"Moi président" : vos propositions pour faire bouger la campagne | KILUVU | Scoop.it

Le mois dernier, France-Inter et "l'Obs" ont fait appel à vos idées pour faire avancer cette campagne. Voilà ce que vous nous avez répondu.

 

Vous avez été près de 2.900 à répondre à l’appel à propositions lancé par "l’Obs" et France-Inter. L’idée était simple : vous donner l’occasion d’exprimer vos idées, vos "solutions", en vue de l’élection présidentielle. Nous ne nous attendions pas à recevoir tant de réponses, signe d'un vraie désir de participation, en tout cas d'une partie des électeurs (car à bien y regarder, le profil sociologique des répondants reflète certainement le lectorat et l'audience des deux médias initiateurs).

Le questionnaire était divisé en huit thèmes, qui n'ont pas tous suscité le même intérêt. Un quart des propositions (23%) s'est porté sur la rubrique "Réveiller la démocratie", ce qui confirme l’attrait pour les questions institutionnelles, très présentes dans les programmes et discours des candidats. Le deuxième thème privilégié est l’éducation, avec 15% des réponses. Puis viennent l’environnement (12%), le travail (11%), le vivre-ensemble (8%), la santé (7%), le numérique (1%) et la culture (1%). Le reste étant proposé sous la bannière "une autre idée".

Réveiller la démocratie

Comme ce fut le cas pendant les débats de la primaire de gauche, il a été beaucoup question du tirage au sort, que ce soit pour créer une assemblée citoyenne remplaçant le Sénat, élire des conseillers municipaux ou faire participer les citoyens au contrôle de l'application des lois.

La question du non-cumul des mandats dans le temps est aussi très souvent revenue, de même que la prise en compte du vote blanc dans les suffrages exprimés. Ces thèmes sont largement abordés par les candidats à la présidentielle. Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon défendent la reconnaissance du vote blanc et l'interdiction du cumul dans le temps. Emmanuel Macron veut, lui, limiter à "trois mandats identiques successifs".

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Alors que des députés assurent que la corruption pourrait être limitée par l'augmentation de leur rémunération, vous avez été nombreux à réclamer une "baisse du salaire des politiques", la solution la plus souvent citée étant de l’indexer sur le salaire médian (autour de 1.770 euros net). Des développeurs (esprit mathématique oblige ?) ont souvent aussi défendu des modes de scrutin basés sur le jugement majoritaire, qui se déroule sur un seul tour et demande à l'électeur d'évaluer les mérites de chacun des candidats : très bien, bien, assez bien, passable, insuffisant, à rejeter. Cette idée a été défendue par le think tank Terra Nova, proche du Parti socialiste. 

 

Parmi les propositions déposées dans cette rubrique :

Trouver un mécanisme juridique pour obliger le gouvernement à prendre rapidement les décrets d’application.

"J’ai toujours été étonnée par le fait que certaines lois n’entrent en vigueur que très tardivement parce que le gouvernement n’a pas pris les décrets d’application. A ma petite échelle, j’ai été confrontée à un  problème similaire lorsque j’ai déposé mon dossier de retraite. J’avais été longtemps maître auxiliaire dans l’Education nationale et la loi de 2003 me permettait de faire reconnaître ces années. Seulement, il m’a fallu attendre environ deux ans avant la publication d’un arrêté reconnaissant la validation des services auxiliaires ! Je ne suis pas juriste, mais j’imagine qu’il doit bien y avoir un moyen d’obliger les ministères à prendre les décrets dans des délais raisonnables."

Nicole, 70 ans, retraitée de l’Education nationale, Cormeilles-en-Parisis (Val-d'Oise).

 

Développer une application smartphone de démocratie participative.

"Les citoyens ont le sentiment de ne pas être assez entendus. La fabrique de la loi est polluée par les lobbies et la perte de confiance dans nos représentants. Heureusement, le numérique nous permet de nouvelles possibilités. L’une d'elles serait de faire participer les citoyens aux votes des lois via une application en ligne, disponible aussi sur smartphone. Chacun pourrait ainsi donner son avis sur un texte de loi en indiquant s'il est pour ou contre et pourquoi. Ça serait une vraie démocratie participative et, à terme, on pourrait aller jusqu’à diminuer le nombre de députés et faire des économies ! Il faudra que cette application soit simple d’accès et qu’elle n’exclut pas les personnes moins à l’aise avec le numérique. Pour ce faire, elle pourrait s’appuyer sur des envois de SMS. C'est à la portée de tout le monde !"

