné naissance à Al-Qaïda, mené par Oussama Ben Laden, le fils d’un magnat de la construction devenu riche par ses contrats en Arabie saoudite. L’argent de l’Arabie saoudite – dont une partie provenait directement de la monarchie – a financé les attaques terroristes du 11—Septembre contre les États-Unis et 15 des 19 pirates de l’air étaient des Saoudiens.

 

Mais, l’administration Bush a glissé ces liens sous le tapis, premièrement en envahissant l’Afghanistan et, ensuite, en concoctant un lien entre Saddam Hussein et le 11—Septembre dans le but de justifier l’invasion et l’occupation criminelles de l’Irak en 2003. Même si les Saoudiens se sont opposés verbalement à l’intervention américaine (parce qu’ils voyaient Saddam Hussein comme un rempart contre l’Iran), l’armée américaine a bénéficié d’un accès complet aux bases saoudiennes afin de mener leurs opérations militaires pendant la guerre.

 

Récemment, l’Arabie saoudite a appuyé la guerre de l’OTAN menée par les États-Unis contre la Libye et est fortement intervenue en Syrie dans le cadre de la campagne orchestrée par les États-Unis pour déstabiliser le régime de Bachar al-Assad, un allié de l’Iran, le principal rival régional de l’Arabie saoudite.

 

L’alliance entre l’Arabie saoudite et les États-Unis a été un désastre sans équivoque pour les habitants du Moyen-Orient. L’Irak, la Syrie, la Libye et maintenant le Yémen, qui se trouve à la frontière sud de l’Arabie saoudite, ne sont plus des sociétés fonctionnelles et ont été dévastées par des offensives militaires (que ce soit directement, comme dans le cas de l’Irak ou de la Libye, ou indirectement, comme dans le cas de la Syrie ou à distance, via des frappes de missiles par drones, comme dans le cas du Yémen).

 

Les forces militaires saoudiennes ont envahi le Royaume de Bahreïn – le siège social des opérations navales américaines dans le Golfe persique – afin de supprimer l’opposition populaire à la famille dirigeante. En 2013, Washington et Riyad ont appuyé le coup d’État du général Al-Sisi en Égypte et le retour d’une dictature militaire contre l’État le plus peuplé du monde arabe.

 

En Syrie, les dollars saoudiens et les armes américaines fournies par l’Arabie saoudite ont alimenté l’émergence de l’État islamique en Irak et en Syrie (EI ou ISIS en anglais). Cela a mené à la débâcle de l’été dernier, lorsque les combattants d’ISIS ont conquis la majeure partie de l’ouest de l’Irak, incluant la deuxième plus grande ville d’Irak, Mossoul. Maintenant, les pilotes saoudiens ont rejoint la campagne de bombardement mené par les États-Unis en Syrie, le prélude à un conflit de beaucoup plus grande envergure et encore plus sanglant.

 

Le dernier exemple de collaboration entre les États-Unis et l’Arabie saoudite est la décision de l’OPEC, avec l’Arabie saoudite en tête, de rejeter toute réduction de production de pétrole au moment même où les prix chutent. Ce geste vise à acculer l’Iran et la Russie, deux alliés majeurs de la Syrie, à la faillite, en coupant les revenus que ces gouvernements peuvent tirer des exportations de pétrole dont ils dépendent.

 

Mais c’est un couteau à double tranchant. Aux États-Unis, la chute des prix du pétrole a dévasté l’industrie du gaz de schiste et a commencé à créer du chômage de masse au Texas et au Dakota du Nord. En Arabie saoudite, la chute des prix du pétrole a créé un manque à gagner de près de 40 milliards de dollars dans le budget national, forçant le pays à puiser dans ses réserves internationales.

 

La pauvreté et le chômage se répandent dans le pays, malgré sa richesse pétrolière. Une récente étude la CIA sur ce pays a estimé que 506.000 jeunes vont entrer sur le marché du travail en Arabie saoudite en 2015, où plus de la moitié de la population de 27 millions a moins de 25 ans. Étant donné que seulement 1,7 des 8,4 millions de salariés en Arabie saoudite sont des citoyens saoudiens – la grande majorité d’entre eux sont des immigrants –, le régime fait face à ce qu’un stratège impérialiste décrit comme étant « un défi incroyable en terme de stabilité nationale ».

 

La force la plus réactionnaire de la région – la monarchie saoudienne – est alliée avec la force la plus réactionnaire de la planète – l’impérialisme américain. Il en résulte une combinaison toxique de convulsions économiques, d’intensification des conflits tribaux et sectaires et d’escalade des interventions militaires impérialistes.

 

 

Par Patrick Martin mondialisation.ca – le 30 janvier 2015

Article paru d’abord en anglais, WSWS, le 26 janvier 2015

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Concept de médiamensonge

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Michel Collon : le concept de médiamensonge

( Irak, Afghanistan, Libye )


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