Nicolas, 30 ans, développeur à Landaul (Morbihan).

 

Réinventer l’éducation

Les travaux de Céline Alvarez sur l’éducation ont fait des émules. Beaucoup de participants ont cité son best-seller ("les Lois naturelles de l'enfant") à l'appui de la défense d'une nouvelle pédagogie, croisant la pédagogie Montessori et les sciences cognitives.

La réduction du nombre d’élèves par classe est aussi fréquemment évoquée (une version alternative étant la présence, pour certaines classes, de deux enseignants : l’un pour "faire classe" et l’autre pour aider "les élèves en perdition"). Certains proposent de s'appuyer sur les retraités de l’Education nationale, en les indemnisant, pour soutenir ces enfants en difficulté.

La question de la formation des parents (oui, oui) est aussi revenue fréquemment, soit sous la forme d’un "permis d'éducation", "comme le permis de conduire" ou d’un apprentissage aux risques rencontrés par les jeunes (addictions, hygiène de vie, dangers...), délivré pendant le congé maternité/paternité ou lors d'une journée spéciale à laquelle tous les nouveaux parents seraient convoqués. 

Enfin, plusieurs internautes souhaitent une formation en secourisme plus poussée dans le cursus scolaire, tandis que d'autres insistent sur l'apprentissage de l'anglais ("créer des programmes en anglais à la télévision", "anglais dès la maternelle").

Parmi les propositions déposées dans cette rubrique :

Créer, pour les lycéens, un crédit-temps de 200 heures à effectuer en milieu professionnel.


"Je vois sans cesse des jeunes qui évoluent coupés du monde professionnel. A 20 ans, ils se demandent vers quelle filière s’orienter et n’ont qu’une idée assez floue de ce qu’est une entreprise. Certes, il y a le stage de 3e, mais il ne dure que quelques jours et fonctionne au réseau. Quant aux conseillers d’orientation, ils sont très peu nombreux en comparaison du nombre d’élèves. Je pense que l’une des façons de réduire cette distance serait de demander aux lycéens d’effectuer 200 heures en entreprise ou une administration tout au long de leur scolarité. Les élèves seraient libres de répartir ces heures comme ils l’entendent, avec la possibilité d’y intégrer leur boulots d’été. Pour casser l’effet 'réseau', il faudrait que l’Etat trouve une façon d’inciter les entreprises à accueillir des lycéens. Ce système aurait des effets bénéfiques : revaloriser des métiers manuels en brisant les clichés, tempérer des envies qui ne correspondent pas à la réalité de la profession et donner confiance à des jeunes en échec scolaire. A mon sens, un stage en entreprise affine l’esprit critique et favorise la connaissance de soi." 

Céline, 47 ans, auxiliaire de vie scolaire et coach d’orientation, Orléans (Loiret).

Inclure le permis de conduire dans le cursus de l’Education nationale.


"J’ai réalisé que passer le permis de conduire était un parcours du combattant lorsque mes deux enfants s’y sont mis. C’était très cher, il a été compliqué de trouver une auto-école, puis il a fallu attendre d’avoir une place pour passer l’examen. Il faut dire que j’habite dans une zone frontalière proche de la Suisse, aux niveaux de prix très élevés et un peu oubliée des infrastructures publiques françaises... Et puis, on se demande parfois si ce n'est pas du racket. Au bout de vingt heures de conduite, les auto-écoles ont intérêt à vous dire : 'Vous n’êtes pas prêt, il faudrait faire dix heures de plus.' Pourquoi ne pourrait-on pas faire passer le permis - tout au moins le code, la partie théorique -, dans le temps scolaire, au lycée ? Ce serait plus égalitaire. D'autant que la possession du permis est quasi indispensable pour travailler et que son prix est aujourd'hui la cause de beaucoup d'inégalités. On pourrait aussi imaginer de le faire passer sur des cessions de deux ou trois jours, dans l’esprit de la Journée défense et citoyenneté (JDC) déjà en place pour les jeunes. Les auto-écoles continueraient ensuite à donner des heures de conduite, mais il est certain que leur rôle serait réduit. Quant à l’examen pratique de conduite, peut-être que l’on pourrait aussi le faire passer au sein de l’Education nationale ou de l’Armée. Cela me semble plus efficace que d'accorder des prêts pour payer les auto-écoles." 

Cassandre, 51 ans, chargée de production théâtre, Ferney-Voltaire (Ain).

 

 

Sauver notre environnement

Les questions d’environnement ont suscité beaucoup de propositions assez pratiques, concrètes. Et souvent, inspirées de voyages dans d'autres pays européens. Exemple emblématique d'une de ces propositions toutes simples qui semblent tomber sous le sens pour beaucoup de nos lecteurs : consigner les bouteilles, "comme en Allemagne". 

Autre question très fréquemment abordée : les moyens pour favoriser le développement de la filière bio. Pour certains, c'est par un taux de TVA réduit sur les produits biologiques. Pour d'autres, ça passe par la création de fermes municipales qui alimenteraient en produits bio les cantines locales. 

Sur les questions de transports, l'idée de limiter la présence des camions sur les autoroutes trouve de nombreux défenseurs, qui souhaitent encourager le ferroutage pour les longues distances. Sont aussi revenus très souvent des moyens de favoriser le co-voiturage et de donner la priorité aux vélos en ville.

Enfin, plusieurs d'entre vous ont évoqué l'éclairage nocturne des commerces, jugeant qu'il fallait interdire aux magasins de laisser les lumières allumées après leur fermeture, afin d'économiser l'énergie. 

Parmi les propositions déposées dans cette rubrique :

 

Liste maisons de retraite 

Avec l’annuaire officiel des maisons de retraite, trouvez le bon établissement.

Je découvre
Proposé par La CNSA
 

Certifier les boutiques "vrac" pour leur ouvrir le droit à une TVA ultra-réduite.

"J'ai adopté, depuis plus d'un an, une démarche dite 'zéro déchet'. Avec ma compagne, nous avons réussi à réduire nos déchets à 52 kg par an, alors que la moyenne nationale atteint 700 kg. Mais cet effort n’a pas amélioré nos finances… Le sur-emballage tracasse de plus en plus de monde et une vraie mesure incitative à consommer sans générer de déchets serait donc la bienvenue. Pourquoi pas une TVA très réduite pour les épiceries qui proposent leurs produits en vrac ? Pour le consommateur cela demande un peu d’organisation - il doit prévoir ses bocaux ou ses boîtes en fonction de sa liste de course -, mais il évite ainsi de polluer. Au-delà du bénéfice environnemental, il peut aussi réduire sa taxe d’ordure ménagère et renouer avec le commerce de proximité. Le manque à gagner pour l'Etat devrait être assez faible étant donné le pourcentage que représente, pour le moment, cette filière, mais il pourrait être contrebalancé par une taxe environnementale sur les mégots de cigarettes. Cette taxe temporaire pourra être levée le jour où nous atteindrons le 'zéro mégot' dans nos rues ! Désolé, les fumeurs !" 

Ian, 31 ans, marin d'Etat.

Imposer des garanties très longues sur les produits pour lutter contre l’obsolescence programmée.

"Aujourd’hui, lorsque votre écran d’ordinateur est cassé, le vendeur vous conseillera généralement d’en racheter un plutôt que de le réparer. C’est cette logique qu’il faut inverser. Les entreprises devraient aller vers une conception plus modulaire de leurs produits. Si une pièce casse, il doit être facile de la remplacer. On 'déclipse' le module et on le change. Pour les inciter à suivre ce chemin, il faut durcir les règles sur les garanties. Grâce à l’Europe, il existe déjà une garantie légale de conformité de deux ans, mais il faut aller plus loin. Pourquoi pas cinq ans pour les téléphones, dix ans pour les voitures, etc. ? Ainsi l’on créera des emplois de réparateurs sur le territoire et les entreprises françaises seront reconnues pour leurs standards de qualité élevés. De plus, appliqué aux importations, cela jugulerait l'arrivée de produits mal-faits, issus de pays à bas coûts. Evidemment, le prix à l’achat augmentera, mais ce n’est pas plus mal : les consommateurs hésiteront plus longtemps avant de racheter un téléphone ou une voiture !" 

Pierre, 30 ans, ingénieur, à Savenay (Loire-Atlantique).

 

Travailler autrement

La question du temps de travail est au coeur de beaucoup de vos idées. Le plus souvent, il est proposé de le diminuer. Certains imaginent une diminution progressive du temps de travail en fin de carrière, pour mieux préparer la retraite. Pour d'autres, le raisonnement est plus fou : "puisqu'on n'arrive pas à partager le travail", pourquoi ne pas partager le chômage, en instaurant la possibilité d'une année non-travaillée tous les 5 ans ? 

Dans le sillage du discours de Benoît Hamon, la question de la mutation du marché du travail, et notamment l'idée d'une "taxe sur les robots" est apparue régulièrement. Quelqu'un propose même la création d’un label de type "pour la sauvegarde des emplois", réservé aux enseignes qui s’engagent par exemple à limiter le nombre de caisses enregistreuses ou autres automates.

Enfin, lors des récents pics de pollution, beaucoup d'entre vous auraient préféré rester travailler chez eux plutôt que d'encombrer les routes. A l'instar d'Hervé, ci-dessous, vous avez été nombreux à nous faire parvenir vos idées pour voir le télétravail (au moins partiel) se généraliser. 

Parmi les propositions déposées dans cette rubrique :

Échanger une activité professionnelle contre une activité bénévole à l'approche de la retraite.

"Ce n’est pas que je pense déjà à ma retraite, mais je constate que beaucoup de personnes qui atteignent la soixantaine ont envie de préparer la transition vers leur nouvelle vie. Le bénévolat permet justement d’entretenir des relations sociales et de se sentir encore utile à la société. L’idée serait donc de mettre en place un mécanisme qui permette, un peu avant la retraite, d’échanger une activité professionnelle avec une activité bénévole, en touchant une pension, réduite dans un premier temps, puis complète une fois l’âge légal de départ atteint. Ce bénévolat pourrait se faire pour le compte de l’Etat. Cela libérerait aussi des emplois dans le privé."

Amaury, 26 ans, coursier urbain indépendant à vélo, à Lyon.

 

Baisser les cotisations sociales pour tout poste de télétravail.

"J’ai été chargé récemment d’une mission à l'autre bout de Paris. J’aurais très bien pu l’effectuer depuis chez moi, en télétravail, mais ce n'était pas envisageable pour mon client. Si bien que, chaque matin, je prenais ma voiture pour me retrouver dans les embouteillages, en compagnie de salariés qui, comme moi, partaient pour s’asseoir devant un écran d’ordinateur. Nous avons les moyens techniques de faire en sorte que les gens se déplacent moins, qu’ils travaillent en réseau. Lorsque c’est bien fait, c’est tellement mieux : des économies, des heures de vies gagnées sur les transports, moins de pollution, etc. Mais nous n’avons pas encore cette culture. Le salarié a parfois peur de se retrouver seul dans une grande pièce vide, alors que le télétravail permet, au contraire, de renouer du lien social avec ses voisins, ses enfants, son entourage. Et ça bloque aussi dans les hiérarchies. C’est pourquoi je pense qu’il serait intéressant d’encourager les patrons à créer des postes de télétravail en leur proposant une baisse des cotisations patronales. Bien sûr, on va me dire que c’est un manque à gagner pour la couverture sociale, mais je suis sûr que les avantages en termes de pollution, de santé et de bien-être les compenseraient largement !"

Hervé, 54 ans, informaticien, à Guyancourt (Yvelines).

 

Mieux vivre ensemble

Le grand trait saillant de cette catégorie est la proposition, portée par de nombreux politiques, d’instaurer un service civique obligatoire ou un contrat citoyen ("chacun doit s'impliquer dans la vie de la cité un certain nombre d'heure pour l'intérêt général"). Il est aussi beaucoup question de mixité générationnelle ("créer des cantines partagées pour les écoles et les maisons de retraite", "obliger les bailleurs publics ou privés à garantir un local associatif intergénérationnel en bas de chaque immeuble").

Parmi les propositions déposées dans cette rubrique :

Créer un Erasmus lycéen inter-territoires.



"On ne cesse de parler de la fracture territoriale, du fossé qui se creuse entre les métropoles et les campagnes, les quartiers aisés et les zones défavorisées. Pour retisser du lien, je propose une sorte d’Erasmus, au lycée, entre les territoires de la République. Une sorte de 'vis ma vie' favorisant les rapprochements entre les classes sociales. Concrètement, tout lycéen pourrait effectuer un trimestre entre la seconde et la terminale dans un autre lycée que le sien. Pour qu’il puisse réfléchir sur cette expérience, ce trimestre donnerait lieu à un oral soutenu d'un rapport d'étonnement d'une dizaine de pages qui serait validant pour le bac. Les lycées pourraient être classés en quelques catégories selon des critères économiques, sociaux, territoriaux. Des partenariats se noueraient entre les établissements de différentes catégories, soutenus par l'Etat."

Yann, 45 ans, consultant en ressources humaines, à Paris.

 

Créer un organisme public de gestion de logements privés dont ne veulent pas s’occuper leur propriétaire.

"Je connais des propriétaires qui rechignent à louer des logements car ils ont peur de se perdre dans les tracasseries administratives ou de tomber sur des locataires qui refusent de payer. On pourrait créer un nouvel organisme public en charge du logement social qui s'occuperait de ces biens immobiliers. Les propriétaires abandonneraient volontairement, pour une durée assez longue, leur droit à en disposer eux-mêmes en échange d’une rémunération versée par l’Etat. Cette rémunération serait abondée par une partie des loyers, modérés, demandés aux locataires choisis par l'organisme. Cela coûterait moins cher que de faire construire des HLM, c’est un parc locatif rapidement mobilisable et, surtout, cela permet de disséminer l’habitat social plutôt que de le concentrer. Des appartements, des maisons, seraient mises en location un peu partout. Pour les propriétaires, l’incitation à se tourner vers cet organisme de gestion pourrait être renforcée par des avantages fiscaux."

Florent, 55 ans, chef d’entreprise, à Toulouse (Haute-Garonne).

 

Créer des zones à TVA très réduite pour re-dynamiser les centres villes.

"Lorsque l’on se promène en France, on traverse des petites villes envahies par les panneaux 'bail à céder', 'à vendre', et les volets fermés. Les commerces ferment, les jeunes partent, l’école aussi, il ne reste bientôt plus que les personnes âgées. Le tissu rural est en train de mourir et, s’il l’on ne fait rien, il y aura bientôt des villes très densément peuplées entourées de campagnes désertes. Pour enrayer ce phénomène, pourquoi ne pas créer des zones à TVA très réduite ? Il faudrait bien sûr en préciser les contours, mais l’idée est d’y inclure les commerces de proximité. Pour équilibrer les recettes de l’Etat, il faudrait dans le même temps augmenter la TVA sur les grands centres commerciaux, là où les gens se rendent de façon grégaire, le samedi, après avoir été matraqués toute la semaine par des publicités. C’est une façon d’inciter le consommateur à acheter dans des petits commerces. Et cela serait bon pour l'emploi !"

Christian, 63 ans, retraité à Choisy-en-Brie (Seine-et-Marne).

Préserver la santé

Le projet, émis par Emmanuel Macron, de vendre les médicaments au détail a été relayé de nombreuses fois. Ce sont souvent des professionnels de la santé qui ont répondu dans cette catégorie, pour proposer des idées alternatives à l’obligation de s’installer pour les médecins afin de repeupler les déserts médicaux, ou pour détailler des façons de répondre à ce constat quasi-unanimement partagé à travers tout le spectre politique : le système de santé français est trop axé sur le curatif, pas assez sur le préventif.

Parmi les propositions déposées dans cette rubrique :

Former des praticiens de la "prévention" grâce à un nouveau cursus de médecine.

"Je tiens un magasin de diététique et j’observe souvent le désarroi de clients qui connaissent assez mal le fonctionnement de leur corps, qui sont dans une certaine passivité face aux soins ou, à l’inverse, assez méfiants vis-à-vis du corps médical. Et on ne cesse de dire que l'un des problèmes du système de santé en France, c'est que l'on traite plutôt que de prévenir. C’est pourquoi je trouverais intéressant de créer un nouveau cursus de formation, plus 'light' que les études de médecine, pour former des praticiens de la prévention. Cette formation intégrerait la nutrition, le sport, la méditation, la gestion du stress, les médecines douces, la médecine dite 'traditionnelle'. Bref, tout ce qui concerne l’hygiène de vie. Avec un bagage technique plus précis que les naturopathes."

Isabelle, 52 ans, responsable d’un magasin de diététique, à Agde (Hérault).

 

Développer des bus de santé pour sillonner les déserts médicaux.

"Plutôt que de prendre des mesures de coercition ou des incitations pour forcer des médecins à s’installer dans les déserts médicaux, il me semblerait plus intéressant de regrouper les professionnels concernés dans des maisons de santé avec comme objectif d'enlever un poids administratif aux médecins. A partir de ces maisons de santé, rayonneraient des 'bus de santé' avec chauffeur et infirmière... Ces bus effectueraient des tournées dans les villages alentours. Leur passage se ferait selon un cycle fixé à l'avance de façon à ce qu'un même médecin se rende toujours dans les mêmes villages. Question de suivi. Je pense au bus du don du sang qui sillonnaient la France après-guerre. Ce système pourrait être géré et financé par des collectivités territoriales ou le département. Les médecins recevraient des compensations financières."

Baptiste, 36 ans, médecin urgentiste, Montreuil (Seine-Saint-Denis).

 

Faire prendre en charge des fruits et légumes "bio" par l'Assurance maladie.

"J’ai pu observer dans ma pratique de médecin qu’une alimentation saine était inaccessible à de nombreux foyers. Or il est démontré que la consommation quotidienne de cinq fruits et légumes, recommandée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), est associée à une diminution significative de la mortalité. L’idée est de considérer ce panier de cinq fruits et légumes comme un médicament préventif. Ce médicament serait alors pris en charge par l’assurance maladie et délivré dans les circuits classiques de distribution, via le système de la carte vitale. Pour des raisons de sécurité sanitaire, ce médicament serait issu de l’agriculture biologique. Au-delà de l’objectif de santé publique, cette stratégie aurait donc pour effet d’accélérer la transition agro-écologique. Ce serait ainsi un investissement en faveur de la revitalisation économique des zones rurales."

Emmanuel, 32 ans, médecin, Bordeaux (Gironde).

 

S’adapter au monde numérique

La dématérialisation de l'administration et la création d’"un profil personnel regroupant tous ses documents officiels" a décidément la cote, avec comme modèle l’e-administration estonienne, très en pointe à la matière. La souveraineté numérique est aussi déclinée à travers l’injonction à taxer les Gafa, à "développer une chaîne numérique (produits et services) en France et dans l’Union européenne" pour contrer l’influence américaine (Google, Apple, etc.) en la matière, et la création "d'un ministère de la connaissance" chargé d’assurer une veille technologique.

Parmi les propositions déposées dans cette rubrique :

Obliger les entreprises à rémunérer les internautes en échange de leurs données personnelles.



"Lorsque vous commandez une chemise sur Internet, il vous est parfois demandé de renseigner votre date de naissance. Pourquoi ? Parce que, derrière, des entreprises agrègent et commercialisent vos données personnelles. Côté consommateur, ça se traduit par des publicités ciblées qui correspondent à vos achats ou recherches passées. Si l'internaute était rémunéré pour ses données, une partie de la plus-value générée par le 'big data' reviendrait alors immédiatement aux consommateurs. Comment pourrait-on faire ? Chaque donnée (nom de famille, adresse mail, etc) se verrait attribuer un prix, de même que la lecture d'un cookie. Les entreprises seraient alors libres de collecter les données de leur choix : celles indispensables à la prestation (l'adresse pour planifier une livraison) et d'autres, si elles pensent pouvoir les valoriser. En fixant ainsi un prix de la donnée, le commerce numérique trouverait un nouvel équilibre, plus favorable à l’internaute."

Etienne, 49 ans, ingénieur, à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine). 

 

Audrey Cerdan et Rémi Noyon

 


Via Jacques Le Bris